Commentaire : Rousseau du droit du plus fort
Publié le 21/03/2012
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Jean Jacques Rousseau écrit Le Contrat social avec une ambition certaine: celle d'établir les conditions de possibilité de l'existence de la société civile telle qu'elle est et, telle qu'elle pourrait être. Le chapitre 3 du livre I, est le moment ou l'auteur traite de la question du droit et de son établissement. Autrement dit , il interroge la façon dont l'ordre s'est instauré au sein de cette société civile. L'auteur défend ainsi l'idée que le droit ne peut être liée à la force, or c'est bien cela qui s'est produit. L'extrait proposé peut être découpé en trois moments: l'examen théorique du droit du plus fort et l'étude de la force, la mise en situation pratique et l'étude de la notion de droit, puis la thèse défendue à savoir le fondement légitime du droit est sa condition de possibilité.

«
Le droit est un « ensemble des règles d e conduite qui gouvernent les rapports entre
les hommes et dont le respect est assuré par l’autorité publique »(Boris Stark) .
On voit
bien que l'association des termes enfreint la logique couramment admise , c'est à dire
que la constitution du droit protège les individus de la force.
Rousseau affirme le
contraire et même que la force est à l'origine du droit.
Selon lui, celui qui posséder la
force physique au départ l'a transcender en droit, c'est à dire qu'elle s'est exercée par
delà son simple corps.
Sa force , son autorité s'est essentialisée en texte de droit.
Par
le biais d'un support physique(écrit)une force subjective ponctuelle est devenue un
devoir permanent et reconnu par tout un chacun (donc objectif) dans l'ensemble du
corps social.
Si le droit permet la permanence de la force, c'est qu'il la rend légitime.
Les individus ne se battent plus en permanence pour combattre cette soumission, ils
l'a reconnaissent .
Cette transformation est aussi de l'ordre de la pratique.
Une force ne s'applique pas
sur l'individu de la même manière qu'un droit (ou loi) qui se situe bien au dessus de lui.
D'une part car elle est suivie de sanction dépassant la capacité de réponse de la
personne individuelle, d'autre part parce que la force s'exerçant très brutalement est
toujours perçue comme une effraction, le droit est la plupart du temps déjà ancrée
dans l'histoire (même s'il est bien sûr question ici du fondement du droit), dans un
processus d'acceptation.
La soumission à la Force , que Rousseau nomme « obéissance » devient un « devoir »
dès lors que cette force est légitimement reconnue, des lors qu'elle est devenue
« droit ».
Le devoir est une obligation morale,à un sujet.
Il s'agit d'une « force » que
l'individu exerce sur lui même et par lui même.
Ce n'est donc pas par contrainte
extérieur que l'individu va obéir mais bien intérieur, dans un conflit avec lui même.
Le
passage du de l'obéissance au devoir est le passage d'une force extérieur au un conflit
intérieur.
La soumission du sujet est reconnue comme légitime (passage de la force au
droit) mais voulu par lui (passage de l'obéissance au devoir) .
Le maitre est ainsi sur
d'assoir sa position.
« De là le droit du plus fort ».
Une voix de fait, devient de droit .
Rousseau s'attarde sur ce terme du « droit du plus fort » sur lequel il fait plusieurs
constats.
D'une part, « le droit pris ironiquement en apparence » est bien celui
« réellement établit en principe » .
Tout le monde sait que la force ne fait pas droit
mais c'est bien ce qui se passe dans les faits.
Si en droit l'antinomie de la force et du
droit est bien tranchée , en fait c'est beaucoup moins évident.
Comme vu
précédemment, c'est en investissant le champ symbolique que la force devient devoir
et s'établit durablement.
On comprend aisément que les droits qui s'établissent le
mieux sont les plus forts.
Ainsi , Rousseau pose le problème de la définition du droit
« mais ne nous expliquera t-on jamais ce mot? » ,et constate son échec au travers la
façon dont est formulée cette question rhétorique.
Il développe ainsi sa thèse en s'attardant sur la notion de « force » qu'il définit comme
« puissance physique » , caractéristique naturelle d'un individu.
Nous sommes dans le
domaine naturel; par opposition à celui de la société.
Elle est puissance au sens ou elle
est potentialité, et ne contient en elle même ni bien ni mal.
Aussi continue t-il « je ne
vois point quelle moralité peut résulter de ses effets ».
Rousseau inclut donc la
moralité au droit et nous dit que la force subsumée par le droit ne peut atteindre
aucune vertu morale.
Cela sous entend que le droit est éducateur morale du peuple, et
qu'il se fonde sur elle.
Rousseau interroge en fait le principe du droit, le fondement
sur lequel il s'établit.
Il nous explique que l'on cède à la force par « acte de
nécessité ».
Effectivement, dans la nature , se plier à la volonté d'autrui (sans
consentement) est une question de survie..
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