Commentaire Epicure La Mort n'est Rien pour Nous
Publié le 11/05/2014
Extrait du document
«
Au premier abord, Épicure semble inviter Ménécée à penser à la mort sans relâche :
"Habitues-toi à penser que la mort n'est rien par rapport à nous".
En réalité, il ne souhaite pas
que son disciple se livre à l'anticipation de sa propre fin, comme chez Montaigne avec la
"préméditation de la mort", mais à la pensée que la mort est néant de toute sensation et qu'elle
est par conséquent néant de douleur comme elle est néant de plaisir.
Pour Épicure, le vivant
est un agrégat d'atomes et la mort correspond à la dispersion de ces atomes.
Bien que l'on
puisse considérer que cette dispersion se fasse progressivement, la mort est ici abordée
comme un non-évènement totalement détaché de la temporalité du vivant.
Du fait que nous
n'y survivons pas, nous ne sommes jamais contemporains de notre propre mort.
Il n'y a donc
aucune commune mesure entre l'existence et la non-existence: la mort ne correspond même
pas à une frontière entre les deux.
Aussi, la mort n'est pas une étape de passage pour notre âme, comme c'est le cas dans la
théorie de Platon sur le "monde des idées", mais un état où tout s'arrête; elle ne nous concerne
en rien physiquement.
Elle ne peut donc pas nous faire souffrir et ne constitue en rien une
menace : "la mort n'est rien par rapport à nous".
Si la mort n'est rien pour nous, c'est parce que
par définition elle n'est rien, elle relève du néant et ne doit donc faire l'objet d'aucune
représentation ou projection.
Lucrèce reprend cette idée dans son traité De la nature : "Même
si le passage de la vie à la mort est graduel, les atomes de l'âme quittant progressivement
l'agrégat, la mort comme évènement psychique personnel est soudaine.
Elle tranche le lien qui
unifie la sensibilité vitale" ( De natura rerum , III, v.526).
Cette "droite connaissance" de la
mort est censée nous guider vers l'idée qu'il ne faut pas la craindre mais se concentrer sur la
réalité perceptible et profiter du moment présent.
Ainsi, cette connaissance relève également
d'une délivrance de l'âme, car en cessant de redouter la mort, on devient aptes à éprouver des
plaisirs sans que ceux-ci soient réglés par la perspective d'une fin.
Épicure considère les dieux comme des "immortels bienheureux".
Or, les hommes aspirent
à leur condition bien qu'ils aient tous la connaissance d'être mortels, produisant ainsi un désir
qui ne saurait jamais être assouvi puisqu'il est par définition irréalisable.
La pensée selon
laquelle il ne faut pas craindre la mort nous conduit à voir dans l'espoir d'une vie illimitée une
tentative déraisonnable et inutile.
Dès lors, les effets positifs de la conception d'Épicure se
révèle : elle "rend joyeuse la condition mortelle" en ôtant le vain désir de l'immortalité et les
frustrations qui en découlent..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La mort chez Epicure
- Commentaire Littéraire La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé
- Commentaire "sur la mort de Marie" ronsard
- La mort n’est rien pour nous. Epicure
- Texte d’Epicure sur la mort.