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Commentaire littéraire Extrait 5 (Livre VII, 1) : "Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée".

Publié le 16/03/2015

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·                                                                Jersey, septembre 1853

Victor Hugo s'appuie ici sur un passage de la bible (Josué, 6) où, selon l'ordre de Yahvé, Josué guidant les Hébreux leur fera faire le tour de la ville de Jéricho chaque jour pendant six jours et le septième jour sept fois. Alors, les murailles de la ville s'effondreront. Victor Hugo modifie légèrement le texte biblique mais il garde tout particulièrement l'idée que les signes de la puissance peuvent être trom­peurs et peuvent se renverser.

« COMMENTAIRE LITTÉRA·IRÉ Le rythme On peut dire que la cadence de l'alexandrin ainsi que le recours à la rime plate donnent à la progression dramatique son rythme de base.

Mais il faut aussi souli­ gner le rythme des tours qui marque à sept reprises l'attaque des vers (v.

5, 6) et s'étend le plus souvent sur l'hémistiche (v.

8, 12, 16, 19, 26).

On remarque d'ailleurs que ce retour est irrégulier et tend à s'espacer, se creusant de plus en plus, jouant -au moins lors de la première lecture -avec le savoir encyclopédique du lec­ teur, qui est censé connaître l'histoire de Josué et de son face-à-face avec Jéricho.

La structure profonde Un autre mouvement est à l'œuvre dans ce poème: tandis que les Hébreux tour­ nent autour de Jéricho, on remarque que les habitants de la ville sont tous aussi dé­ risoires que méprisants : les« petits enfants» (v 10), «les femmes» (v.

14), les «aveugles et boiteux» (v.

17); l'ensemble est encadré par les deux apparitions de leur roi (v.

5-7 et 22-25) qui soulignent bien cette attitude de mépris à travers le motif du rire : « Je roi se mit à rire» (v.

5), «riant toujours » (v.

6) ; «Le roi re­ vint, riant à gorge déployée» (v.

22); on peut sans doute voir là une allusion à l'at­ titude de dénigrement de Louis Napoléon vis-à-vis de Hugo et déjà évoquée par le poète dans« L'homme a ri» (Livre III, 2).

Mais cette progression dans l'ordre du mépris et de la joie ( « Autour du roi joyeux, riaient tous les anciens », v.

24) est aussi une gradation dans l'aveuglement et l'inconscience car elle est parallèle à une progression que !'on ne soupçonne pas, souterraine, qui sape le paragraphe par ses retours insidieux et têtus.

Progressions parallèles donc, mais inversées dans leurs effets.

~ Il -JÉRICHO OU L'IMAGE DE LA PUISSANCE Le décor Jéricho apparaît comme une ville puissante ; son roi en est fier ( « ma ville », v.

7); la rétërence «aux vieux créneaux tout brunis par la rouille »indique moins la vétusté que l'association du fer et de la pierre qui résiste au temps et prend la cou­ leur de !'Histoire (qui est une forme d'éternité).

Quant à la« tour de granit», elle possède deux qualités (hauteur, résistance) qui sont poussées à un haut degré d'ex­ cellence par le biais des expressions imagées ( « aigle », « éclair») et des construc­ tions symétriques et anaphoriques(« si haute que ..

./si dure que ..

., v.

20-21).

L'ordre hiérarchique La présence du roi au début et à la fin du poème encadre les différents interve­ nants et donne ainsi du souverain l'impression d'une maîtrise totale de la popula­ tion de la ville ; par ailleurs ce roi se fait assister par« tous les anciens » qui « déli­ bèrent» ; enfin il exerce son ironie aux dépens des Hébreux (v.

7 et 23), ce qui est aussi présenté a priori comme une forme d'agressivité et une marque de supério­ rité sur l'adversaire.

Face à ce roi derrière ses murailles qui dominent le pays, la figure de Josué« rêveur»,« suivi des siens» (v.

1et2), semble tout d'abord moins imposante.

La population Elle est apparue dérisoire parce qu'il s'agit d'êtres sans force et qui ne font pas la guerre.

Mais précisément on a cru inutile de mobiliser l'armée: les murs suffi­ sent.

Toutefois les différents personnages évoqués donnent l'impression d'une. »

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