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Correction de l'explication du texte de BERGSON

Publié le 28/12/2013

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Correction de l'explication du texte de BERGSON / Notions : l'existence ; la société Texte « L'homme est le seul animal dont l'action soit mal assurée, qui hésite et tâtonne, qui forme des projets avec l'espoir de réussir et la crainte d'échouer. C'est le seul qui se sente sujet à la maladie, et le seul aussi qui sache qu'il doit mourir. Le reste de la nature s'épanouit dans une tranquillité parfaite. Plantes et animaux ont beau être livrés à tous les hasards, ils ne s'en reposent pas moins sur l'instant qui passe comme ils le feraient sur l'éternité. De cette inaltérable confiance nous aspirons à nous quelque chose dans une promenade à la campagne, d'où nous revenons apaisés. Mais ce n'est pas assez dire. De tous les êtres vivants en société, l'homme est le seul qui puisse dévier de la ligne sociale, en cédant à des préoccupations égoïstes quand le bien commun est en cause ; partout ailleurs, l'intérêt individuel est inévitablement coordonné ou subordonné à l'intérêt général. Cette double imperfection est la rançon de l'intelligence. L'homme ne peut pas exercer sa faculté de penser sans se représenter un avenir incertain, qui éveille sa crainte et son espérance. Il ne peut pas réfléchir à ce que la nature lui demande, en tant qu'elle a fait de lui un être sociable, sans se dire qu'il trouverait souvent son avantage à négliger les autres, à ne se soucier que de lui-même" Henri Bergson : Les deux sources de la morale et de la religion 1932. Introduction Qu'est-ce qui distingue l'homme de l'animal ? La raison, affirme-t-on précipitamment, croyant avoir enfin réglé la question en insistant sur la prétendue supériorité de l'homme dans la nature. On fait alors de l'homme l'aboutissement de l'évolution du vivant en lui octroyant des facultés supérieures comme l'intelligence rationnelle. Dans ce texte extrait des Deux sources de la morale et de la religion, Bergson soutient une position critique par rapport à cette croyance naïve de l'opinion commune. Selon lui, si l'intelligence est bien la faculté spécifique qui distingue l'homme dans la nature et dans l'ordre animal, elle n'est pas pour autant une faculté supérieure, mais seulement un moyen différent par lequel une certaine espèce, l'espèce humaine, parvient à s'adapter au milieu naturel. Dans la nature, le mouvement de la vie dessine des perspectives différentes d'adaptation: l'ordre minéral est déterminé par les lois de la mécanique, la vie végétale réagit chimiquement au milieu, la vie strictement animale dispose d'un instinct, et la vie humaine de l'intelligence. L'instinct est un savoir-faire inné déterminé génétiquement et qui ne varie pas dans l'évolution de la nature. L'intelligence est une faculté de réflexion théorique qui se développe par recherche expérimentale au rythme de l'histoire de la culture. Contrairement à ce qui a lieu dans la nature pour les autres êtres naturels qui sont parfaitement adaptés à leur milieu, l'intelligence est la cause de deux imperfections de l'homme: son inquiétude dans l'existence et son insociabilité dans la société. Comment peut-on alors affirmer que l'homme est supérieur à l'animal alors que l'intelligence humaine semble davantage une faiblesse qu'une force comparée à la perfection de l'instinct animal et de l'ordre universel de la nature ? Ne faut-il pas plutôt convenir que l'intelligence de l'homme, parce qu'elle est conscience de soi et liberté, manifeste bien la spécificité de l'homme dans la nature mais en aucun cas sa supériorité ? Ou peut-on tout de même reconnaître à l'homme une valeur morale supérieure à laquelle aucun être naturel n'est capable d'accéder ? Pour répondre à ces questions, le texte établit deux différences entre l'homme et le règne naturel. La première est une différence qui concerne le rapport à l'existence (l 1. à l. 8), l'autre le rapport à la société (l.8 à l.11): si l'homme est perfectible, l'animal est parfait. Bergson permet ainsi de distinguer l'ordre humain de l'ordre naturel, puis l'ordre humain de l'ordre animal sur le plan de la société. Le texte se clôture enfin sur une justification théorique des deux imperfections de l'intelligence de l'homme où Bergson fait comprendre que la conscience de soi et la liberté de la pensée humaine sont les causes des faiblesses et des forces de l'homme (l.11 à la fin ). Intelligence et instinct , perfectibilité et perfection (l.1 à l.8 ) Bergson établit la différence entre l'homme et la nature en trois temps : le premier consiste à décrire la situation inquiète de l'homme dans l'existence pour l'opposer ensuite à la quiétude constitutive de la nature. Le dernier consiste à les confronter pour justifier que l'homme trouve dans la nature la sérénité qui lui manque dans sa propre existence. 1) Intelligence et inquiétude "L'homme est le seul animal dont l'action soit mal assurée, qui hésite et tâtonne, qui forme des projets avec l'espoir de réussir et la crainte d'échouer. C'est le seul qui se sente sujet à la maladie, et le seul aussi qui sache qu'il doit mourir." Bergson commence par décrire la singularité de l'existence de l'homme dans la nature. Ce dernier est un être à part dans la nature car il n'agit pas de la même manière que les autres êtres naturels. Il n'a pas le même rapport à l'existence, et cela pour trois raisons. La première est que l'action humaine est conditionnée par la conscience de soi. Ce qui distingue d'un côté la réaction purement physique d'un corps ou le comportement instinctif d'un animal de l'action proprement humaine de l'autre, c'est la représentation consciente de la réalité. L'homme se distingue dans la nature parce qu'il dispose de la conscience de soi. Il n'est pas à la manière des autre êtres naturels qui sont aveugles à leur propre existence, inconscients donc, mais il se sait être, se représente sa propre existence, est ouvert à lui-même. C'est pourquoi il n'a pas un rapport immédiat mais médiat à la réalité: il entre en rapport à elle par le moyen d'une représentation de la conscience. L'homme agit alors de telle manière qu'il se représente l'action comme la sienne propre, comme une action subjective qui engage sa propre existence. L'homme n'est pas enfermé en lui-même, mais il ex-siste, il se projette dans le temps en se représentant l'avenir. Deuxièmement, l'action humaine est intelligente, ce qui suppose de la part du sujet une activité...
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« • Deuxièmement, l'action humaine est intelligente, ce qui suppose de la part du sujet une activité de réflexion logique et théorique sur les moyens et les fins de l'action personnelle. Du côté de la nature, le mouvement physique ou le comportement animal sont parfaitement prédéterminés par les lois de la nature ou l'identité génétique sans que l'individu soit capable de s'interroger ou de se projeter dans l'action à accomplir.

