Commentaire Husserl (du §31 au §32-al1 des Méditations Cartésiennes)
Publié le 22/12/2014
Extrait du document
«
Le manque de profondeur jusqu'à présent consiste dans le fait que l'unification du champ
transcendantal ne se faisait qu'à travers un objet visé par le cogito : « nous n'avons dirigé notre
regard que sur le courant du cogito ».
Ceci justifiait les critiques dont Husserl était l'objet.
Le « moi
pur » était un « Je » indescriptible, un vide d'essence, libre et indéterminé.
Mais dans sa liberté, le
« moi pur » demeure libre de s'intuitionner lui-même de façon réellement réflexive ; et cette saisie
réflexive est la seule qui puisse donner au « moi pur » une véritable identité.
C'est cet aspect du
problème que Heidegger n'a pas pris en compte lorsqu'il disait de l'ego transcendantal qu'il était un
concept « vide ».
Certes, le régime habituel de l'intentionnalité consiste à être orienté vers l'objet et
ne pas s'apercevoir lui-même, cependant l'auto-intuition n'est pas une saisie impossible : « L'ego ne
se saisit pas soi-même uniquement comme courant de vie, mais [aussi] comme moi, moi qui vit ceci
ou cela [… donc comme] moi identique [c'est-à-dire s'attribuant soi-même une identité, sa
mienneté] qui vit tel ou tel autre cogito ».
L'identité n'est donc pas uniquement celle que l'on
attribue à l'objet qu'on saisit identique à lui-même.
Elle est aussi celle que le « je pur » se donne à
lui-même lorsqu'il se vise lui-même.
Ainsi existe-t-il deux unifications de nature différente, relative à deux identités.
Husserl appelle ces
unifications « pôle d'identité » : dans le premier cas, nous attribuions une identité à un objet visé qui
nous semblait avoir une « unité synthétique ».
Notre champ transcendantal s'unifiait alors sans
identité, par reflet de nos vécus identiques vis-à-vis d'un objet.
Il n'était pas nécessaire de savoir s'il
s'agissait du même ego qui vivat tous ces vécus.
Dans le second cas, l'unité synthétique était celle
du « moi identique » qui « embrasse […] tous les états vécus de la conscience » ; il s'agit ici d'une
saisie réflexive, l'objet étant alors la conscience elle-même.
Cependant, la saisie de la conscience elle-même ne se fait pas seulement sur un mode présent et
actuel : pour que le « je pur » puisse avoir une identité, il doit unifier non-seulement la saisie
réflexive actuelle, mais être capable d'unifier toutes les saisies d'objet passées et potentielles.
L'ego
doit alors être la condition de possibilité de toute objectivation ; il n'est pas question pour Husserl de
faire précéder quoi que ce soit aux saisies du « je pur ».
Par cet acte, la phénoménologie
husserlienne devient réellement une égologie, un idéalisme transcendantal absolu ; bien loin du
Dasein de ses critiques heideggeriens.
En se constituant lui-même, le « je pur » construit lui-même
tout concept d'être y-compris le sien ; par là-même, il se temporalise lui-même ; la temporalité n'est
alors plus l'horizon de toute saisie de l'être mais l'horizon propre au « jeu pur ».
Ainsi, la
polarisation du « moi » comme pôle identique des états vécus embrasse « toutes les multiplicités
particulières des cogitationes » et se rapporte « à tous les pôles-objets » (qui généalogiquement
constituaient la première unification du champ transcendantal).
La phénoménologie revêt ainsi une
dialectique entre les identités d'objet vis-à-vis de l'identité du moi.
L'ego husserlien peut-il donc.
»
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