CONCEPTION HÉDONISTE ET UTILITARISTE DE LA VIE MORALE
Publié le 07/06/2012
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Les systèmes hédonistes et utilitaires ont ceci de commun qu'ils placent la fin dernière de l'homme dans le bonheur temporel et considèrent comme moralement bon ce qui le procure. Les principaux sont : 1° l'hédonisme; 2° la morale de l'intérêt personnel on épicurisme; 3° la morale de l'intérêt général : utilitarisme proprement dit : a) de Bentham, b) de Stuart Mill. A ces conceptions hédonistes et utilitaristes, on peut ajouter les systèmes de morale fondés sur les faits; 4° la morale d'après l'évolutionnisme (Spencer); 5° la morale de la solidarité; 6° la morale sociologique; 7° la morale « sans obligation ni sanction n (Guyau)....
«
314 MORALE THÉORIQUE
1 'on entend par plaisir le plaisir sensible, cette morale est la né gation de toute sagesse :
a) Elle méconnaît la vraie nature de l'homme, qui n'est pas un être purement sensible, une brute.
Il méconnaU aussi la vraie nature du plaisir, qui n'a point par lui-même le caractère d'une fin : il n'est qu'un stimulant pour l'activité, un moyen.
dont la nature se sert, soit pour nous aider à réaliser le bien, soit, au contraire, pour nous former au sacrifice, qui est l'âme de la moralité.
b) Qui ne voit d'ailleurs la conséquence d'une telle morale~ Soumettre la vie humaine à la conduite des plaisirs sensuels, c'est d'abord, entraver le développement des tendances supérieures :
" La sensualité et la recherche des jouissances empêchent le dévelop pement des sentiments idéaux, affaiblissent l'énergie de ..
la volonté et en trent souvent en conflit avec les exigences de la c.onservation physique.
La
jouissance sensuelle rétrécit le cœur.
Eile se partage rarement avec les autres, et souvent ne s'obtient qu'à leurs dépens.
» (F.
Challaye.)
C'est, en outre, ouvrir la porte aux excès les plus honteux, c'est légitimer l'emploi de tous les moyens susceptibles de procurer du plaisir : la ruse, le mensonge, le libertinage deviennent licites; on peut même dire que ce sont des devoirs.
(Conséquences de tels principes : a) pour l'individu : dégradation intellectuelle, morale, physique; b) pour les peuples : despotisme, anarchie, ruine.) - EN coNCLUSION, ce que la morale exige, ce n'est nullement de supprimer le plaisir, car le plaisir est naturèl à l'homme ; ce qu'elle réclame, c'est une discipline, et souvent sévère, des instincts phy siques : telle est la condition pour que la vie du corps.
au lieu d'être un obstacle à la vie de l'esprit, vienne s'y intégrer~ et contri buer au développement de la vie intellectuelle et morale (1).
(1) Ascétisme et hédonisme.
A l'hédonisme s'oppose l'ascétisme.
Considéré en général, l'ascétisme
est un genre de vie sévère et mortifiée ayant pour but de soumettre les
sens à la raison, le corps à l'esprit.
Ainsi entendu, l'ascétisme est non seulement légitime, c'est un devoir absolu, la condition de l'empire sur soi-m~me, de la domination des instincts.
Mais ce serait une erreur de poser en principe que la souffrance est un bien et que le plaisir est un mal.
La psychologie nous fournit à ce sujet de précieusé indications (Cf.
p.
152), que Malebranche résume dans
cette juste affirmation : " Il faut dire les choses comme eUes sont : le
plaisir est toujours un bien et la douleur toujours un mal ; mais il n'est pas toujours U\antageux de jouir du plaisir, et il est quelquefois avan tageux d,e souffrir la douleur.
» Par suite, ce serait un ascétisme mal compris que de négliger, de com promettre volontairement la santé du corps, d'ébranler le système nerveux par des privations excessives, ce qui produirait souvent le contraire du.
»
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