Corrège, Antonio Allegri dit le
Publié le 22/02/2012
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«
CORRÈGE
1489-1534
ANTONIO ALLEGRI, appelé Corrège du nom de sa ville natale, vint au monde aux environs
de I48g.
Humaniste, il se plaisait à latiniser son nom et ~ s'appeler« Antonius La:tus », comme
s'il
eût voulu faire ainsi allusion au caractère de son art.
Il vécut toujours modestement, se con
sacrant à son travail et à sa famille, entre
Parme et son pays natal où il mourut le 5 mars I 534,
encore
jeune et dans la pleine maturité de son art.
De l'atelier de Bianchi-Ferrari à Modène,
il était passé,
tout jeune, peut-être âgé de quinze ans à peine, à l'école du vieux Mantegna, à
Mantoue, où il fit
ses débuts en collaborant à la décoration de la chapelle mortuaire de son maître
à Saint-André.
Mais
il fut tout de suite amené, par son tempérament poétique différent, à adoucir
les formes sévères
de Mantegna et à les soumettre à des rythmes plus souples.
Ses premières œuvres,
malgré les nombreuses réminiscences
de Mantegna, baignent plutôt dans une atmosphère lim
pide
et douce, tendrement dévote, celle de la province artistique émilienne du début du XVIe
siècle.
Mais très rapidement, le maître tendit à s'évader également de cet horizon restreint, du
cercle de cette harmonie enclose dans les limites d'un équilibre rythmique trop facile.
Le chemin
parcouru dans
ses années de jeunesse est accidenté; en vérité, c'est un sentier obscur et caché
qui débouchera tout à coup dans une large route ensoleillée.
Ainsi fleurit presque timidement,
alors
que la recherche des moyens d'expression est encore lente et incertaine, une poésie délicate
et humble, profondément mélancolique, d'une intimité voilée et recueillie.
Le tableau d'autel
peint en I5I5 pour l'église San Francesco à Corrège, et qui est actuellement à Dresde, est d'une
autre veine.
Le rythme devient plus large, se dénoue et s'enchaîne avec un ample mouvement
et se résout en une harmonie si pleine, en une mesure spatiale si large et si parfaite, et en même
temps
si simple et aérée qu'il rappelle beaucoup l'art de Raphaël.
Il nous paraît donc nécessaire
d'admettre que, dès cette époque, Corrège avait connu, peut-être à Florence, des œuvres de
Raphaël ainsi que de Léonard, d'Andrea del Sarto, de Fra Bartolomeo.
Au cours des années
suivantes,
il se recueille de nouveau dans la recherche d'une expression plus personnelle, plus
intérieure, plus appropriée à son inspiration qui se précise
maintenant en une douceur mélan
colique, en une délicate langueur.
C'est alors que mûrit et fleurit la« grâce» de Corrège en une
douce pénombre à
la manière de Léonard; elle se manifeste par quelques-unes des expressions
lyriques
les plus hautes et les plus intenses: la ,Zingarella, de la Pinacothèque de Naples, est parti
culièrement célèbre.
Il est unanimement admis, actuellement, qu'avant de concevoir les grandes œuvres décora
tives
de Parme, Corrège dut avoir eu directement connaissance des œuvres romaines de Michel
Ange
et surtout de Raphaël.
Il ne peut plus y avoir de doute sur son voyage à Rome, voyage
qui
marque le tournant décisif de son art.
Corrège atteignit là, comme par une soudaine envolée,
à
la plénitude de ce chant qui s'épanouit au cours de toute sa seconde époque, en une exaltation
de la beauté et de la vie qui, non seulement ne contredit pas sa première vision d'élégance et
de grâce, plus limitée et recueillie, mais la développe et l'enrichit.
Dans la chambre de Saint-Paul
CORRtGE PortraitiJrisuml (par lui-mbm), (Colkction Lord Let of Fareham.).
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