Correction du texte de Alain, extrait de Définitions
Publié le 08/01/2012
Extrait du document
« La conscience est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de se juger. Ce mouvement intérieur est dans toute pensée : car celui qui ne se dit pas finalement "Que dois-je penser ?" ne peut pas être dit penser. La conscience est toujours implicitement morale ; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement
intérieur. On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question d'eux-mêmes à eux-mêmes. Ce qui
n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le
recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger, et cela est proprement la conscience. Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu'on l'interroge. Exemple : ai-je été lâche en telle circonstance ? Je le saurai si je veux y regarder. Ai-je été juste en tel arrangement ? Je n'ai qu'à m'interroger : mais j'aime bien mieux m'en rapporter à d'autres. «
ALAIN, Définitions.
Cette question est d’autant plus importante que la conscience et la capacité de réflexivité est spécifique à la nature de l’homme, et peut en ce sens constituer sa nature. Un homme sans bras reste un homme ; sans conscience, ce n’est plus qu’une bête. Pascal disait même dans les Pensées « qu’apprendre à bien penser «, donc à devenir « moral « était ce qui faisait la « dignité « de l’homme, c’est-à-dire sa force et sa grandeur, en même temps que ce qui constituait son essence. Que dire alors de ces hommes immoraux, qui semblent posséder la conscience sans pour autant suivre ce que la Raison exige de chaque homme : la voie du Bien ?
«
Philosophie, Mme Guyot.
Texte de Alain sur la conscience extrait de Définitions.
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conscience de ce que nous faisons lorsque nous décidons, la conscience impliquant toujours comme
nous l’avons dit, la réflexivité.
Ainsi, décider, c’est aussi savoir que l’on décide, donc se savoir
responsable de la décision prise, parce que l’on se connaît comme au teur de cette décision.
Penser,
c’est -à -dire pour Alain produire un raisonnement conscient, c’est alors toujours en même temps se
penser en train de produire ce raisonnement, et donc s’apercevoir comme auteur dudit raisonnement.
Dès lors, celui qui « pense » se sait une responsabilité dans la pensée qu’il admet, et cette
responsabilité l’engage à se demander : « que dois- je penser ?».
Si la capacité de penser, offerte par la conscience, appelle un « devoir », c’est en effet que nos
idées, issues de nos pensées sont le fruit d’un jugement rationnel et pesé, éclairé par la conscience, et
qui à ce titre sont objets d’une analyse de notre part : ce que je veux, ce que je crois vrai, je veux aussi
le vouloir et je crois devoir le croire, c’est -à -dire que je conço is une nécessité de penser ce que je
pense.
Cette nécessité est induite par le fait que ce que je pense étant clair en mon esprit, génère en
moi une conviction profonde que j’ai raison de penser ainsi ou de décider d’agir ainsi.
Dès lors, si je
crois qu’êt re un bon être humain implique d’agir dans le respect d’autrui et de moi -même, et que cette
croyance est une pensée réfléchie, consciente d’elle- même, je crois aussi que j’ai raison de penser
ainsi, que cette pensée est la seule valable, qu’il faut nécessairement la tenir, qu’elle constitue en ce
sens un devoir, une obligation morale pour moi, et en soi.
Transition : On comprend alors que le deuxième temps du texte commence par cette conséquence que
l’on peut logiquement déduire de la définition de la noti on de conscience : « la conscience est toujours
implicitement morale » : en effet, si elle ne se donne pas d’abord visiblement comme morale, comme
impliquant donc une responsabilité de la part du sujet qui pense, parce qu’elle se présente d’abord
comme la présentation à l’esprit de ce qui est hors de moi et de ce que je suis, elle appelle le sujet à la
nécessité de prendre une distance avec ce qui est donné de soi et du monde, pour que soit atteinte une
vision adéquate de ce qui est et de ce que l’on est.
S i cette vision est adéquate à ce qui est, elle est alors
nécessaire, et ce que je pense correspond à ce que je dois penser du monde et de moi -même, et
m’informe sur ce qu’il est moral ou pas de faire dans le monde (dans le respect de la nature de ce qui
n’est pas moi, et de ce que je suis), et sur ce qu’il est « bien » ou « mal » de penser.
Pourtant, Alain
repère immédiatement une difficulté : comment se fait -il que certains hommes, qui ont l’air de penser,
et tiennent des discours qu’ils semblent assumer , agissent mal, ou pensent mal ? Comment expliquer
l’immoralité que l’on peut constater de fait chez les hommes ?
Cette question est d’autant plus importante que la conscience et la capacité de réflexivité est
spécifique à la nature de l’homme, et peut en ce sens constituer sa nature.
Un homme sans bras reste
un homme ; sans conscience, ce n’est plus qu’une bête.
Pascal disait même dans les Pensées
« qu’apprendre à bien penser », donc à devenir « moral » était ce qui faisait la « dignité » de l’homme,
c’es t- à -dire sa force et sa grandeur, en même temps que ce qui constituait son essence.
Que dire alors
de ces hommes immoraux, qui semblent posséder la conscience sans pour autant suivre ce que la
Raison exige de chaque homme : la voie du Bien ?
Alain répond à cette objection qu’il se fait à lui -même (on voit par là qu’il cherche à justifier
son propos, qu’il est donc pleinement conscient qu’il faut qu’il explique en quoi tous les hommes
doivent également penser comme lui, en quoi c’est le seule chemin –moralem ent et intellectuellement
tenable
et correct ) en qualifiant d’inconscients ceux qui agissent sans considération de ce qu’ils
devraient faire, ou ceux qui pensent sans chercher à savoir ce qu’ils devraient penser.
Il étend par là la
définition traditionnelle de la notion d’inconscient, réservée classiquement à ce qui est « privé de
conscience », à ce qui reste donc confus, trouble, voire à ce qui ne se donne pas du tout à l’esprit.
Il
exclue aussi la pensée psychanalytique.
Pour lui, être incon scient, c’est non seulement ne pas savoir
quelque chose, mais c’est aussi ne pas pousser cette réflexivité que l’acte réel de conscience devrait
imposer au sujet de la conscience : en ce sens, penser x ou y sur un objet ne suffit pas à se dire
conscient.
L a conscience permet non seulement cette pensée mais encore implique la capacité de
saisir les raisons pour lesquelles cette pensée est la bonne.
Celui qui adhère alors à une idée sans
savoir pourquoi il la tient, qui n’est donc pas en mesure de connaître non seulement qu’il y adhère,.
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