Corrigé de dissertation: Le fait que l'homme soit doué de conscience suffit-il à le rendre libre?
Publié le 08/01/2014
Extrait du document
«
l’homme qui, en tant que conscience de ses déterminations, ne coïncide jamais avec
elles.
Un stylo, par exemple, est défini une fois pour toutes, un animal ne choisit pas
sa nature et sa façon de vivre et ne peut en changer : même domestiqué, un loup se
comporte toujours en loup, en carnivore social soumis au dominant de la meute ; s’il
obéit à son maître, c’est qu’il l’identifie au dominant.
Du fait que l’homme est pour
soi, conscient de ses états mentaux – sentiments, visions des choses, intentions ou
projets – il en va pour lui tout autrement : la conscience, par définition toujours
consciente d’autre chose qu’elle-même, est par définition hors des déterminations
d’elle-même qu’elle vise, libre à leur égard.
Par exemple, si je suis jaloux, si ma
conscience est dans cet état affectif qui caractérise la jalousie, je suis en même
temps conscient d’être jaloux et cette « conscience de conscience » me situe ipso
facto hors de l’emprise de ma jalousie et me permet de la remettre en question, de
lui échapper.
Je suis donc libre à l’égard de ma jalousie.
Cela vaut aussi, selon Sartre, de tout ce qui pourrait constituer une nature humaine,
une essence innée de l’homme déterminant son rapport au monde et sa façon de
réagir aux diverses situations qu’il rencontre.
C’est pourquoi Sartre peut dire que,
chez l’homme « l’existence précède l’essence.
Cela signifie que l’homme existe
d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit ensuite.
» Ainsi, « en
me choisissant, je choisis l’homme » : ce que, selon moi, doit être un homme.
Par
exemple, Sartre met en avant le cas des Résistants n’avouant pas sous la torture
pour ne pas trahir leur cause pour montrer que, même face à la douleur la plus
extrême et au risque de la mort, la conscience humaine peut choisir la fidélité à ses
idéaux.
Nous ne choisissons pas les situations où nous nous trouvons, mais quel
que soit le poids des circonstances, nous avons toujours le choix : dire le contraire
est de la mauvaise foi, un refus d’assumer sa liberté et la responsabilité qu’elle
implique : c’est le fait du « salaud ».
C’est également vrai à l’égard des conditionnements exercés par notre éducation et
notre milieu socio-culturel, puisque la conscience me permet de porter un regard
critique sur la mentalité, la vision du monde et les valeurs que ces conditionnements
m’ont inculqués ; par exemple, comprendre en y réfléchissant que le racisme qu’on
m’aurait inculqué est sans fondement et particulièrement immoral.
Cette conception des choses semble cependant démentie par l’expérience : a-t-on
jamais vu un homme qui ait en toutes choses eu la possibilité de se choisir, comme
s’il était le créateur ex nihilo de lui-même ? Par exemple, et contrairement à ce qu’en
dit Sartre, il ne semble pas que l’on se choisisse homosexuel, orientation sexuelle
qui semble spontanée et est, dans la plupart des sociétés, difficile à vivre.
La liberté ainsi comprise, au sens de la capacité à déterminer sa volonté et même
ses désirs, semble d’ailleurs en contradiction avec le déterminisme que l’on observe
partout ailleurs dans la nature, comme Spinoza y insiste en disant que l’homme ne
constitue pas « un empire dans un empire ».
Si les hommes se croient libres, d’une
liberté absolue, c’est seulement parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent
à désirer ou vouloir ceci ou cela.
Spinoza compare cette illusion de liberté à celle
qu’aurait une pierre qu’on a lancée mais qui l’ignorerait tout en étant consciente du
mouvement qui l’anime : elle croirait qu’il vient d’elle-même, qu’elle l’a choisi.
Dire cela, c’est affirmer une origine inconsciente du désir, que Spinoza situe du côté
du corps.
Nietzsche a développé cette idée d’un inconscient psychique ancré dans le
corps et par rapport auquel la pensée consciente ne représente qu’une très petite
partie de la vie psychique, de la pensée.
Freud a confirmé l’hypothèse d’un.
»
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