Commentaire- « Les historiens, et même le bon sens, peuvent nous faire connaître que, pour séduisantes que puissent paraître ces idées d'égalité parfaite » - Hume
Publié le 13/06/2014
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Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée:
Les historiens, et même le bon sens, peuvent nous faire connaître que, pour séduisantes que
puissent paraître ces idées d'égalité parfaite, en réalité elles sont, au fond, impraticables, et si elles ne
l'étaient pas, elles seraient extrêmement pernicieuses pour la société humaine. Rendez les possessions
aussi égales que possibles : les degrés différents de l'art, du soin, du travail des hommes rompront
immédiatement cette égalité. Ou alors, si vous restreignez ces vertus, vous réduisez la société à la
plus extrême indigence, et, au lieu de prévenir le soin et la mendicité chez quelques-uns, vous les
rendez inévitables à la communauté entière. La plus rigoureuse inquisition est également nécessaire,
pour déceler toute inégalité dès qu'elle apparaît, ainsi que la juridiction la plus sévère, pour la punir et
la rectifier. Mais, outre que tant d'autorité doit bientôt dégénérer en tyrannie, et être exercée avec
une grande partialité, qui peut bien en être investi dans une situation telle que celle ici supposée ?
HUME
Plan
Introduction.
I- L’égalité parfaite est impossible.
II- L'égalité parfaite est pernicieuse.
III- L'égalité parfaite implique une contradiction.
Conclusion.
Le projet d'instaurer une égalité parfaite ou absolue entre tous les
membres d'une société mérite-t-il d'être sérieusement envisagé ? Doit-on
confondre un tel idéal avec ce que les théoriciens politiques nomment égalité
sociale ? Hume montre ici que l'égalité parfaite est une illusion complète,
puisqu'elle ne serait en apparence réalisable qu'au prix d'un appauvrissement et
d'une surveillance généralisés, mais aussi qu'elle est en elle-même
contradictoire, puisqu'il faudrait bien que ceux chargés de la faire respecter
soient dotés d'une autorité supérieure qui n'est guère compatible avec son
affirmation ou son maintien.
«
Peut -on alors considérer que le principe d'une égalité absolue mérite
malgré tout d'être considéré, ne serait -ce que pour guider l'action politique ?
C'est cette fois « le bon sens », c'est -à-dire la raison moyenne, qui permet d'en
montrer l'inanité.
Si par hy pothèse on parvient en effet à rendre « les possessions aussi
égales que possibles », si donc on aligne tous les biens, les propriétés, les
richesses, sur un modèle unique, cette égalité une fois établie est incapable de se
maintenir.
En effet, c'est l'ens emble des activités des hommes qui est en lui -
même producteur d'inégalités immédiates et constantes.
« Les degrés différents
de l'art, du soin, du travail » perturbent obligatoirement l'égalité théoriquement
installée : savoir -faire, attention portée à la tâche, diversité des activités
accomplies s'échelonnent selon des degrés divers et aboutissent à des qualités et
des quantités de produits qu'il n'est pas possible de considérer comme
équivalents ou de même valeur, ce qui réintroduit sans attendre des ferm ents
d'inégalité efficaces.
À moins, objecterait -on, que l'on parvienne à aligner toutes ces pratiques
sur un rythme et une productivité tels qu'elles ne soient plus capables de détruire
l'égalité absolue.
Mais cela signifierait évidemment un appauvrissem ent
généralisé du corps social, et une augmentation de ses défauts actuels.
Si en
effet, une production copieuse permet, dans une société où règne une certaine
inégalité de condition, de « prévenir le besoin et la mendicité chez quelques -uns
», puisqu'il y est possible de faire appel à la charité des possédants ou
d'organiser des systèmes d'aide publique, de telles possibilités disparaitraient dès
lors qu'on empêcherait la production de se développer, et c'est alors toute la
communauté qui se retrouverait dans l'indigence.
De plus, cela suppose déjà
l'existence d'une autorité qui soit capable d'interdire à l'art, au soin et au travail
de produire différemment leurs effets.
D'un point de vue complémentaire, la volonté de maintenir l'égalité
absolue doit s'a ccompagner de la volonté d'éradiquer tout soupçon d'inégalité
nouvelle dès qu'il se manifeste.
Cela suppose que le corps social se donne les
moyens de « punir et rectifier » ce ferment inégalitaire.
Or il n'y a guère d'autres
moyens envisageables que « l'i nquisition » et la «juridiction » : une surveillance
policière permanente et un code juridique rigoureux.
L'affirmation de l'égalité
absolue doit ainsi obligatoirement s'accompagner de la mise en place d'un
système extrêmement autoritaire, capable de contr ôler la moindre initiative
individuelle.
Entre ce système autoritaire et ce que Hume nomme « tyrannie »,
l'écart risque d'être bien mince, dès lors que le premier sera synonyme de
contrôle permanent et d'interdits : cette fois, la société égalitaire paraît
incompatible avec le respect minimal de la liberté des sujets.
Mais il faut encore ajouter que se pose, et de façon cruciale, la question de
savoir d'où pourrait provenir le pouvoir dont seraient investis les surveillants et
les juges d'une telle organis ation : si l'on donne à l'expression « égalité parfaite»
un sens absolu, elle doit inclure non seulement l'égalité des fortunes, des.
»
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