COMPETENCE II : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS DE L’HOMME DANS LA SOCIETE. THEME : Les conditions de la liberté Leçon 1 : La connaissance de l’homme
Publié le 15/10/2023
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COMPETENCE II : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX
CONDITIONS DE L’HOMME DANS LA SOCIETE.
THEME : Les conditions de la liberté
Leçon 1 : La connaissance de l’homme
Situation d’apprentissage :
Pendant le cours d’EPS, le chef de classe de la TA du Collège Saint Jean Bosco de
Treichville, d’ordinaire calme et respectueux, agresse violemment sa voisine.
Pour
comprendre le comportement imprévisible de leur camarade, les élèves cherchent à
connaître les caractéristiques de l’homme, établir le lien entre le déterminisme
psychologique et la responsabilité humaine et apprécier la complexité de la nature
humaine.
Tableau des habiletés/contenus
Habiletés
Connaître
Expliquer
Etablir
Contenus
La conscience
La mémoire
L’inconscient
La liberté
La violence
La conscience comme
caractéristique de l’homme
La mémoire comme caractéristique
de l’homme
L’inconscient comme une autre
dimension de l’homme
Les limites de la conscience dans la
connaissance de l’homme
La relation entre le déterminisme
psychologique et la responsabilité
de l’homme
Apprécier
La complexité de la nature humaine
INTRODUCTION
Tout homme aspire à la liberté.
Cette aspiration ou quête de liberté semble parfois difficilement
réalisable à la vue des nombreuses entraves dont elle fait continuellement face.
Ainsi, dans sa
quête de liberté, le premier des obstacles qui se pose à l’homme est sans nul doute lui-même, en
raison de la complexité de sa nature.
Connaître l’homme revient à savoir ce qui fait son essence,
c’est-à-dire sa nature ou ce qu’il est ; cela revient aussi à mettre en exergue ses caractéristiques
essentielles.
Généralement l’homme est défini comme un être conscient ou pensant ayant une
maitrise de lui-même et de ses actes.
Pourtant, il y a des moments où certains de ses actes
semblent échapper à son contrôle.
Dès lors, la connaissance de l’homme se réduit-elle à la
conscience ? L’homme est-il toujours responsable de ses actes ?
I.
LES CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES DE L’HOMME
L’homme est caractérisé par la conscience, la mémoire et la liberté.
A.
L’homme, un être de conscience
Du point de vue philosophique ou religieux, l’homme se définit par la conscience.
Mais que
signifie-t-elle ? Etymologiquement, le mot « conscience » dérive de la formule latine « cum
scientia » qui signifie littéralement « accompagner de savoir ».
Selon André LALANDE
(1867-1963) « La Conscience est l’intuition plus ou moins claire que l’esprit a de ses états et
de ses actes.
» (Cf.
Vocabulaire technique et critique de la philosophie).
Ces définitions mettent
en évidence la conscience comme étant la connaissance que l’homme a de lui-même (ses états
d’âme, ses sensations, ses sentiments, ses prescriptions, ses pensées…) ainsi que la capacité de
porter des jugements de valeur sur ses actes et sur ceux d’autrui.
Ainsi, la conscience a deux
dimensions : l’une psychologique et l’autre morale.
1.
La conscience psychologique
On la conçoit tout d’abord comme conscience spontanée ou intuitive.
C’est-à-dire qu’elle est la
saisie directe ou immédiate de ce qui nous entoure (le monde).
Ensuite on l’appelle conscience
réfléchie, car c’est grâce à elle que le sujet sent qu’il sent, sait qu’il sait, pense qu’il pense.
Cela
veut dire aussi qu’être conscient, c’est penser, agir, percevoir et savoir en même temps qu’on
pense, qu’on agit, qu’on perçoit.
Pour René Descartes (1596-1650), la conscience de soi est à la
fois le modèle et le premier exemple de toute certitude.
Parti à la recherche d’une réalité
qu’aucun doute ne pourrait entacher, il arriva à la conclusion qu’on pouvait douter de tout, du
monde extérieur et même de son propre corps, mais qu’il y a quelque chose dont on ne peut pas
douter, c’est de sa pensée, car douter, c’est penser, or penser c’est être.
D’où cette affirmation qui
énonce l’idée de la conscience psychologique : « Cogito ergo sum, sum res cogitan », c’est-àdire « je pense, donc je suis ; je suis un être pensant » (Cf.
Discours de la méthode).
Pour lui,
l’homme est essentiellement conscient.
2.
La conscience morale
La conscience morale est la capacité qu’a l’homme de pouvoir juger ses propres actions en bien
comme en mal.
C’est ce qui permet à l’homme de poser un acte et de juger la valeur de cet acte,
de savoir par la conscience, s’il a bien agi ou non.
