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Comparaison de l'observation interne et de l'observation externe ou sensible. Comparer l'expérience en physique et en psychologie.

Publié le 31/05/2011

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physique

 

A. — 1. L'instrument de la perception intérieure et l'objet à étudier sont toujours à notre portée; il n'en est pas de même pour l'objet et les instruments de la perception extérieure. — La psychologie étudie l'âme, a l'âme pour objet, et son instrument d'étude est la conscience, c'est-à-dire l'âme. Il en résulte que la perception intérieure peut se faire partout, à tous les moments et dans toutes les circonstances. Qui ne se sent libre de faire, quand il lui plaît, son examen de conscience, c'est-à-dire qui ne peut toujours descendre en lui-même pour analyser ses sentiments, ses idées, ses volontés? Cet examen est toujours possible, que nous soyons malades ou bien portants, au milieu des embarras d'un voyage ou commodément assis à notre foyer. 

physique

« leurs effets; mais nous n'apercevons pas ces causes, nous ne les saisissons nulle part.

Si nous ne doutons pas del'existence des causes, des forces physiques, puisque tout phénomène a une cause, cela ne veut pas dire que nousles voyons, que nous les saisissons; elles nous échappent, et nous n'en pouvons pas connaître la nature.

Noussavons qu'elles sont, mais nous ne savons pas quelles elles sont; nous ne doutons pas de leur existence, mais nousignorons leur nature.

Ce qui le prouve, ce sont les noms divers que l'on donne à ces forces qui agissent dans lemonde physique et qu'on désigne par ces mots : magnétisme, attraction, calorique, électricité, etc.

On a vouluramener à l'unité ces forces naturelles et dire qu'elles n'étaient toutes que du mouvement; cette hypothèse a reçude l'expérience de surprenantes confirmations, mais ce n'est encore qu'une hypothèse; de même, le principe desfaits physiologiques, la vie, existe incontestablement, mais elle nous échappe également ; aussi les définitions qu'ona essayé d'en donner ont dû être rejetées.

En psychologie, la cause des faits, le moi, est connue en elle-même.Quand il s'agit des faits physiques, il nous faut attendre la production de ces faits pour connaître les propriétés, leseffets seuls nous dénoncent les causes; mais, quand il s'agit de l'âme, nous saisissons la cause avant même d'êtretémoins d'un phénomène; avant d'avoir agi, je sais que je puis agir.

— Ajoutons enfin que les faits physiologiquess'accomplissent souvent en nous à notre insu sans que nous en ayons conscience, tandis qu'un homme ne peutsentir, penser et vouloir sans savoir qu'il veut, qu'il sent et qu'il pense.Ces considérations expliquent comment Descartes, ayant mis tout en doute, Dieu et la nature, puis s'étant malgrélui senti arrêté devant une révélation du moi (cogito, ergo sum), a pu dire, quand il ne se croyait encore assuré nide l'existence de son corps ni de l'existence de Dieu : c L'esprit est plus aisé à connaître que le corps.

» B.

— 1.

D'un autre côté, la difficulté de la réflexion et la domination qu'exercent sur nous les faits extérieurs rendentbien difficile l'observation psychologique.

— S'observer, descendre en soi-même, c'est réfléchir, c'est-à-dire sereplier sur soi-même en se dérobant pour ainsi dire à l'action des choses extérieures qui nous entourent.

Cela seulindique combien pareille opération est pénible, et nous en avons pour preuve l'expérience de chacun de nous; ilsemble que la nature nous a créés distraits, tellement nous répugnons à la réflexion.

Pour que celle-ci pût se fairedans de bonnes conditions, il semblerait que nous dussions fermer nos yeux, nos oreilles, clore, pour ainsi dire,toutes les avenues de nos sens, nous isoler complètement du monde matériel, de façon qu'aucune forme n'attirâtnos regards, qu'aucun bruit ne frappât nos oreilles, qu'aucun objet extérieur ne se mît en communication avec notrecorps, qu'aucune odeur ne vînt affecter notre odorat; l'énumération seule de ces conditions indique qu'il nous estimpossible de nous soustraire complètement à cette action du monde matériel qui est un si grand empêchement à laréflexion.

C'était pour se dérober à cette action que Démosthène, suivant la tradition, se renfermait dans un caveaupour que ses yeux et ses oreilles n'offrissent aucune distraction à son esprit.

Et non seulement la réflexion nous estdifficile, non seulement nous avons peine à nous détacher du monde extérieur, mais encore nous nous sentonsattirés par lui ; le spectacle des choses extérieures nous captive.

Il n'est pas de travail si sérieux, de réflexion siprofonde qui ne soit facilement troublée par un bruit quelconque du dehors, et l'on cite comme exceptionnel,presque inouï, ce fait d'Archimède, qui, occupé à tracer des figures sur la poussière, ne s'aperçut pas que Syracuseétait prise.

Pascal a exprimé cette idée d'une façon pittoresque : a L'esprit de l'homme, ce souverain juge dumonde, n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui...Une mouche bourdonne à ses oreilles, c'en est assez pour le rendre incapable de bon conseil.

Si vous voulez qu'ilpuisse trouver la vérité, chassez cet animal qui tient sa raison en échec.

» Ces faits empruntés à l'observation denotre nature expliquent facilement pourquoi tant de gens se livrent avec ardeur et succès à l'étude de la physiqueou de la physiologie et pourquoi si peu se sentent attirés vers les méditations du philosophe et du métaphysicien.Malebranche éprouva, dit-on, des palpitations de coeur à la lecture d'un traité de Descartes; le fait est tellementrare que tout le monde le cite. 2.

Cette difficulté augmente encore par la tyrannie que l'amour-propre exerce sur nous.

— Les analysespsychologiques ne se font bien que sur soi-même, le moi d'autrui ne se révélant que par des signes extérieurs quipeuvent être et qui souvent sont trompeurs, parce qu'autrui peut avoir intérêt à nous dissimuler l'état réel et lanature vraie de son moi; d'après certains actes, nous lui attribuons maintes fois des vertus ou des vices qu'il n'apas.

C'est donc sur soi-même que chacun doit étudier le moi ; c'est ce qui a fait que Montaigne, voulant étudierl'âme humaine, s'est pris lui-même pour objet de ses études, et, observateur très fin, très scrupuleux, il nous arévélé le moi de l'humanité en nous révélant le sien, et il avait raison de procéder ainsi, bien que Pascal ne voie dansl'emploi de cette méthode que l'effet d'une misérable vanité.

Il faut donc s'observer soi-même; malheureusement lavanité, l'amour-propre ne nous permet guère de nous voir tels que nous sommes; il faut pour cela posséder un espritbien vigoureux, une volonté bien ferme.

Chacun aime à couvrir ses yeux d'un épais bandeau : « notre intérêt est unmerveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement, » a dit Pascal.

Tous, plus ou moins, nous sommesportés à nous exagérer nos vertus et à nous dissimuler nos défauts, quitte à nous dédommager à l'égard d'autrui:Nous sommes presque tous pour nous-mêmes comme le hibou de la Fontaine, qui croit que : Ses petits sont mignons,Beaux, bien faits et jolis sur tous leurs compagnons, quand en réalité ce sont : De petits monstres fort hideux.. »

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