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Commentez et discutez cette appréciation de Fernand Gregh au sujet des « Contemplations » :« Hugo y a passé définitivement du romantisme, du romantisme qui n'était qu'un moment littéraire, à l'humanisme éternel des grands classiques. » ?

Publié le 28/06/2009

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INTRODUCTION Victor Hugo est considéré comme le chef de file de la génération romantique et l'ensemble de son oeuvre paraît bien rassembler tous les procédés d'expression de ce courant de la sensibilité qui s'est épanoui pleinement en France entre 1820 et 183o. Les Contemplations, publiées la même année que Madame Bovary et que Les Fleurs du Mal, occupent une place privilégiée dans la vie de leur auteur, presque au milieu de la période de son activité créatrice. Ce livre apparaît par bien des aspects comme la manifestation suprême du romantisme. Cependant, comme nous le fait remarquer Fernand Gregh, il dépasse ce qui ne fut qu'une moment littéraire «, à la fois par sa signification et par la qualité de sa forme, rejoignant peut-être ainsi « l'humanisme éternel des grands classiques «. I. LE ROMANTISME DES « CONTEMPLATIONS « Une application des procédés Il est légitime de considérer de la versification romantique les Contemplations comme une illustration du romantisme. Les poèmes groupés dans ce recueil obéissent à une conception de la versification qui se fit jour dans les lettres françaises aux environs de 182o. Le principe fondamental de ce nouvel art poétique était celui de la liberté, par réaction contre les contraintes implacables imposées au vers classique. Victor Hugo a réuni là des textes de factures très diverses. Les mètres utilisés tour à tour varient, à l'intérieur même d'une seule pièce, s'adaptant à l'idée qu'ils expriment. Le rythme est extrêmement souple, transfigurant l'alexandrin d'une évocation à l'autre : il se fait ample, équilibré, solennel lorsqu'il doit suggérer le spectacle de Paris sous la nuit :

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« Nous doutons, nous tremblonsPendant que l'aube épand ses lumières sacréesEt que mai sur nos seuils mêle les fleurs doréesAvec les enfants blonds.

»(Pleurs dans la nuit) La réflexion adopte parfois le ton de la révolte, par exemple dans Melancholia.

Elle aboutit souvent à une aspirationvague de fusion dans le tout infini comme dans René de Chateaubriand : « Oh ! Les anges pensifs, bénissants et bénisSavent seuls sous les sacrés voiles,Ce qu'il entre d'extase et d'ombre et de ciel bleu,Dans l'éternel baiser de deux âmes que DieuTout à coup change en deux étoiles ! » Mais Victor Hugo ne se contente pas de développer ces thèmes pour répondre au goût de ses lecteurs de 1856.

Sapoésie révèle en lui un souci de tout ce qui concerne essentiellement l'homme. II.

L'EXPRESSION DES GRANDS PROBLÈMES HUMAINS Le véritable sujet des Contemplations c'est l'homme.

Victor Hugo a insisté sur cette idée dans sa préface :« Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.

Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé qui crois que jene suis pas toi.

» Ces « Mémoires d'une âme » nous peignent d'abord la destinée humaine dans constitue pour le poète un instantprivilégié dans l'existence dessine furtivement les gracieuses silhouettes de deux jeunes des hommes, nous estabondamment décrite.

Telle courte pièce ses aspects individuels.

L'enfance qui soeurs : « L'une pareille au cygne et l'autre à la colombeBelles et toutes deux joyeuses, ô douceur.

» Plus loin le poète insiste sur la pureté du rire des enfants : « Non le rire ironique aux sarcasmes moqueurs,Mais le doux rire honnête ouvrant bouches et coeurs,Qui montre en même temps des âmes et des perles.

» Tout le monde enfin garde présente en sa mémoire l'émouvante évocation de Léopoldine dans Pauca meae :« Elle avait pris ce pli dans son âge enfantinDe venir dans ma chambre...

» L'âme individuelle c'est aussi l'amour qui apparaît sous ses multiples visages : sauvage dans Elle était déchaussée, ilrevêt les grâces mondaines des personnages de Watteau dans La fête chez Thérèse, il se fait paisible et simpledans l'Anne en fleur : « Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,Nous fuirions, nous irions quelque part, n'importe oùChercher loin des vains bruits, loin des haines jalouses,Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses,Une maison petite avec des fleurs...

» La pensée de l'amour aboutit tout naturellement à une méditation sur le temps dans le poème intitulé Crépuscule : « Aimez-vous, la nuit tombe,Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.

» Mais les Contemplations paraissaient à une époque où la prise de conscience des données de la destinée humaine nepouvait être envisagée uniquement dans ces aspects individuels.

Désireux de nous présenter une image de l'hommela plus complète possible, leur auteur nous peint les individus à l'intérieur des groupes dans lesquels ils se rejoignent.Le texte le plus célèbre à ce point de vue est sans doute le long Melancholia qui déroule sous nos yeux la vastefresque des tares de la société de 1850.

Les humbles, tous ceux auxquels le monde moderne semble refuser le droitau bonheur, occupent une place privilégiée dans ce tableau. Une telle réflexion sur la souffrance des hommes trouve un prolongement dans l'expression d'une véritable doctrinemétaphysique qui tente de percer les secrets les plus profonds de la destinée humaine dans Au bord de l'infini.L'attitude du poète apparaît bien alors comme un humanisme, avide de paix et de bonheur pour tous les êtres ainsique le proclament ces deux vers de Ce que dit la bouche d'ombre : « Que sur toute existence et toute créature. »

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