Commentaire texte de pascal la bonne fortune nous éloigne de la vérité
Publié le 14/02/2012
Extrait du document
Introduction
Pascal dans ce texte se pose en moraliste qui dénonce les vices de ses contemporains.
Première partie : On est d’autant plus loin de la vérité que l’on est puissant
A Constat
Le point de départ de Pascal est une simple constatation, un fait d’expérience qu’il est aisé de vérifier : « Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité «.
1/ Qu’est-ce que la bonne fortune ?
La « bonne fortune « est la réussite, qu’il s’agisse de carrière, d’argent, d’honneurs, …. On rappellera aussi que la « bonne fortune « désigne la chance, le bonheur qui, selon son étymologie latine de bonum augurium, signifie hasard ou occasion favorable. Les deux sont liés et l’on dira volontiers de celui qui poursuit une brillante carrière qu’il a eu le « bonheur « de réussir ou qu’il a eu de la « chance « : la chance d’être bien né, de rencontrer les bonnes personnes, la chance de se trouver au bon moment au bon endroit. Il y a donc une part d’aléatoire dans la position que l’on occupe « dans le monde « c'est-à-dire dans la société et c’est ce que sous-entend Pascal par l’usage de ce terme de « fortune «.
«
Texte de Pascal.
La bonne fortune nous éloigne de la vérité Page 2
est comme une fatalité.
Le principe du déterminisme postule en effet que « les mêmes causes pr oduisent les
mêmes effets » et l’on en déduit que, aujourd’hui comme hier, s’élever dans la société nous fait perdre en vérité.
Transition
Nous l’avons dit, il s’agit là d’abord d’une observation empirique.
C’est par celle -ci que Pascal introduit sa
thèse. Reste maintenant à expliquer de quelle manière exactement la réussite nous éloigne inévitablement du
vrai.
B.
Explication de ce constat
1/Comment on s’éloigne de la vérité
La suite de la première phrase nous éclaire.
C’est « parce qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection
est plus util e et l’aversion plus dangereuse ».
On sera donc volontiers sincère avec un égal alors que l’on
s’efforcera de plaire à un supérieur.
Si je flatte en effet le puissant qui peut m’aider et me protéger, ou le riche
qui peut me prêter de l’argent, j’obtiens , avec son affection , ses faveurs et j’ai tout à y gagner .
Si au contraire je
m’attire sa disgrâce , alors par toutes sortes de moyens il cherchera à me nuire et j’ai tout à perdre.
2/ Commentaire
On dira qu’une telle affection est bien peu sincère.
Est -ce vraiment aimer que de ne fréquenter une personne que
pour les avantages qu’elle nous procure ? Aristote répondrait à cela que c’est déjà une amitié puisque l’on
« aime » la personne e t que l’on éprouve un certai n plaisir en sa compagnie mais qu’il s’agit du plus bas degré de
l’amitié, celle qui domine chez le vulgaire et qui est l’ « amitié intéressée », cette amitié purement égoïste et
motivée par le s eul désir de profit personnel .
C.
Exemple
Afin de mieux faire comprendre et partager cette idée, Pascal nous cite l’exemple du prince.
Un prince, étant au
sommet de la pyramide sociale et donc à un « degré élevé » de fortune, riche et puissant, a presque tous les
pouvoirs.
D’un mot voire d’un regard il peut élever o u abaisser quelqu’un.
Souvenons -nous qu’à la cour des rois
autrefois il suffisait que le monarque n’adresse aucun regard à une personne et la cour entière comprenait que
celle -ci avait déplu et se voyait discréditée.
Nul dès lors n’osait plus la fréquenter de peur de se voir attirer à son
tour le mépris ou la colère du roi. Il faut donc plaire au prince.
En conséquence, on lui adressera sourires,
cadeaux, amabilités et courbettes si bien que celui -ci sera persuadé d’être aimé de tous.
Qu’en est -il en réalit é ?
Ce « prince sera la fable de toute l’Europe ».
Tous ceux qui s’inclinent en sa présence ne laissent pas, dès qu’il a
le dos tourné, de se livrer à de multipl es critiques et ragots.
Le Roi -Solei l par exemple , tout aimé qu’il parût à la
cour, n’en était pas moins la cible de pamphlets souvent cruels et bien sûr anonymes .
Nouvelles, critiques et
ragots se propagent bien vite et ne tardent pas à dépasser les frontières de telle sorte que le puissant qui en est
victime devient à son insu la ris ée de l’Europe voire, à notre époque, de la terre entière.
Transition
Pourquoi cette attitude ? Pourquoi cette tendance irrésistible à flatter les puissants ?
D.
Est -il utile de dire la vérité ?
L’explication est on ne peut plus simple.
« Je ne m’en étonne pas » déclare Pascal et nous, lecteurs, ne sommes
non plus aucunement surpris par ce qu’il avance.
C’est que le fait de dire (ou pas) la vérité doit être envisagé de
deux points de vue.
1/ Le point de vue de celui à qui on dit la vérité
D’abord du point d e vue de celui à qui l’on parle.
« Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit ».
Les vérités
évoquées par Pascal sont des vérités qui concernent l’individu, des vérités sur lui -même, sur sa vie, … bref des
vérités susceptibles d’être agréables ou non .
Révéler une vérité à quelqu’un, toute déplaisante qu’elle lui
paraisse, ne peut être que profitable.
Une fois surmonté le choc de la révélation, l’individu va en effet pouvoir
rectifier son comportement.
Il va se corriger et ainsi s’améliorer.
Il est do nc « bien » (du point de vue moral) de
dire la vérité et la sincérité est une vertu.
On comprend par là -même pourquoi l’on s’accorde en général à
dénoncer le mensonge comme un vice.
2/ Le point de vue de celui qui dit la vérité
Ensuite le fait de dire la v érité peut aussi être envisagé du point de vue de celui qui parle.
« Dire la vérité [est]
désavantageux à ceux qui la disent ».
Si je communique une vérité plaisante à mon interlocuteur, que celle -ci
confirme agréablement ce qu’il pensait ou qu’elle lui ré vèle un quelque chose d’agréable qu’il ignorait, dans les
deux cas il est content et sa satisfaction s’étend à moi.
Révélateur d’une vérité agréable, je suis moi -même
agréable et à ce titre aimé.
En revanche , si la vérité est déplaisante, mon interlocuteur est blessé.
On le voit.
»
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