Commentaire Spinoza: L'État n'impose pas la paix par la force mais par la « concorde ».
Publié le 28/09/2013
Extrait du document
Spinoza
« Si dans une Cité les sujets ne prennent pas les armes parce
qu'ils sont sous l'empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y
règne, mais plutôt que la guerre n'y règne pas. La paix en effet n'est
pas la simple absence de guerre, elle est une vertu qui a son origine
5 dans la force d'âme car l'obéissance est une volonté constante de faire
ce qui, suivant le droit de la Cité, doit être fait. Une Cité (. .. ) où la
paix est un effet de l'inertie des sujets conduits comme un troupeau et
formés uniquement à la servitude, peut être appelée "solitude", plutôt
que "Cité".
10 Quand nous disons que l'État le meilleur est celui où les hommes
vivent dans la concorde, j'entends qu'ils vivent d'une vie proprement
humaine, d'une vie qui ne se définit point par la circulation du sang
et l'accomplissement des autres fonctions communes à tous les autres
animaux.«
Ili>- L'argumentation de Spinoza (1632-1677) dans ce texte n'apparaît pas
immédiatement. Au premier abord, il s'agit d'un propos sur la paix,
contestant qu'on puisse se contenter de définir cet état comme une
« simple absence de guerre «. Mais une lecture attentive révèle que la
discussion sur la définition de l'état de paix (deuxième phrase) n'est
envisagée qu'au titre d'un débat plus général sur la question du meilleur
État. En quoi consiste la véritable paix civile ? Pourquoi chacun acceptet-
il, dans un État, de ne plus régler ses différends par le recours à la
force ? Plus précisément : pourquoi respectons-nous les lois ? Est-ce
toujours par crainte du châtiment ou bien est-il possible de leur« obéir«,
c'est-à-dire, selon le sens strict que le texte donne à ce verbe, de les
respecter par un acte de volonté ?
Questions
.,.. 1. Dégagez l'idée directrice et les étapes de l'argumentation de ce
texte .
.,.. 2. Expliquez :
a. « La paix n'est pas la simple absence de guerre « ;
b. « faire ce qui, suivant le droit de la Cité, doit être fait « ;
c. « ils vivent d'une vie proprement humaine « .
.,.. 3. Peut-on être libre sans exercer sa citoyenneté ?
«
D Les clés du sujet
PRÉSENTATION DU TEXTE ET ANALYSE DE SES ENJEUX
Ili>- L'argumentation de Spinoza (1632-1677) dans ce texte n'apparaît pas
immédiatement.
Au premier abord, il s'agit d'un propos sur la paix,
contestant qu'on puisse se contenter de définir cet état comme une
« simple absence de guerre ».
Mais une lecture attentive révèle que la
discussion sur la définition de l'état de paix (deuxième phrase) n'est
envisagée qu'au titre d'un débat
plus général sur la question du meilleur
État.
En quoi consiste la véritable paix civile ? Pourquoi chacun accepte
t-il, dans un État, de ne plus régler ses différends par le recours à la
force ? Plus précisément : pourquoi respectons-nous les lois ? Est-ce
toujours par crainte du châtiment ou bien est-il possible de leur« obéir»,
c'est-à-dire, selon le sens strict que le texte donne à ce verbe, de les
respecter par un acte de volonté ?
Ili>- La difficulté majeure consiste sans doute à bien saisir le lien entre les
deux paragraphes.
L'articulation réside, explicitement, dans le terme de
« concorde » qui signifie le libre accord, étymologiquement, I'« union
des cœurs
».
Spinoza décrit d'abord en effet la fausse paix civile de la
Cité « solitaire » où chacun est replié sur lui-même, où personne n'ose
s'affirmer et échanger avec autrui de peur
de contrevenir aux lois ou
seulement de déplaire au Prince; il lui oppose ensuite une véritable Cité
où les sujets s'accordent à la fois entre eux et avec les lois.
La notion
de
« concorde » implique l'idée d'obéissance volontaire à l'État et fait
ainsi
le lien avec le premier paragraphe.
Ili>- La troisième question n'est pas facile à relier à la thèse du texte.
Comme nous
l'avons déjà dit dans les conseils généraux de méthode,
il est impératif de chercher à comprendre le rapport entre la thèse du
texte et
la question de l'essai.
Ici, ni la notion de « citoyenneté », ni celle
de « liberté » ne sont explicitement présentes dans le texte.
Il faut donc
repérer
ce qui, dans la lettre du texte, peut s'interpréter en ces termes.
Pour
l'idée de « citoyenneté », il n'est pas difficile de l'affilier au terme
de
« Cité », de même famille.
On peut considérer comme des citoyens
les « sujets » de la Cité où les hommes mènent une vie proprement
humaine.
En ce qui concerne la liberté, c'est la référence à la notion de
« servitude » qui, négativement, peut y conduire.
Dans l'État de concorde,
par opposition à
celui où règnent la « terreur » et la « servitude », les
citoyens obéissent librement, de leur plein gré, en vertu d'une décision
qui
leur appartient.
LE DROIT 183.
»
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