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Corrigé de dissertation: Le fait que l'homme soit doué de conscience suffit-il à le rendre libre?

Publié le 08/01/2014

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Corrigé de dissertation (2013, T. S2) Le fait que l'homme soit doué de conscience suffit-il à le rendre libre ? L'exercice de la liberté, le choix, suppose d'avoir conscience des possibilités qui s'offrent à nous et la conscience apparaît donc comme une condition nécessaire de la liberté. Il semble même qu'elle en soit une condition suffisante puisque être conscient des situations où l'on se trouve ou des pensées que l'on a, c'est ne pas en être prisonniers, mais pouvoir prendre position par rapport à elles : élaborer un projet d'action, réfléchir au bien fondé de notre pensée. On serait donc tenté de croire que le fait que l'homme est doué de conscience suffit à le rendre libre ; et ce au point qu'il se déterminerait ou se choisirait lui-même, sa façon de penser et de vivre. Pourtant, cette idée que la conscience nous doterait d'une liberté absolue alors que la science nous fait connaître partout ailleurs le déterminisme des lois naturelles, fait problème : nous ne choisissons pas nos désirs, dont les causes inconscientes échappent par définition à la prise de la conscience, non plus que les conditionnements culturels qui façonnent notre mentalité sans que nous nous en rendions toujours compte. Néanmoins, comme nous le verrons pour finir, nous avons toujours le choix des moyens à employer pour réaliser nos désirs ou nos idéaux, la prise de conscience des mécanismes inconscients qui les déterminent peut nous en affranchir, et nous pouvons nous déterminer, en tant qu'être moral, à obéir à des lois de la raison qui nous arrachent à nos désirs et nos intérêts. La conscience est une condition nécessaire de la liberté, comme le montre a contrario l'instinct animal, automatisme inconscient qui détermine la réaction d'une espèce à certains stimuli ou situations : sans conscience des possibles, pas de choix, donc pas de liberté. Même si l'on admet avec les éthologues que les animaux ont une conscience perceptive, celle-ci n'intervient que pour reconnaître des stimuli dont la reconnaissance déclenche automatiquement un comportement déterminé selon un schéma inné, inscrit dans la nature de l'espèce : un instinct. C'est donc plus spécifiquement la possibilité, pour la conscience humaine, de faire retour sur ses contenus et de faire de ses &eacu...
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« l’homme qui, en tant que conscience de ses déterminations, ne coïncide jamais avec elles.

Un stylo, par exemple, est défini une fois pour toutes, un animal ne choisit pas sa nature et sa façon de vivre et ne peut en changer : même domestiqué, un loup se comporte toujours en loup, en carnivore social soumis au dominant de la meute ; s’il obéit à son maître, c’est qu’il l’identifie au dominant.

Du fait que l’homme est pour soi, conscient de ses états mentaux – sentiments, visions des choses, intentions ou projets – il en va pour lui tout autrement : la conscience, par définition toujours consciente d’autre chose qu’elle-même, est par définition hors des déterminations d’elle-même qu’elle vise, libre à leur égard.

Par exemple, si je suis jaloux, si ma conscience est dans cet état affectif qui caractérise la jalousie, je suis en même temps conscient d’être jaloux et cette « conscience de conscience » me situe ipso facto hors de l’emprise de ma jalousie et me permet de la remettre en question, de lui échapper.

Je suis donc libre à l’égard de ma jalousie.

Cela vaut aussi, selon Sartre, de tout ce qui pourrait constituer une nature humaine, une essence innée de l’homme déterminant son rapport au monde et sa façon de réagir aux diverses situations qu’il rencontre.

C’est pourquoi Sartre peut dire que, chez l’homme « l’existence précède l’essence.

Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit ensuite.

» Ainsi, « en me choisissant, je choisis l’homme » : ce que, selon moi, doit être un homme.

Par exemple, Sartre met en avant le cas des Résistants n’avouant pas sous la torture pour ne pas trahir leur cause pour montrer que, même face à la douleur la plus extrême et au risque de la mort, la conscience humaine peut choisir la fidélité à ses idéaux.

Nous ne choisissons pas les situations où nous nous trouvons, mais quel que soit le poids des circonstances, nous avons toujours le choix : dire le contraire est de la mauvaise foi, un refus d’assumer sa liberté et la responsabilité qu’elle implique : c’est le fait du « salaud ». C’est également vrai à l’égard des conditionnements exercés par notre éducation et notre milieu socio-culturel, puisque la conscience me permet de porter un regard critique sur la mentalité, la vision du monde et les valeurs que ces conditionnements m’ont inculqués ; par exemple, comprendre en y réfléchissant que le racisme qu’on m’aurait inculqué est sans fondement et particulièrement immoral. Cette conception des choses semble cependant démentie par l’expérience : a-t-on jamais vu un homme qui ait en toutes choses eu la possibilité de se choisir, comme s’il était le créateur ex nihilo de lui-même ? Par exemple, et contrairement à ce qu’en dit Sartre, il ne semble pas que l’on se choisisse homosexuel, orientation sexuelle qui semble spontanée et est, dans la plupart des sociétés, difficile à vivre. La liberté ainsi comprise, au sens de la capacité à déterminer sa volonté et même ses désirs, semble d’ailleurs en contradiction avec le déterminisme que l’on observe partout ailleurs dans la nature, comme Spinoza y insiste en disant que l’homme ne constitue pas « un empire dans un empire ».

Si les hommes se croient libres, d’une liberté absolue, c’est seulement parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent à désirer ou vouloir ceci ou cela.

Spinoza compare cette illusion de liberté à celle qu’aurait une pierre qu’on a lancée mais qui l’ignorerait tout en étant consciente du mouvement qui l’anime : elle croirait qu’il vient d’elle-même, qu’elle l’a choisi. Dire cela, c’est affirmer une origine inconsciente du désir, que Spinoza situe du côté du corps.

Nietzsche a développé cette idée d’un inconscient psychique ancré dans le corps et par rapport auquel la pensée consciente ne représente qu’une très petite partie de la vie psychique, de la pensée.

Freud a confirmé l’hypothèse d’un. »

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