C'est pourquoi l'action humaine, parce qu'elle suppose un écart dans la représentation entre la fin de l'action et les moyens pour la réussir, est "mal assurée " alors que les phénomènes naturels, parce qu'ils sont absolument nécessités par le déterminisme naturel, sont parfaits.

L'action humaine manque d'assurance parce qu'elle se fonde sur la conscience et l'intelligence du sujet, facultés qui sont nécessairement limitées.

L'homme doit alors délibérer sur ce qu'il convient de faire pour réussir l'action mais il n'est jamais certain d'y parvenir.

Il doit construire la totalité de ses moyens d'existence à partir des ressources de sa propre raison et c'est son inventivité et son ingéniosité qui lui permettent de se garantir une certaine pérennité dans la nature.

Mais l'homme n'est pas toujours ingénieux et il fait aussi l'expérience de l'échec, de l'inefficacité ou des effets pervers de ses inventions.

Au contraire, les êtres naturels sont toujours parfaitement adaptés à leur milieu et ils n'ont pas besoin de chercher à faire progresser leur existence car ils sont déjà entièrement tout ce qu'ils peuvent être.

Les phénomènes de la nature sont les effets nécessaires de causes physiques involontaires et inconscientes alors que les actions humaines sont les conséquences contingentes de motifs intentionnelles (volontaires et conscients).

L'intelligence de l'homme se définit ainsi comme la capacité à inventer les moyens efficaces de notre adaptation dans la nature, ce qu'elle parvient à faire en inventant les sciences et les techniques qui sont les deux disciplines principales par lesquelles l'homme construit son habitation artificielle dans le monde.

Si l'action humaine est tâtonnante, c'est parce qu'elle progresse empiriquement en tentant de formaliser théoriquement les lois de la matière pour les mettre à son profit dans la création d'objets artificiels.

L'intelligence de l'homme se cultive ainsi au rythme de l'histoire de la culture, qui approfondit et améliore peu à peu sa connaissance de la matière pour y subsister le mieux possible.

