Concepts de la pensée de Rousseau
Publié le 23/03/2015
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Et l'asservissement à un seul ne peut être que le fait d'hommes épars : si «le peuple promet simplement d'obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple ; à l'instant qu'il y a un maître il n'y a plus de souverain et dès lors le corps politique est détruite«.
Outre sa distinction d'avec Pufendorf, Rousseau est donc aux antipodes de Hobbes pour qui l'unité du corps politique tient dans le fait même de se soumettre au souverain.
Dans les définitions que Rousseau donne à la suite de l'énoncé du pacte social, le citoyen est membre du corps politique lorsqu'il participe à l'autorité souveraine, alors que ce même membre est sujet, «comme soumis aux lois de l'État«.
Le chapitre treize du livre trois retrouve un sens plus large du terme : «ces mots de sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l'idée se réunit sous le seul mot de citoyen;«.
Ce terme a chez Rousseau le sens que lui donne à l'époque l'Encyclopédie : «ordre qu'un supérieur dans une maison donne à un inférieur«.
De même, à propos du législatif : «Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement2«.
La volonté générale, à laquelle chacun s'aliène totalement, n'est pas étrangère à la personne des contractants3, et tout ce que semble perdre l'individu lui revient immédiatement.
Elle correspond au fait de vaincre ses passions, entendons par là les passions mondaines, issues de l'amour-propre, qui engendrent haine, dissension, et séparent l'homme de lui-même.
Elle se réalisera dans la liberté politique, si tant est que les influences néfastes de la société et les préjugés de l'éducation permettent l'institution d'une société légitime avant d'avoir complètement perverti la liberté naturelle ; sur cette liberté naturelle et sa perversion, cf. Émile II pp. 308-310.
Mais il n'en instaure pas moins un pouvoir absolu qui aura de plus une valeur morale en contraignant les volontés à plier sous le joug de la loi comme face à la nécessité naturelle, c'est-à-dire sans chercher --- en principe --- à influer sur elle.
Il faut donc distinguer parmi la soumission entre celle qui relève des rapports d'autorité interindividuels et celle qui préserve l'indépendance de chaque volonté envers autrui.
«
56 Rousseau, Du contrat social
l'individu retrouve dans le citoyen, au-delà des oppositions de l'état de
guerre et des identités déconstruites par l'égoïsme et l'amour-propre.
S'il
fallait retrouver ici ce qu'Engels reconnaîtra comme dialectique, nous
aurions aussi, en plus de la transformation de la quantité en qualité, une
négation de la négation.
Association.
C'est, avec la soumission, une des deux formes du contrat
social.
Mais elle s'oppose pour Rousseau à
la soumission et ne saurait se
combiner avec elle à la manière dont Pufendorf envisageait un double
contrat, association d'abord, soumission ensuite.
L'association suffit à elle
seule pour constituer l'unité qui définit la société politique et lui donne la
force suffisante pour garantir la sécurité des personnes et des biens.
Plus
encore : cette unité est perdue dès que l'on retrouve une soumission à un
tiers : « que des hommes épars soient successivement asservis à un seul, en
quelque nombre qu'ils puissent être,
je ne vois là qu'un maître et des
esclaves,
je n'y vois point un point et son chef ; c'est si l'on veut une agré
gation, mais non pas une association!
».
Et l'asservissement à un seul ne
peut être que le fait d'hommes épars : si
« le peuple promet simplement
d'obéir, il se dissout par cet acte,
il perd sa qualité de peuple ; à l'instant
qu'il y a un maître il n'y a plus de souverain et dès lors
le corps politique est
détruit2
».
Outre sa distinction d'avec Pufendorf, Rousseau est donc aux
antipodes de Hobbes pour qui l'unité
du corps politique tient dans le fait
même de se soumettre au souverain.
Citoyen.
Dans les définitions que Rousseau donne à la suite de l'énoncé
du pacte social,
le citoyen est membre du corps politique lorsqu'il participe
à l'autorité souveraine, alors que ce même membre est sujet,
« comme
soumis aux lois de
l'État».
Le chapitre treize du livre trois retrouve un sens
plus large du terme :
«ces mots de sujet et de souverain sont des corréla
tions identiques dont l'idée se réunit sous
le seul mot de citoyen3 ».
Ce sens
est plus proche de la constitution réelle
du corps politique : le citoyen a
beau se distinguer de l'homme naturel comme nous le rappelle le début
d'Émile 1, c'est le même individu qui est à la fois homme et citoyen, et le
politique doit prendre en compte les deux points de vue, tant pour les
volontés particulières qui s'opposent à l'intérêt général (cf.
Contrat social 1
1.
Contrat social 1 5 p.
359.
2.
Ibid.
II 1 p.
369.
3.
Ibid.
III 13 p.
427..
»
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