correction texte Michel HENRY
Publié le 13/02/2017
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CORRECTION TEXTE DE MICHEL HENRY LE COGITO LE TEXTE « Supposons que je rêve. La supposition du rêve est celle de la non-existence du monde, l’hypothèse que ce monde que nous tenons habituellement pour certain – et qui est le monde de la science – est douteux. Si je rêve, en effet, rien de ce que je vois dans ce rêve n’existe. Le monde tout entier n’est peut-être qu’un rêve. L’ARGUMENT DU REVE : LE DOUTE METHODIQUE. Michel Henry fait sienne la démarche cartésienne et la pratique du doute méthodique. Pour Descartes, il s’agit de refonder l’ensemble du savoir, de produire une science nouvelle qui ne veuille admettre que des certitudes, et non plus des vérités simplement probables ou vraisemblables. Comme pour Husserl, après lui, une science n’est fidèle à son idéal que si elle ne présuppose rien qui ne soit fermement établi : ce dont on parle doit être pleinement compris, et ce qu’on en dit doit être rigoureusement justifié. Mais sur quoi faut-il se fier pour bâtir un tel édifice du savoir ? Quel point d’Archimède (Descartes), ou quel sol de certitude (Husserl) ? Or s’il y a bien quelque chose que nul ne semble pouvoir contester, c’est bien l’existence du monde qui nous entoure. C’est là une conviction qui accompagne chacune de nos perceptions – nous croyons bien qu’il existe là une réalité sensible à laquelle nos yeux, nos mains nous donnent accès -, en dépit des illusions qui parfois nous abusent. Le scientifique lui-même, qui l’étudie sous tous ses aspects (la physique en étudie la réalité « matérie...
«
LE COGITO : LA PREMIERE CERTITUDE.
.
Le moment cartésien.
Dans une seconde partie, Michel Henry reprend à son compte la révélation du cogito cartésien.
Dans la seconde des
Méditation s Métaphysique s, Descartes sort du doute par le doute : car je peux bien douter de tout, de ce que je perçois comme de ce que
je pense, mais non du fait que je doute.
Pourquoi ? Parce que le doute est une « pensée », c’est -à-dire une activité consciente d’elle -même :
je sais et je sens que je doute au moment où je doute, et je sais que c’ est moi qui doute, qui fo rme cette pensée.
J’existe donc, au moins
comme sujet ou auteur de mes pensées : « je pense donc je suis ».
Il ne s’agit pas d’un raisonnement, d’une conclusion logique, mais d’une
intuition (je le vois avec évidence).
La conscience est cette connaissance immédiate, intime, directe que chacun a de ses propres pensées.
On
peut ainsi étendre ce domaine de certitude non seulement au doute, mais à tout ce qui se fait en moi, en mon esprit, et qui b énéficie du
témoignage de la conscience – mes sensations, émotio ns, sentiments, volontés, désirs, etc..
bref, les « cogitationes » (ou « pensées), dans le
vocabulaire de Descartes, ou les données de la conscience, les vécus subjectifs.
Qu’est -ce qui justifie ce caractère de certitude ? Je ne connais
pas le monde de faç on directe, immédiate : je ne sais pas d’emblée ce qui se passe dehors, là -bas, ce qui compose les choses matérielles .
Pour
le savoir, il me faut passer par la perception, que je dois éventuellement corriger en raisonnant .
Mais pour savoir que je souffre, que je suis
effrayé, que je désire, je n’ ai pas besoin de percevoir ni de raisonner ; je le sais de l’intérieur, je m’en aperçois d’emblée, en moi -même, comme
si j’en étais le témoin direct (on parle de transparence de la conscience à elle -même).
Ma souffr ance m’apparaît immédiatement, sans détour,
sans médiation.
Lorsque je perçois un arbre, celui -ci n’existe peut -être pas comme je le perçois (illusion), ou n’existe peut -être pas du tout
(rêve).
Mais la perception, elle, et même si rien n’est réellement pe rçu, reste quelque chose de réel, dans la mesure où elle est une « pensée »,
quelque chose que j’éprouve intérieurement : qu’importe si ce que je perçois est réel ou non, je me sais et je me sens percevoir. De la même
façon, lorsque je perçois un tapis, je ne suis pas sûr que le tapis soit tel que je le perçois, ni même qu’ il existe.
Mais cela n’affecte en rien la
réalité subjective de la perception : ce que je perçois n’existe peut -être pas, l’objet de ma perception n’est peut -être pas réel, mais cette
per ception, elle, dans la mesure où elle s’apparaît à elle -même, est consiente d’elle -même, existe incontestablement.
Que le tapis existe ou
non, je pense voir un tapis.
.
L’explicitation phénoménologique de Michel Henry.
Mais qu’en est -il de cette
connaissance intérieure ? Michel Henry procède à un travail d’explicitation : il
cherche à décrire ce que signifie « être conscient ».
En quoi consiste exactement
la conscience de soi ? Prenons la peur ou la douleur.
Comment puis -je savoir que
je suis effr ayé ou que je souffre ? Comment cette pe ur ou cette douleur peuvent -
elles m’app araître ? Non pas parce que je le pense, mais parce que je le ressens.
Je
sais que le feu brûle parce que je sens une douleur.
Le feu, je le connais par mes
sensations, de façon indirecte, par la perception.
Mais cette sensation, elle, je la
connais intérieurement : non parce que je pense souffrir, mais parce que je
ressens cette sensation, je me sens avoir mal.
La conscience de soi n’est pas d’abord de l’ordre de la pensée (au se ns intellectuel du terme),
de la représentation, mais de l’ordre de l’affectivité, de cette faculté de se sentir soi -même, de ressentir, dont Michel Henry fera l’essence
même de la vie.
La sensibilité, c’est la faculté de sentir quelque chose (du sucré, de la fraîcheur, du bleu, etc.).
C’est par elle que le monde
s’offre à ma connaissance.
C’est par la sensation que j’ap prends la « tiédeur » de cette eau ou la saveur « acide » du citron.
Mais cette
sensation, elle, comment je la connais ? De façon intérieur e, immanente (= du dedans) – non seulement je sens l’acidité du citron, mais je
ressens cette sensation elle -même, qui procure un sentiment de plaisir ou de déplaisir.
De la même façon, je sens la résistance d’un poids que
je soulève, mais je ressens, j’ép rouve intérieurement cette sensation de résistance à travers le sentiment de l’ effort ou de la fatigue.
Et c’est
cela être en vie, vie qui ne peut être que conscience de soi..
»
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