Corrigé Commentaire de Trafalgar Square la nuit de Valéry Larbaud
Publié le 22/10/2021
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Commentaire Trafalgar square
Valéry Larbaud (1881-1957) était un poète et riche héritier dont la fortune familiale lui a assurée une vie aisée et lui a permis de voyager dans toute l'Europe. Ce poème en vers libres fait partie du recueil intitulé Les Poésies de A.O Barnabooth, un personnage fictif crée par Valéry qui a lui aussi beaucoup voyagé. Dans ce poème intitulé « Trafalgar Square la nuit », Larbaud évoque une célèbre place de Londres : Trafalgar Square et fait apparaître une jeune femme, une mendiante. Comment le poète, arrive-t-il à faire oublier le malheur et la pauvreté de la mendiante à travers la description sublimée de la ville nocturne ? Nous montrerons d'abord que la description de l'atmosphère de la ville nocturne permet la sublimation de celle-ci, puis nous verrons qu'à travers l'évocation de la jeune femme, le poète montre qu'elle aussi est sublimée.
Écho de la grande poussée citadine le poème dépeint donc une grande ville, Trafalgar square, la nuit. L'apparence d'une ville la nuit est très différente de celle qu'elle offre le jour. Elle est pratiquement « déserte » et c'est sans doute ce que Larbaud goûte le plus, lui, le poète qui « erre » volontairement dans la cite? quand tout le monde dort. Il peut ainsi « contempler... la grande chose nocturne ». La?, le travail des coupes et des enjambements sur 4 vers, jusqu'à « splendeur lunaire », évoque l'ampleur que l'absence tangible des hommes (alors qu'ils sont pendant le jour l'essence même d'une ville), les « reflets » dus a? la nuit aidée du brouillard, apportent a? Londres endormie. En effet, il est normal qu'un poète soit attiré par...
«
La rencontre avec une « jeune mendiante » apporte au poète la possibilité de jouer les
magiciens, de devenir le maitre éphémère, le dispensateur du sens de la beauté nocturne de la
cité.
Une rencontre nocturne avec un tel type d'individu rejeté par la vie organisée (et de jour)
semble normale.
Que la femme ait demandé aide et charité aussi.
Mais le poète construit
autour de cet être pitoyable un véritable conte de fées.
Dès le 1 er
vers, le lecteur connait la situation misérable de la jeune femme grâce à
l’apostrophe « jeune mendiante ».
La présence du thème de la faim, au vers 7 « Ne songe plus à
ta faim » et encore au vers 12 « Tu auras un festin » permet d’insister sur la misère de cette
jeune femme dont la situation est également celle de milliers de personnes pauvres, isolées et
marginales dans une grande ville.
Le poète exprime son amour pour la jeune mendiante avec
« je t’aime » au vers 11 (un alexandrin), mis en valeur par la césure à l’hémistiche.
Cela permet
au poète d’éclairer l’horizon de la jeune femme.
À travers l’impératif « viens » (v.11) à valeur
d’invitation, mis en valeur par le point d’exclamation, et le 2 e
hémistiche du vers 17 « te
pressant contre moi », le poète initie un rapprochement afin de montrer à cette femme qu’elle
n’est plus seule.
(Il pense peut-être à l'émouvante histoire d'Andersen où une autre mendiante,
à Londres aussi, une petite marchande d'allumettes meurt de faim et de froid après avoir tenté
de se réchauffer en brulant toutes ses allumettes et en rêvant chaque fois de bonheurs
inaccessibles.)
En effet l’objectif du poète est de faire oublier à la jeune femme sa misère.
Il cherche à la
distraire en l’incitant à porter un nouveau regard sur la ville.
À travers la négation partielle « Ne
songe plus » (v.11) et l’impératif « joue », renforcé par la conjonction de coordination « mais »
qui exprime une opposition avec la première partie du vers, ainsi que le vers 12, l’auteur invite
la mendiante à oublier sa faim pour jouer et la pousse à imaginer des choses qui n’existent pas,
ou seulement dans son imagination.
Alors Larbaud va lui transmettre ses richesses.
Certes elles
seront matérielles d'abord, puisqu'il va (futur de « tout à l’heure » et de « tu auras ») lui «
dresser...
un festin...
pour [elle] seule et des fleurs dans [sa] voiture ».
Mais il veut surtout lui
transmettre la vision de la beauté : « Ne sens-tu pas...
», «ne songe plus...
», « viens », « viens
seulement contempler encore quelques instants...
», « regarde en silence » ...
Les questions et
les impératifs sont insistants.
L'évocation s'élève sous les yeux de la femme, ses éléments
deviennent féeriques.
Grâce à la baguette du magicien- poète, elle ne verra plus la grisaille et la
misère londoniennes, mais avec lui « la plus grande ville du monde » se confond avec «la cité
céleste » puisque les lumières humaines et les astres clignotent de la même façon, se reflètent
les uns les autres, se répondent magiquement.
Mais ce qu'il voudrait surtout faire partager c'est
la valeur exceptionnelle de ces instants où il goûte la sublimation d'une ville par ailleurs aimée
et qui devient, de nuit, exceptionnelle : « qu’il est beau, /Que c'est une chose précieuse, d'être
là, Errant...
» La femme elle-même
est métamorphosée par le processus de sublimation auquel est soumise la ville comme le
montre le vers 18 à travers le point d’exclamation et l’utilisation de l’adjectif « dédiée » qui a
une connotation religieuse, comme si la jeune mendiante devenait une sorte de divinité
emblématique de la ville de Londres.
La jeune femme devient ici l'interlocutrice du poète.
C'est
à elle qu'il adresse cette page.
Comme elle est le seul être éveillé, avec lui, elle devient la
représentation même de la ville, qui lui est « dédiée ».
Cette « mendiante » pourrait aussi être.
»
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