Comparez La Bruyère auteur des Caractères à Montesquieu auteur des Lettres persanes. ?
Publié le 30/03/2009
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- Début. — Suivant de peu La Bruyère, Montesquieu songe naturellement à exploiter la même veine et sera le peintre satirique de l'époque de la Régence. Son ouvrage, qui doit beaucoup à celui de son prédécesseur, en diffère pourtant sur de nombreux points.
- 1. L'observation. Chez l'un et chez l'autre, une part d'observation pittoresque qui vise à divertir : la vie de société, les salons. Mais La Bruyère s'intéressera Ja nature humaine, il va du dehors au dedans, du physique au moral.
Montesquieu en reste à la superficie plaisante, feuilletonniste ou chroniqueur mondain : aspects nouveaux de la vie parisienne, la coquetterie des femmes, la rue, les clubs, les cafés.
- 2. Les idées morales. La Bruyère, chrétien pessimiste, mais nullement révolutionnaire. Montesquieu, philosophe rationaliste, qui annonce les Encyclopédistes.
- 3. La satire sociale : Chez La Bruyère elle est contrainte par la prudence, le respect du souverain, des institutions, de la hiérarchie (les financiers, les grands).
Chez Montesquieu elle est beaucoup plus hardie, s'attaque à l'absolutisme, au favoritisme dans la monarchie, à la noblesse, à la magistrature, au clergé. Il raisonne même sur les diverses sortes de gouvernements (Troglodytes).
- 4. Le style. Plus travaillé chez La Bruyère, plus coloré, plus savoureux. Chez Montesquieu, plus sec et plus abstrait, mais d'un vif agrément : le persiflage.
- Conclusion. — Les Caractères sont un plus grand livre, plus substantiel et d'un intérêt permanent. Les Lettres Persanes doivent plus à l'actualité, mais annoncent chez Montesquieu les livres plus profonds qui vont suivre : c'est le « plus sérieux des livres frivoles «.
Liens utiles
- Arrias, L'homme universel, de La Bruyère (Caractères, chap. v, n° 9), et le Décisionnaire des Lettres Persanes de Montesquieu (LXXII).
- Arrias, l'homme universel, de La Bruyère (Caractères, chap. V, n° 9), et le Décisionnaire des Lettres Persanes de Montesquieu (LXXII)
- Montesquieu dit dans un discours à l'Académie de Bordeaux, en 1725 : « Il ne faut pas. juger de l’utilité d’un ouvrage par le style que l’auteur a choisi : souvent on dit gravement des choses puériles, souvent on dit en badinant des choses très sérieuses. » Commentez ces paroles en les appliquant à leur auteur. Il faisait allusion aux Lettres persanes (1721). Vous pouvez vous souvenir aussi de /'Esprit des Lois (1748).
- Montesquieu, Lettres Persanes, « Lettre XXXVIII »: En quoi cette lettre fictive argumentative présente la thèse de l'auteur au sujet de la liberté féminine et de ses rapports avec l'homme ?
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