De son côté par exemple, l'instinct animal ne varie pas dans l'évolution naturelle parce que la nature l'a rendu déjà parfaitement efficace pour s'adapter aux conditions de survie nécessaires à telle ou telle espèce.

Si l'homme hésite dans l'action, c'est parce qu'il est continuellement attentif aux fins qu'il projette de lui-même et aux moyens rationnels qui permettent de les atteindre.

Avec le temps, il accumule de l'expérience et du savoir-faire.

Sa nature perfectible, à partir de laquelle s'actualisent toutes ses disposition naturelles, le distingue de la nature où tout est déjà et toujours parfaitement ordonné.

L'histoire de la culture se présente alors comme l'effort du travail humain à trouver les manières intelligentes d'exister dans la nature.

Par son intelligence, l'homme transforme son milieu et se forme lui-même.

Par la culture, l'homme invente son monde et sa nature ; il est l'artisan libre de lui-même quand les autres êtres sont entièrement faits et contraints par la nature. • Finalement, l'action humaine est aussi la seule qui soit morale. Parce qu'il s'interroge sur ses actes et sur la manière de les accomplir, l'homme leur accorde une valeur en bien ou en mal, c'est-à-dire une valeur morale.

La représentation qu'il a de sa propre existence fait que l'homme n'est pas un être seulement de besoins, mais aussi de désirs: il a tendance à rechercher des biens qu'ils jugent être sources de satisfaction et c'est pourquoi il a un rapport moral aux événements.

Il craint d'échouer ou espère de réussir, la crainte et l'espoir étant deux sentiments moraux qui supposent la conscience de l'existence et la valeur morale de l'action.

C'est pourquoi la conscience et l'intelligence exposent aussi l'homme à la possibilité du bonheur ou du malheur quand les autres êtres y sont radicalement fermés.

S'il est le sujet actif de ses propres actes, l'homme a aussi conscience qu'il est aussi sujet passif et soumis aux conditions nécessaires de la réalité naturelle comme la mort ou la maladie.

Sujet conscient de lui-même, il a conscience de sa finitude, ce qui peut avoir une conséquence négative sur son équilibre moral s'il souffre de ces limites.

La conscience peut en ce sens être une conscience malheureuse quand elle n'arrive pas à assumer moralement la limite tragique et pathologique de l'existence individuelle. 2) Instinct et tranquillité "Le reste de la nature s’épanouit dans une tranquillité parfaite.

Plantes et animaux ont beau être livrés à tous les hasards, ils ne s’en reposent pas moins sur l’instant qui passe comme ils le feraient sur l’éternité." Si l'homme est inquiet dans l'existence, c'est parce que la conscience l'éloigne de l'existence immédiate de la vie naturelle, qu'elle soit inconsciente ou insensible.

Ayant conscience du temps qui passe et de la mort qui le menace, le souci est la condition même de son existence.

Il a à être, à assumer son existence dans un temps en devenir où il projette ce qu'il veut devenir et dans lequel il est toujours dans la mémoire ou l'anticipation de soi, dans la rétrospection ou la projection de son être, ce qui l'empêche de vivre dans l'insouciance d'hier ou du lendemain.

De son côté, la nature, inconsciente et immuable, est immergée dans l'instant présent, sans avoir la moindre représentation du mouvement du temps.

Dans la mesure où elle n'a pas conscience du temps, elle n'en est pas affectée et se situe en ce sens "hors" de lui, participant ainsi d'une certaine "éternité".

Comme le soulignait déjà Pascal, bien que l'univers soit infiniment plus grand et plus fort que l'homme, de toute sa grandeur il ne sait rien quand l'homme tire la sienne de la conscience de sa misère.

De plus, le temps de la nature est le cycle de l'éternel retour de l'identique: les saisons reviennent, le jour succède à la nuit, la lune et le soleil passent les générations, et tout demeure dans un ordre rythmé, parfait et inflexible.

En revanche, le temps de la culture est l'histoire incessante des révolutions et de l'agitation humaine : ce qui a été fait une fois ne se reproduira jamais une seconde fois et l'événement humain est toujours singulier et irrégulier.

On a bien cherché à établir des lois de l'histoire mais l'histoire elle-même dément les doctrines les plus visionnaires.

Les lois de la nature, elles, président aux mouvements parfaitement réguliers de l'univers lequel maintient toujours son unité sans que rien ne soit en mesure de perturber son 2. »

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