Condillac, La Logique ou les Premiers Développements de fan de penser
Publié le 09/09/2018
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Condillac, La Logique ou les Premiers Développements de l'art de penser, 1780
Je sais qu’un triangle est évidemment une surface terminée par trois lignes, parce que, pour quiconque entend la valeur des termes, surface terminée par trois lignes est la même chose que triangle. Or, dès que je sais évidemment ce que c’est qu’un triangle, j’en connais l’essence ; et je puis dans cette essence découvrir toutes les propriétés de cette figure.
Je verrais également toutes les propriétés de l’or dans son essence, si je la connaissais. Sa pesanteur, sa ductilité, sa malléabilité, etc., ne seraient que son essence même qui se transformerait, et qui, dans ses transformations, m’offrirait différents phénomènes ; et j’en pourrais découvrir toutes les propriétés par un raisonnement qui ne serait qu’une suite de propositions identiques. Mais ce n’est pas ainsi que je les connais. À la vérité, chaque proposition que je fais sur ce métal, si elle est vraie, est identique. Telle est celle-ci : L'or est malléable; car elle signifie : Un corps que j'ai observé être malléable et que je nomme or, est malléable, proposition où la même idée est affirmée d’elle-même.
Lorsque je fais sur un corps plusieurs propositions également vraies, j’affirme donc dans chacune le même du même : mais je n’aperçois point d’identité d’une proposition à l’autre. Quoique la pesanteur, la ductilité, la malléabilité ne soient vraisemblablement qu’une même chose qui se transforme différemment, je ne le vois pas. Je ne saurais donc arriver à la connaissance de ces phénomènes par l’évidence de raison : je ne les connais qu’après les avoir observés, et j’appelle évidence de fait la certitude que j’en ai.
■ Idée centrale
Condillac distingue deux sortes d'évidence : il y a d'une part l'évidence « de raison », qui concerne les notions mathématiques, et de l'autre l'évidence « de fait », qui se rencontre dans la connaissance du monde empirique.
«
•
Plan
• L« essence n du triangle est don née par sa stricte définition ; elle inclut
toutes ses proprié tés possi bles (évidence « de raison n).
• Si la co nnai ssance de l'esse nce d'un objet empirique était de même livrée
par sa définition, il serait possible d'en déduir e toutes les proprié tés par
la vertu du seul raisonnemen t.
Les propo sitions formu lées sur les qua li
tés d'un objet sont « iden tique s >>, c'est -à-dir e qu' elles resse mblent à des
tautologies.
• Mais l'accu mulation de proposi tions « ide ntiques » sur un même objet
ne perme t pas de repérer l'identi té entr e ces propositions : el les ne se
déduisen t pas les unes des autres.
• La connais sance de l'objet relève en effet de l'ob serva tion.
C'est pourquoi
l'é vide nce qui le concerne doit être dite « de fait », et non «de raison ».
• Au broutllon
• Dé fini tions : « essence » (ici, non méta physi que: il s' ag it de la« natu re))
ou défi nitio n); « propositions identiques » : propositions substitu ables les
un es aux autres, comme dans un rais onnem ent mathémat ique, c'est-à-dire
«t autologiques )) (tauto logie néanm oins féconde, parce qu'expl icitée) ;
« évide nce de raison )> :évidence qui provient unique ment de ce qu' établit
la raison (dans la défi nition d'un objet mathématique et les déductions le
concer nant).
• Noter la positi on anticart ésienne de Condil lac : il affirme la nécessité de
l'ob servation (qui implique une expé rience) pour établir des évidences « de
fait », là où Descar tes (ana lyse du mor ceau de cire) mo ntrait que la percep
tion sensible est imp uissante à conn aître un objet et doit laisser la place à
un e « inspection de l'esprit )).
• Ouvertures possibles
• On peut retrouver l'opposition entre conn aissa nce rat ionnelle (logico
mathéma tique) et conna issance empirique chez Kant.
Ce dernier affirme lui
aus si: 1.
que le concept mathématiqu e inclu t toutes les prop riétés que l'on
en pou rra déduir e ; 2.
que l'expérim entation est nécessa ire pour établir la
connai ssance du monde empirique.
• De même, « évi denc e de raison )) et « évide nce de fait )) annonc ent la
dif férence admise entre vérité « fo rmelle >) et vérité « empirique )),.
»
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