Connaissez-vous MARX (Karl) ?

« Avec l'aide très précieuse et souvent passée sous silence de Engels (1820-1895), Marx a réalisé une œuvrephilosophique et sociale qui a marqué en profondeur non seulement le XIXe siècle, mais aussi notre siècle. Né à Trèves en Allemagne, dans une famille aisée, fils d'un avocat descendant d'une lignée de rabbins, Karl Marxétudie très tôt le droit et la philosophie et soutient sa thèse, intitulée Différence de la philosophie de la nature chezDémocrite et Épicure, en 1841.

Il épouse, en 1843, Jenny de Westphalen, jeune fille issue d'une illustre famillearistocratique.

A Paris, il rencontre Engels, fils d'un industriel, avec qui il collaborera durant toute sa vie.

Expulsé deFrance, il gagne la Belgique puis Londres. Dès 1848, il rédige avec Engels le Manifeste du Parti communiste.

A Londres, où il décide de s'installerdéfinitivement, Marx vit dans la plus grande pauvreté et survit grâce aux subsides d'Engels.

Il produit néanmoins uneœuvre prodigieusement abondante et anime la Première Internationale ouvrière.

En 1881, Jenny meurt ; Marxs'éteindra deux ans plus tard. Marx se situe au carrefour de plusieurs courants philosophiques et sociaux : - la pensée matérialiste, qui pose la matière comme réalité première.

Elle fut développée durant l'Antiquité parDémocrite et Épicure, mais aussi au XVIIIe siècle par des philosophes français comme Diderot, Helvétius et LaMettrie ; - la philosophie allemande, celle de Hegel précisément, dont Marx reprend la démarche dialectique, en la remettantcependant " sur ses pieds ", c'est-à-dire en partant non point de l'Idée, mais de la production matérielle deshommes. - la critique de la religion de Ludwig Feuerbach ; - le socialisme français avec Saint-Simon, Fourier et Proudhon ; - enfin, l'économie politique anglaise avec Ricardo, essentiellement, qui orienta l'analyse de Marx vers lesphénomènes de production. Marx affirme la nécessité d'un dépassement de la philosophie théorique : la réflexion philosophique doit devenirfondamentalement pratique ; elle ne se sépare pas d'une transformation radicale de la société.

Cette transformationest destinée à dépasser la sphère de l'aliénation humaine, c'est-à-dire de l'existence historique où l'homme se trouvedépouillé de lui-même et de ses œuvres.

Au-delà de cette inhumanité profonde de l'histoire, Marx nous laisseespérer le passage à un règne de liberté et d'abondance. Au niveau des concepts philosophiques, la dialectique se comprend comme un mouvement s'effectuant par undépassement permanent des contradictions.

La dialectique ne représente plus chez Marx celle de l'Idée, commechez Hegel, mais celle de la réalité concrète et historique. L'aliénation s'entend comme une situation où l'être humain, envisagé comme force productive, a été dépouillé de sonessence.

Il est ainsi confronté à son produit qui devient Autre que lui-même, et qui finit par le dominer.

La notion depraxis, que Marx introduit ici, se définit comme énergie pratique humaine et sociale, appréhendée comme le critèreessentiel du vrai. Au niveau des concepts socio-économiques, les forces de production constituent l'ensemble des moyens dont lasociété humaine dispose pour produire.

Les rapports de production résident alors dans les relations matérielles entreles hommes, relations qui se nouent au cours du processus de production.

Ces rapports peuvent ainsi aboutir à unesituation contradictoire, comme c'est le cas, par exemple, dans le processus de division du travail où le travailleurest coupé de ce qu'il produit.

L'exploitation, quant à elle, équivaut à la relation économique fondamentale qui résultede ce que certains hommes, ne possédant pas les moyens de production, voient leur force de travail exploitée par lecapitaliste qui, lui, possède ces moyens de production.

C'est en réponse à cette situation contradictoire que sedéveloppe la lutte des classes, lutte au cours de laquelle la classe désavantagée s'insurge contre la classedominante. Marx a voulu affranchir l'homme de tout ce qui ne fait pas partie de son essence authentique, à commencer par lareligion, qui est une remise en question d'ordre spirituelle.

La religion, définie comme l' " opium du peuple ", estcomprise à partir du point de vue de l'aliénation sociale et politique.

Au sein d'une société où l'homme ne peutauthentiquement se reconnaître, et où ses propres produits se retournent contre lui, la religion n'est que le miroird'un état de fait.

Dans sa recherche philosophique, Marx retient ainsi avant tout l'activité pratique concrète del'homme, qui fournit le critère du vrai.. »