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Commentez ce mot de Pascal : « Nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le dogmatisme. Nous avons une idée de la vérité invincible à tout le Pyrrhonisme.» ?

Publié le 16/12/2009

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pascal

 

  • INTRODUCTION

«Ce que le désir engendre, remarquait Valéry, est toujours ce qu'il y a de plus clair«. L'homme a tendance, en effet, à prendre ses désirs pour des réalités et c'est en ce sens qu'on peut dire que l'amour de la vérité est la cause de bien des erreurs. Parce qu'il aime la vérité, l'homme est disposé à tenir pour vraie toute proposition qui lui paraît seulement vraisemblable. Aussi devrait-on parler d'amour de la certitude plutôt que d'amour de la vérité, car le fait que nous soyons certains de détenir des vérités ne prouve nullement qu'il s'agisse de vérités certaines. Entre un dogmatisme qui tient à nos passions, et un scepticisme qu'engendre la raisonnement, l'homme est en quelque sorte ballotté : « nous avons une impuissance de prouver, dit Pascal, invincible à tout le dogmatisme. Nous avons une idée de la vérité invincible à tout le Pyrrhonisme«. Essayons d'abord de préciser le sens de cette formule.

 

  • I. COMMENTAIRE DE LA PENSÉE DE PASCAL

- A - On ne peut tout prouver.

André Gide conseille, dans les Nouvelles Nourritures, de ne croire à rien sans preuves. Cela paraît raisonnable en effet ; et l'on sait que l'esprit scientifique et l'esprit philosophique se caractérisent par le souci de ne rien affirmer qui ne puisse être démontré. Toutefois les moyens dont nous disposons pour prouver ne sont pas au-dessus de toute discussion. On distingue en effet deux types de preuves : par la déduction, je prouve qu'une proposition est vraie en montrant qu'elle est la conséquence de propositions dont je connais la vérité; par l'induction, je prouve qu'une proposition est vraie en montrant qu'on en tire des conséquences vraies. Or, il est clair que ni la déduction ni l'induction ne sont suffisantes : la faiblesse de la preuve déductive, c'est qu'elle suppose les principes connus et qu'elle ne prouve pas la vérité de ces principes ; la faiblesse de la preuve inductive, c'est qu'elle établit seulement une probabilité et non une certitude puisqu'il peut arriver que l'on tire des conséquences vraies de principes faux. On voit donc que l'on ne peut tout prouver rigoureusement et que par suite la vérité absolue nous est inaccessible et c'est en ce sens que Pascal a raison de dire: «Nous avons une impuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme«.

 

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« par l'expérience et le raisonnement, ses hypothèses restent des hypothèses.

Si l'esprit critique, si le doute sontessentiels à la science comme à la philosophie, c'est précisément parce que notre amour de la certitude nousconduit naturellement au dogmatisme et au fanatisme.

Il semble que la recherche authentique de la vérités'accompagne toujours du sentiment que la vérité est inaccessible; comme le disait Alain: «penser, c'est inventersans croire». - B - En un sens le scepticisme est le vrai. Penser, en effet, c'est juger ; et le jugement comporte toujours quelque risque ; quand j'affirme ou quand je nie, jepose que la réalité est conforme à mes concepts et il arrive que je me trompe.

Sans doute pouvons-nous nousappuyer sur le raisonnement pour confirmer nos jugements, mais nous avons vu qu'il n'y a pas de raisonnement quiconstitue une preuve définitive, irrécusable.

Or, ce qu'il convient de remarquer, c'est que cela même est la conditionde la pensée.

S'il existait des preuves devant lesquelles l'esprit soit absolument contraint de s'incliner, il est clair quel'esprit ne serait plus qu'une machine, c'est-à-dire qu'il ne serait plus esprit.

Penser vraiment, c'est penser librement;celui dont les pensées sont déterminées par des préjugés ou des passions n'est pas un vrai penseur ; mais celuidont les pensées obéiraient à un enchaînement rigoureux dont il ne serait plus le maître, ne serait pas davantage unpenseur.

Que l'erreur soit toujours possible, que la vérité soit toujours de quelque manière douteuse, c'est la rançonde la liberté de l'esprit ; c'est ce que voulait dire Jules Lagneau : « En un sens le scepticisme est le vrai ». - C - La foi contre le scepticisme. Le scepticisme est en effet irréfutable ; mais les savants et les philosophes n'en recherchent pas moins la vérité ; ilsimitent en cela Diogène qui, pour répondre aux arguments par lesquels Zenon d'élée prouvait que le mouvement estimpossible, se levait et marchait.

Il faut bien voir pourtant ce qu'implique cette attitude: c'est parce qu'ils se fient àleur raison, sans preuves, que les philosophes et les savants cherchent des raisons et des preuves.

Tout usage dela raison suppose cette foi préalable et les sceptiques eux-mêmes en témoignaient puisqu'ils raisonnaient contre laraison: «que la foi doive précéder la raison, disait saint Augustin, cela même est un enseignement de la raison».

Onvoit que l'on ne peut sortir du scepticisme que par un acte de foi mais aussi que, dès que l'on pense, on faitimplicitement cet acte de foi.

Aussi le langage populaire est-il plein de sens quand il accuse de mauvaise foi celui quirefuse de se rendre à l'évidence; la bonne foi, c'est la foi de l'homme qui se fie à sa raison pour distinguer le vrai dufaux. CONCLUSION L'homme ne peut ni tout prouver, comme le voudrait le Dogmatisme, ni douter de tout, comme le prétendent lesSceptiques.

Douter et prouver ne sont en réalité pour lui que des moyens: il doute afin d'éliminer les opinionsconfuses, les préjugés, les superstitions ; il prouve afin d'établir une certaine cohérence dans ses idées.

Mais il saitd'une part que la vérité absolue lui est à jamais inaccessible, et d'autre part qu'il dépend de lui de s'en approcherplus ou moins.. »

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