Commentaire: Éthique, V, 18, démonstration, corollaire et scolie.
Publié le 23/03/2015
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«
Textes commentés 49
Contempler Dieu, c'est nécessairement l'aimer.
Parole mystique ? On a pu :
dire qu'avec la dernière partie de
!'Éthique, Spinoza ne tenait pas jusqu'au bout 1
sa pensée de l'immanence absolue, sa pensée dans l'immanence absolue.
En 1
vérité, Spinoza, dans la partie V, tire les conséquences de l'idée de Dieu telle
qu'elle a été saisie dans la première partie : Dieu comme puissance absolument
infinie, cause libre de lui-même et de toutes choses, s'identifiant dès lors à la
Nature.
Certes, de Dieu, les hommes ont pu avoir différentes conceptions : ils l'ont
•.
pensé comme pur Esprit informant la matière inerte, comme intelligence
transcendante et origine mystérieuse du monde ; ou encore
comme volonté
indifférente produisant tout selon son bon plaisir, ou bien
comme puissance
créatrice visant la réalisation d'un modèle, le Bien (I, 23, scolie 2).
Au nom de
Dieu, ils ont pu joindre les« images des choses qu'ils ont l'habitude de voir»
(II, 4 7, scolie), et lui prêter toutes les passions « humaines, trop humaines ».
Dieu vengeur ou Dieu miséricordieux, il est alors l'objet de crainte ou
d'espérance, de tristesse et de joie mêlées.
Mais de l'essence éternelle et infinie de Dieu, c'est-à-dire du Réel tel qu'il
1
est en lui-même, nous pouvons avoir une connaissance adéquate : comme le
1 montrent II, 45 à 47, cette connaissance est même nécessairement en nous en
tant qu'elle
est enveloppée dans chacune de nos idées.
Dès lors, si nous
parvenons à contempler Dieu par cette idée adéquate, la Joie de cette
connaissance active est une action pure, sans mélange.
Elle est la Joie de
comprendre le Réel comme dynamique absolument positive.
Non seulement
/ nous comprenons que ce que nous appelons un mal, ou une tristesse, n'existe
., pas en soi, mais seulement en relation avec notre finitude : elle est cette
contrariété éprouvée
par notre conatus, ou action essentielle, à cause d'un autre
f conatus, exerçant une action opposée.
Mais en plus, la compréhension de cette 11 réalité, c'est-à-dire de la causalité à l'œuvre dans tout processus, est
augmentation active de notre puissance : des tristesses d'autrui, ou de nos
propres tristesses, nous cessons alors de pâtir.
La Joie de comprendre !'Être
1
comme cause de toutes choses (y compris de cette Joie elle-même) est une Joie
accompagnée de l'idée de Dieu comme cause : elle est Amour de Dieu..
»
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