Ainsi, la conscience installe l’homme dans une
position où des principes se transforment en des impératifs qui sont susceptibles de lui faire
éprouver du remords : c’est le cas de conscience.
On pensait jadis qu’un acte était jugé trois fois :
par la conscience, la société et par Dieu.
De ces trois tribunaux, la conscience était vue comme le
don et la voix (ou le regard) de Dieu.
C’est pourquoi Jean Jacques Rousseau (1712 - 1778)
l’appelait « l’instinct divin ».
Dans Emile ou De l’éducation, il affirme ceci : « Conscience !
Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à un dieu.
C’est toi qui fais l’excellence de la nature et la moralité de ses actions ».
Tous les hommes ont
donc en eux le sens et la notion du bien et du mal qui leur vient de la conscience morale qui est à
la fois innée et produit de la société à laquelle on appartient.
3.
La conscience comme intentionnalité
Le cogito de Descartes semble faire fi de la nature même de la conscience, comme ouverture sur
le monde et sur soi.
C’est ce que Husserl essaye de montrer.
Du latin intentio, « action de tendre
vers », ce terme est utilisé par Husserl pour désigner l’acte par lequel la conscience se rapporte à
l’objet qu’elle vise.
Husserl (1859-1938) affirme en ce sens : « toute conscience est conscience
de quelque chose ».
Ce concept permet de redéfinir la conscience comme n’étant pas une
substance (comme le veut Descartes) mais un vécu dont le propre est de donner une signification
aux objets vers lesquels elle se projette.
On ne peut donc pas la penser indépendamment des
objets qu'elle vise.
C'est toujours un objet que la conscience vise, son intention est de saisir
l'extérieur, de saisir ce qu'il y a autour de soi.
4.
La conscience face à autrui
L'homme a besoin du rapport à autrui pour prendre conscience de lui-même.
La confrontation à
l'altérité, c'est-à-dire à autrui, est nécessaire à la constitution de la conscience de soi.
Pour avoir
réellement conscience et connaissance de lui-même, l'homme a besoin du rapport à autrui, il
prend conscience de lui à travers le regard et la reconnaissance des autres.
La conscience
rencontre ainsi d'autres consciences, c'est ainsi, pour Jean-Paul Sartre (1905-1980), qu'elle
devient conscience de soi.
En effet, l'être humain découvre son existence et sa singularité en se
confrontant à une autre conscience, en se confrontant à autrui.
C’est pourquoi il le définit ainsi :
« Autrui, c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi ».
Pour Sartre, autrui est l’autre
qui n’est pas soi, mais qui nous ressemble, et cette altérité (cette différence) permet d’accéder à la
conscience de soi.
Sans autrui, l’être humain ne peut avoir la même conscience de lui-même.
La
conscience de soi se perçoit dans le rapport à l’autre.
Pour Hegel (1770-1831), également, l'existence d'autrui est indispensable à l'existence de la
conscience de soi, on ne peut y accéder que si autrui nous reconnaît.
C'est ce qu'il développe dans
la dialectique du maître et de l'esclave.
Selon lui, « Toute conscience poursuit la mort de
l’autre ».
En effet, La conscience veut qu'une autre conscience la reconnaisse comme conscience.
Cette confrontation avec l'autre mène à l'inégalité et l'asservissement, car chacun souhaite
asservir l'autre pour être reconnu par lui.
5.
L'influence de la société sur la conscience de soi
Si le monde extérieur est déterminant dans la construction de la conscience de soi, le fait que
l'homme vive au milieu d'autres hommes est probablement un fait tout aussi déterminant.
Karl
Marx explique que l'être humain ne peut avoir pleinement conscience de lui-même que s'il a
conscience de l'influence de la société dans laquelle il évolue, de la place qu'il y occupe.
Il
considère que le système de pensée de chacun est conditionné par ses « conditions matérielles
d'existence ».
C’est pourquoi il affirme : « Ce n'est pas la conscience des hommes qui
déterminent leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur
conscience.
» (Préface de la Contribution à la critique de l'économie politique).
Pour lui, ce n'est
pas la conscience qui détermine ce qu'est l'être humain, ce sont les conditions matérielles qui vont
déterminer sa façon de penser et de se représenter sa vie et son monde.
Pour Karl Marx, la
condition socioéconomique de l'être humain prime sur sa conscience.
On parle alors de
matérialisme philosophique.
B.
L’homme, un être de mémoire
La conscience a aussi une fonction de rétention et de restitution.
En ce sens elle renvoie à la
mémoire.
C’est donc la faculté de conservation des idées et des pensées antérieurement acquises.
Ici, la conscience transforme des faits en idées au point d’être capable de les conserver, les
accumuler et de les réactiver sous forme de souvenirs.
C’est pourquoi Henri Bergson (18591949), affirme dans....
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