Consentir, est-ce manifester sa liberté ?
Publié le 26/04/2022
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Philosophie
Dissertation n°1 : Consentir, est-ce manifester sa liberté ?
[Introduction]
La question du consentement, notamment dans le cadre de la notion
spécifique de consentement sexuel, a depuis quelques années fait une
forte irruption dans les débats publics suite aux mouvements incitant les
femmes ayant subi des violences sexuelles à témoigner et à dénoncer en
justice les actes dont elles avaient été victimes : #Me Too, mouvement
mondial crée en 2007 (réactivé en 2017 suite à l’affaire Weinstein),
#BalanceTonPorc en France depuis 2017 etc., ces mouvements rappellent
publiquement qu’un acte sexuel n’est pas un acte de domination, qu’il
exige l’accord que les personnes se donnent mutuellement.
Or dans ce
cadre spécifique, on mesure aussi à quel point la notion de consentement
est complexe et peut-être fragile : la définition juridique des conditions
de validité du consentement révèlent que « dire oui » peut ne pas être
l’expression d’une véritable liberté et que tout consentement n’est pas
valide.
Consentir, est-ce manifester sa liberté ? On consent à quelque
chose, à une proposition, à un ordre, à une situation.
Consentir c’est
accepter.
Or la volonté dit oui, elle accepte mais elle ne crée pas des
possibles.
On peut penser que la liberté se manifeste davantage quand il
y a création de possible, création de sens et non simple adhésion à un
ordre donné.
Consentir n’est-ce pas plutôt une forme de passivité, de
résignation, voire le témoin de notre aliénation ? Serait-ce alors au
contraire la révolte qui fait la liberté ? Il s’agit donc de se demander à
quelles conditions un consentement peut être un acte véritablement
libre.
L’enjeu est de repenser les caractéristiques de la liberté et de voir si
on peut se contenter d’une liberté de droit.
[I- Le consentement présuppose et manifeste la liberté]
[1°- Une liberté de droit/ le consentement comme condition de légitimité d’un
contrat] La notion de consentement traduit un acquis essentiel des luttes
pour la reconnaissance de droits fondamentaux propres à tout être
humain de manière égale.
Une femme n’est pas un bien appartenant à
un homme (père ou mari), elle a les mêmes droits que lui à exprimer sa
volonté ou son désir et seul le consentement mutuel rend l’acte légitime
car il est caractérisé par la réciprocité.
L’acte sexuel n’est pas un acte de
force mais de désir et il doit s’exercer libéré des entraves du pouvoir.
Exiger le consentement pour qu’un accord soit valide, c’est donc bien
présupposer une conscience libre dotée de droits protégeant le corps, la
personne et la dignité, c’est identifier à la source du consentement une
faculté inaliénable : la liberté.
Le consentement est donc clairement une
manifestation de l’autonomie des personnes.
Réciproquement là où il n’y
a pas consentement, le sujet est contraint, soumis à l’hétéronomie, à ce
qui s’impose à lui de l’extérieur en le faisant agir contre son gré : une
relation non consentie est un viol, comme une relation de pouvoir non.
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