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Commentez ce mot de H. Poincaré : Il ne peut pas plus y avoir de science morale qu'il ne peut y avoir de morale scientifique.

Publié le 16/09/2014

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morale

B. Son impossibilité. — a) C'est surtout aux sciences de la nature qu'on a cherché à ramener la morale, qui devient alors une science des mœurs. Or, les sciences de la nature constatent simplement ce qui est; elles n'apprécient pas la valeur de ce qu'elles constatent et ne prescrivent pas, comme la morale, ce qui doit être. La notion même de morale scienti­fique est donc contradictoire dans les termes.

b) Mais ne pourrait-on pas rapprocher la morale des sciences mathéma­tiques qui, 'faisant abstraction de ce qui est, déterminent à 

morale

« ~!OllALE cti Sans doute, la rcf'IH'rclw f'cientifique exige une méthode, une rnu:::­ lanee, une loyauté qui développent chez le chercheur nombre de qualités de grande valeur humaine .

.\fai~ lu moralité ne dépend pas des seuls ;1cl.cs que l'on exécute; elle est condilionnre aussi par l'intenlion dans lar;uelle on agit.

Or, dam la recherche scientifiqtw, comme dans n'importe quelle entrcpàt.e humaine, le reHsort est souvent un enseml1le d 'intf'rèl.s matériels el égoïstes.

Si le sarnnt accorde nue valeur plus grande aux intérêts supé­ rieurs et spirituels, c'est en verlü de normes d 'apprôciation étrangère::: - à la science.

S'il est moral, ce n'est pas Je savoir qni l',a renrlu tel.

b1 IAi.science, en effet, cofü:tatc et apprend ce qui est; elle ne se prononce pas sur la valeur morale de cc qu'elle constate.

L'observation m:t évidente pour les sciences de la nature dont l'objet est, du point de, Yne moral, d'une neutralité ahsolue : les pronriéh'f rlPf' corps, les mouvements des astres, les échanges dt aux du monde végétal on animal ne sont ni bon,; ni mauvais; toul: ce qu'on peut dire rl'eux, c'est qu ïls rnnt tels.

Il n'en est pas aulrl'lllenl.

quoi qu'il puisse paraître à prcmii•re nie, dans les scienee8 de l "hornmc.

La psychologie nons fait.

connaître les diverses tendances qui peuvent commander sa conduite, mais elle ne se prononce pas sur leur valeur respedive.

L'histoire nous conserve le sou­ venir de bienfaiteurs et de libérateurs de l'humanité, muis aussi d 'oppres­ seurs et de tyrans.

Comme l"a dit Paul VALÉHY, " l'histoire justifie ce que l'on vent.

Elle n rigoiireusement rien, car elle contient toi1t et donne des exemples de tout n (1).

c) Sam: doute, les applications de la science, les techniques, peuvent être d'un prrcieux secours pour l'amélioration.

même morale, de la vie humaine : la connaissance des lois qui régissent les choses et les hommes peut permettre d'humaniser les conditions de l 'exhtence terrestre.

Mai~ si la technique nous fournit les moyens de par\"enir aux diverses fins que nous pouvons envisager.

elle ne fixe pas la fin véritable de l'homme.

C'est un instrument qui peut servir à toutes lei'! fins et qui, moralement, ne sort pas plus que la science théorique de la neutralité absolue.

L!;!.

__ science ne peut donc prendre une valeur morale qùe pour celui qui, indépendamment de la science, posRède déjà une morale et s'est élevé à un certain niveau de moralité.

Pm:>1c.mt a donc bien raison d'affirmer l'impossibilité d'une science morale.

JI.

--- IL NE PEUT PAS Y AVOIR DE ~!ORALE SCIENTIFIQUE.

A.

Ce que serait une morale s'cientifique.

- On pourrait d'abord entendre par morale scientifique, par analogie avec les termes de " morale familiale >> ou de "morale professionnelle'» les devoirs particuliers qui s'imposent au savant dans ses travaux de recherche.

Inulile de le dire, la morale scientifique ainsi comprise est aussi possible et aussi réelle que tout(' antre morale particulière, car il n'y a aucun domaine de son activité dans lequel l'homme ne doive tendre à rôaliser le mieux possible ;:a nature d'homme.

Aussi bien n'est-ce pas ce qu'a voulu dire POINCARÉ, qui avait une haute idée de la vocation de savant.

(1) Reaards sur le monde, p.

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