Devoir de Philosophie

Comte: Intelligence et politique

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

On ne doit pas, sans doute, exagérer l'influence de l'intelligence sur la conduite des hommes. Mais certainement, la force de la démonstration a une importance très supérieure à celle qu'on lui a supposée jusqu'ici. L'histoire de l'esprit humain prouve que cette force a souvent déterminé, à elle seule, des changements dans lesquels elle avait à lutter contre les plus grandes forces humaines réunies. Pour n'en citer que l'exemple le plus remarquable, c'est la seule puissance des démonstrations positives qui a fait adopter la théorie du mouvement de la terre, qui avait à vaincre non seulement la résistance du pouvoir théologique, encore si rigoureux à cette époque, mais surtout l'orgueil de l'espèce humaine tout entière, appuyé sur des motifs les plus vraisemblables qu'une idée fausse ait jamais eus en sa faveur. Des expériences aussi décisives devraient nous éclairer sur la force prépondérante qui résulte des démonstrations véritables. C'est principalement parce qu'il n'y en a jamais eu encore dans la politique, que les hommes d'Etat se sont laissés entraîner dans de si grandes aberrations pratiques. Que les démonstrations paraissent, les aberrations cesseront bientôt.

Le problème de ce texte est le suivant : faut-il considérer la force logique - celle de la démonstration - comme un fétu de paille devant les forces plus concrètes, parce que matérielles, de la société, du pouvoir politique, des mouvements historiques, ou bien faut-il voir au contraire dans la force des idées une force réelle, capable de rivaliser sur le terrain des conditions historiques ?    La réponse de COMTE est sans ambiguïté : il ne faut pas sous-estimer la force démonstrative : elle n'est pas seulement théorique, mais pousse véritablement les hommes à intégrer dans leurs décisions pratiques.    COMTE exprime ainsi une véritable confiance dans la raison, conforme à la philosophie du positivisme.    

« idées théoriques et source profonde des décisions pratiques de l'humanité. L'hétérogénéité dont nous parlons est encore soulignée dans le deuxième moment du texte, qui détaille les "forceshumaines" qui luttent contre les idées vraies : le "pouvoir théorique" et "l'orgueil de l'espèce humaine". Si le pouvoir théologique est lié étroitement à l'exemple choisi - celui de GALILEE -, L'orgueil dont parle ici COMTEindique bien l'ancrage profond dans la psychologie humaine la plus générale, des forces qui rendent ou qui tendent àrendre l'esprit aveugle aux évidences de la logique. COMTE retrouve ici, implicitement, le thème de l'Allégorie de la caverne par laquelle PLATON illustrait dans LaRépublique la cécité des hommes aux idées. L'"idée fausse", comme l'opinion chez PLATON, s'appuie sur une absence d'examen rationnel de son contenu. Dans le dernier moment du texte, COMTE transpose son analyse : son affirmation est abrupte : "que lesdémonstrations paraissent, les aberrations cessent". Ce point pouvait être discuté, malgré la rigueur de la réflexion comtienne, qui s'appuie sur l'unité d'essence de ladémonstration, qu'elle soit théorique au sens des sciences de la nature, ou théorique au sens de la théorie politique. On peut accorder la conséquence : s'il existe des démonstrations en science politique, elles sont efficaces contreles préjugés politiques des hommes d'Etat et des citoyens en général.

Mais le principe est plus difficile à accorder :existe -t-il des démonstrations en théorie politique, comme il en existe en sciencesphysiques ? Cette affirmation positiviste pouvait être soumise à examen. V - DES REFERENCES POSSIBLES - PLATON, Gorgias :La force du dialogue socratique rationnel contre les sophistes. - MARX, L'Idéologie allemande :La nature pseudo scientifique des idéologies politiques. VI - LES FAUSSES PISTES Il fallait repérer la nature purement théorique de la contrainte démonstrative, afin d'élucider le paradoxe apparent del'affirmation centrale du texte. Une autre difficulté portait sur les termes "aberrations pratiques", qu'il était bon d'illustrer d'exemples historiquespour bien clarifier l'analyse - Louis XIV concentrant tous les pouvoirs dans une monarchie absolue de plus en plusdéréglée. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Texte plus difficile que sa formulation transparente ne le laissait croire.L'optimisme extrême qui s'y manifeste pouvait amener le candidat à réfléchir sur les illusions politiques, sur la forcedes idées dans l'action historique, sur les conditions globales de l'efficacité politique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles