Commentaire : « Lorsqu'on est riche et puissant, on n'en est pas plus aimable Malebranche
Publié le 14/05/2014
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son
étude ordonnée :
Lorsqu'on est riche et puissant, on n'en est pas plus aimable, si pour cela
on n'en devient pas meilleur à l'égard des autres par ses libéralités, et par la
protection dont on les couvre. Car rien n'est bon, rien n'est aimé comme tel,
que ce qui fait du bien, que ce qui rend heureux. Encore ne sais-je si on aime
véritablement les riches libéraux, et les puissants protecteurs. Car enfin ce n'est
point ordinairement aux riches qu'on fait la cour, c'est à leurs richesses. Ce
n'est point les grands qu'on estime, c'est leur grandeur ; ou plutôt c'est sa
propre gloire qu'on recherche, c'est son appui, son repos, ses plaisirs. Les
ivrognes n'aiment point le vin, mais le plaisir de s'enivrer. Cela est clair: car s'il
arrive que le vin leur paraisse amer, ou les dégoûte, ils n'en veulent plus. Dès
qu'un débauché a contenté sa passion, il n'a plus que de l'horreur pour l'objet
qui l'a excité; et s'il continue de l'aimer, c'est que sa passion vit encore. Tout
cela, c'est que les biens périssables ne peuvent servir de lien pour unir
étroitement les cœurs. On ne peut former des amitiés durables sur des biens
passagers, par des passions qui dépendent d'une chose aussi inconstante que la
circulation des humeurs et du sang ; ce n'est que par une mutuelle possession
du bien commun, la Raison. Il n'y a que ce bien universel et inépuisable, par la
jouissance duquel on fasse des amitiés constantes et paisibles. Il n'y a que ce
bien qu'on puisse posséder sans envie, et communiquer sans se faire tort.
MALEBRANCHE
Plan
Introduction.
I. On n'aime que ce qui rend heureux.
II. Insuffisance des biens périssables. III. Suprématie de la Raison.
Conclusion.
Commentaire
Quel est le lien qui peut réellement unir les hommes dans leur existence
quotidienne ? Sans se préoccuper ici du contexte socio-politique, Malebranche
cerne les enjeux de tout attachement réciproque, pour montrer que seule la
Raison est capable d'en produire de durables et profonds. Avant de parvenir à
cette conclusion, il lui faut d'abord souligner combien les relations fondées sur
des « biens passagers « sont peu stables.
Les qualités apparentes d'un individu, pour peu qu'elles ne
s'accompagnent pas d'une modification de son attitude, ne lui confèrent aucun
avantage particulier relativement aux autres. Ainsi, la richesse et la puissance,
qui n'ont de signification que relativement à l'organisation sociale, ne rendent
pas un sujet « plus aimable « automatiquement. L'individu n'attire d'amitié ou
de reconnaissance que s'il utilise cette richesse ou cette puissance pour aider
autrui (libéralités ou protection). Ce qui dans un tel cas est apprécié, c'est
uniquement ce qui correspond à l'intérêt ou au bien-être du bénéficiaire. Ce
n'est donc pas le protecteur qui est bon en lui-même, c'est la protection qu'il
accorde qui est jugée intéressante, parce qu'elle améliore la situation et
concourt au « bonheur « de celui qui en profite.
«
III. Suprématie de la Raison.
Conclusion.
Commentaire
Quel est le lien qui peut réellement unir les hommes dans leur existence
quotidienne ? Sans se préo ccuper ici du contexte socio -politique, Malebranche
cerne les enjeux de tout attachement réciproque, pour montrer que seule la
Raison est capable d'en produire de durables et profonds.
Avant de parvenir à
cette conclusion, il lui faut d'abord souligner c ombien les relations fondées sur
des « biens passagers » sont peu stables.
Les qualités apparentes d'un individu, pour peu qu'elles ne
s'accompagnent pas d'une modification de son attitude, ne lui confèrent aucun
avantage particulier relativement aux a utres.
Ainsi, la richesse et la puissance,
qui n'ont de signification que relativement à l'organisation sociale, ne rendent
pas un sujet « plus aimable » automatiquement.
L'individu n'attire d'amitié ou
de reconnaissance que s'il utilise cette richesse ou cette puissance pour aider
autrui (libéralités ou protection).
Ce qui dans un tel cas est apprécié, c'est
uniquement ce qui correspond à l'intérêt ou au bien -être du bénéficiaire.
Ce
n'est donc pas le protecteur qui est bon en lui -même, c'est la pr otection qu'il
accorde qui est jugée intéressante, parce qu'elle améliore la situation et
concourt au « bonheur » de celui qui en profite.
En effet, la personne du puissant protecteur n'a d'intérêt qu'en raison de
sa puissance : elle n'en constitue en q uelque sorte que le support anecdotique.
Mais cette puissance elle -même (il en va évidemment de même pour la
richesse ou pour toute autre qualité socialement tenue pour positive) ne
concerne l'autre que dans la mesure où il peut en recueillir les effet s, ou y
participer à sa manière : « c'est sa propre gloire qu'on recherche ».
La «
reconnaissance » qui lie le bénéficiaire au bienfaiteur n'est rien d'autre, dans
de telles conditions, que la transposition de l'intérêt égoïste du bénéficiaire ,
qui se p réoccupe en priorité de son propre bonheur, de « son repos » et de «
ses plaisirs ».
Toute apparence de relation sociale fondée sur de telles déterminations
risque donc d'être trompeuse : ce qui s'y affiche officiellement comme « amitié.
»
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