Comprendre son passé est-il nécessaire pour construire son avenir ?
Publié le 18/01/2004
Extrait du document
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que cet homme sait d'expérience, ce qu'il sait pour l'avoir éprouvé, vaudrait plus que toute théorie.
L'habitude,comme fruit de l'expérience, serait même comme l'affirme Hume «le grand guide de la vie humaine».
Une telleconception oublie que l'habitude n'engendre le plus souvent que des préjugés.
Or rien n'est plus éblouissant qu'unpréjugé.
Il arrive donc fort fréquemment que l'éclat de la vérité ne soit que la patine du temps et que notrecertitude ne soit pas le fait de la raison mais simplement l'éloquence de nos désirs.Sur le plan de l'action, les situations que nous rencontrons sont parfois si singulières et complexes que les leçons dupassé ne servent à rien sans la capacité d'analyser rapidement les données du problème.
Sur le plan de laspéculation, on peut même soutenir, avec Descartes, que les leçons de la vie ne sont d'aucun secours.
Le voyageurégaré dans la forêt qui hésite sur la direction à suivre doit prendre des décisions qui lui permettront de sortir de sonétat de doute.
La loi de l'action est d'être raisonnable quand elle ne peut être rationnelle.
Ce qui est raisonnablec'est de ne pas hésiter perpétuellement sur la direction à prendre, même si un choix irrationnel met fin à ladélibération.Aussi Descartes conseille-t-il au voyageur égaré de marcher le plus droit qu'il peut vers un même côté car arriverquelque part est mieux que piétiner sur place.
En revanche, l'esprit en quête de vérité doit provoquer des raisons dedouter et se méfier de la séduction du probable car il peut arriver que ce qui nous paraît probable et même trèsprobable soit faux et que ce qui est vrai ne nous paraisse pas probable.
— Il faut, assure-t-on, «acquérir de l'expérience » pour atteindre une certaine maturité, savoir se conduire,effectuer des choix judicieux, etc.
Que peut nous apporter l'expérience ainsi acquise au quotidien?— Elle se présente spontanément au sujet, qui la «reçoit»: il reste passif, et interprète ce qu'il voit ou éprouve enfonction de sa propre subjectivité.— Dans ces conditions, et qu'elle soit « heureuse » ou «malheureuse», l'expérience quotidienne ne peut avoir desens que par rapport aux normes ou valeurs que le sujet possédait déjà.
Elle s'inscrit dans un parcours singulier —d'où, dans la façon dont elle est rapportée, l'insistance fréquente sur son caractère exceptionnel, et l'attention audétail «significatif».— L'accumulation de telles expériences apprend, dit-on, « à vivre».
Elle serait donc orientée vers l'acquisition d'une« sagesse » — au sens populaire — et non d'un savoir théorique.
Ce qui lui interdit d'accéder à ce dernier, c'estprécisément sa singularité — le savoir exigeant au contraire l'universalité.
C'est aussi bien la dimension purementsensible, empirique, ou affective, alors que, pour qu'il y ait savoir, il faut des concepts et une élaboration abstraite.
La personnalité se construit pendant l'enfancePour Freud, les événements déterminants pour la constitution de lapersonnalité ont lieu pendant la petite enfance.
Ils sont ensuite rejetés dansl'inconscient et recouverts par une chape d'oubli.
Certains de ces événementspeuvent être traumatisants et provoquer des troubles de la personnalité àl'âge adulte.
La psychanalyse a pour but de guérir le patient par une «cure»,en lui faisant prendre conscience de ce passé enfoui.
L'histoire nous permet de comprendre l'actualité et de préparer l'avenirLe présent est souvent bien incompréhensible.
Pourquoi telle explosion deviolence dans un corps social ? Pourquoi voit-on l'actualité comme une suited'événements accidentels voire fortuits ? Réponse : l'ignorance de la situationpassée interdit de comprendre ce présent que nous vivons mais dont le sensnous échappe.
A un niveau individuel, la connaissance et la recherche autravers d'une psychanalyse des traumatismes qui ont structuré notrepersonnalité psychique sont autant de moyens pour mieux comprendre ce quel'on est au présent et que l'on doit au passé, considéré comme élément destructuration de sa propre histoire.
Il semble donc aller de soi que l'on estdépendant du passé pour comprendre le présent.
[Ce n'est qu'en rompant avec son passé que l'on peut construire librement son avenir.
Ce qui est important, ce n'estpas ce qui est derrière nous, mais ce vers quoi nous allons.]
Les hommes décident librementIl n'est pas nécessaire de comprendre le passé pour construire l'avenir.
L'homme peut forger son avenir suivant sespropres projets, dans la nouveauté et la liberté..
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