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Commenter, à l'aide de Descartes, cette parole de Pascal : « Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête, mais non sans pensée »

Publié le 01/06/2011

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On connaît surtout dans Pascal l'auteur des Provinciales et des Pensées, l'homme triste, désolé, presque farouche, d'une imagination assombrie par le jansénisme et les souffrances de la maladie, qui se plaisait à ravaler la nature humaine, à la convaincre de radicale impuissance, et d'irrémédiable faiblesse, qui disait que « la philosophie ne vaut pas une heure de peine, que se moquer de la philosophie c'est vraiment philosopher. « Mais il y a un autre Pascal, plus jeune et moins austère, qui a écrit le charmant Discours sur les passions de l'amour, où il dit que « la nature seule est bonne « , où il défend la raison et la passion; c'est le même Pascal qui, dans quelques opuscules remarquables, comme l'Autorité en matière de philosophie, revendique les droits de la raison, et, en véritable cartésien, veut le libre examen pour tout ce qui touche aux sciences.

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« volume de cet organe.

Descartes a commis cette grave erreur de « se représenter le moi comme un pur esprit, vivant d'une vie tout interne, enfermé en soi dans une solitude profonde, sanslien naturel avec le corps et avec la nature....

» ; après lui, et en marchantsur ses traces, « la philosophie allemande a posé un moi abstrait, un sujetpur, un être isolé, et puis elle s'est consumée en raisonnements subtils pourretrouver le monde réel qu'elle avait supprimé ».

(Émile Saisset.) Le corps estnécessaire à l'esprit, il lui est si étroitement uni que leurs opérations sontcommunes, et Leibniz va même jusqu'à déclarer qu'une âme humaine sansorgane ne peut se comprendre. Conclusion.

— On voit qu'il est facile, avec l'aide de Descartes, d'expliquercomment Pascal a été amené à exprimer la pensée qui nous occupe.

En effet,pour se connaître soi-même et pour être sûr de l'existence de l'âme,substance pensante, il n'est pas besoin des sens, il n'est besoin que de laconscience, et l'existence de notre pensée est une vérité que rien ne peutébranler.

Cette philosophie cartésienne, qui prenait ainsi son point de départdans la pensée et dans la certitude psychologique, exerça, au XVIIe siècle,une influence considérable sur les esprits, marquant de son empreinte, nonseulement les sciences, mais les lettres elles-mêmes; car c'est à Descartesque la littérature doit cette tendance si nettement spiritualiste qui ladistingue.

Mais Descartes et son école ont eu le tort de donner tropfacilement gain de cause à toutes les raisons de douter que l'imagination dessceptiques s'est plu à inventer, d'attacher, par exemple, une importance capitale à l'objection tirée du sommeil etdes illusions des rêves, comme si le fait de se demander si l'on n'est pas toujours endormi ne supposait pas qu'on estcapable de savoir qu'on peut l'être et ne l'être pas, comme si, pour se demander si une perception n'est pas unrêve, il ne faut pas savoir d'abord distinguer ce qui est rêve de ce qui est perception réelle.

Ces prétenduesincertitudes reposent donc sur un cercle vicieux, et nous savons bien qu'à l'état de veille nous sommes en pleinepossession de nous-mêmes.

Sans doute il ne faut croire qu'à ce qui est évident; mais il ne faut pas admettre uneseule source d'évidence quand il y en a trois, l'évidence des sens, l'évidence de conscience et l'évidence de laraison.

N'admettre que ce qi est connu par le sens intime, c'est commettre le même sophisme que les matérialistesqui ne croient qu'aux sens que les idéalistes qui ne croient qu'à la raison.

La vrai philosophie, d'accord avec le senscommun, accepte tout, les connaissances fournies par nos diverses facultés.. »

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