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Commentaire d'un extrait des Fondements de la Métaphysique des Moeurs de Kant: « De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une volonté bonne » Fondements de la métaphysique et des moeurs, première section

Publié le 22/02/2012

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Introduction « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît » L'éthique de réciprocité. La « règle d'or », morale fondamentale basée sur l'empathie et l'universalisme. Aujourd'hui pleinement introduite dans la langue française en tant que proverbe populaire, cette fameuse citation ne laisse aucun doute concernant ses nobles intentions. Cependant, à l'image des travaux du philosophe allemand Emmanuel Kant (19ème) dans son oeuvre Fondements de la métaphysique des moeurs, la mise en pratique de cette éthique soulève un problème moral délicat : peut-on réellement attribuer à tous les partisans de cette règle d'or le mérite de leurs bonnes intentions ? Leur volonté profonde est-elle parfaitement détachée de tout mobile et de toute motivation extérieure ? C'est justement la difficulté que Kant soulève dans ses écrits, divisant sont raisonnement en deux parties : dans un premier temps en faisant la distinction entre inné et acquis, (l.1 à 8), puis en introduisant la notion de présomption née du manque de bonne volonté (l.8 à 18) et en exposant sa propre idée de la dignité et de l'accès au bonheur véritable.
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« du débat (par opposition au dialogue et à la maïeutique dans l'Allégorie de la caverne de Platon).

Cette démarchesuggère le pouvoir que chacun détient de parvenir à la vérité par soi-même : c'est le solipsisme.Les deux philosophes adopteraient donc un point de vue plus optimiste à l'égard de l'humanité que ne le fait Kant,qui fait certes l'éloge des qualités premières propres au tempérament, mais fait également l'examen pointilleux desdangers de cette « perversion des dons ».La naissance de la présomptionLes états que sont le plaisir ou le bonheur n'impliquent pas, par eux-mêmes, que la personne qui en jouit ou enprofite se comporte moralement « bien » avec les autres : Kant parle ici d'une « confiance en soi qui souvent aussise convertit en présomption » (l.11) et qui serait le résultat d'une absence de « volonté bonne ».

Le penseurénumère dans un premier quelques exemples de « dons de la nature » tels que le pouvoir, la richesse (l.8), laconsidération ou encore l'état de bonheur (l.10), qui regrouperait trois critères, par ordre d'importance : la santé, lebien-être complet et le contentement de son état (l.9-10).

Ainsi, la vitalité et la bonne condition physique (absencede maladie, de handicap physique, de blessure…) seraient la condition première à l'atteinte du bonheur, suivieensuite du bien-être psychique (absence de maladie mentale, de dépression…).

Puis vient finalement lanotion plus secondaire mais non moins importante qu'est la conscience de son bonheur.

A titre de démonstration, unsujet dont l'existence réunirait les deux premiers « critères » mais qui ne tiendrait pas compte de cette « chance »(car Kant parle ici « d'avantages » l.13 lorsqu'il désigne les conditions à l'atteinte du bonheur) ne pourrait profiterpleinement de son état, cherchant sans cesse à « éprouver mieux », à « se sentir mieux » (en référence à lacitation de Voltaire devenue fameuse « le mieux est l'ennemi du bien »).Une fois cette définition du bonheur opérée par Kant, ce dernier en énonce les dangers : confiance en soi,présomption, le bonheur ne réussit pas à tout le monde s'il n'y pas « une bonne volonté pour redresser et tournervers des fins universelles l'influence que ces avantages ont sur l'âme » (l.12-13).

La présomption, autrement ditl'autosuffisance, ferme les esprits et encourage le sujet à se centrer sur lui-même sans plus tenir compte de sonentourage, ce qui, au-delà de l'aspect immoral, peut avoir de graves répercutions sur ses relations avec autrui : eneffet, comme le dit Kant, « un spectateur impartial ne saurait jamais éprouver de satisfaction à voir que toutréussisse perpétuellement à un être que ne relève aucun trait de pure et bonne volonté » (l.15-16).

En d'autrestermes, la présence de bonne volonté chez un individu (présence nécessairement recherchée et voulue par le sujetselon Kant) détermine la valeur morale de son état : mérite-il, si l'on se fit à la maxime, de jouir d'un tel bonheur ?Pour le penseur, la réponse universelle à cette question est bel et bien dans les dispositions du sujet à « tournervers des fins universelles » (l.12) ses dons et qualités.

Cependant, Kant n'exclu pas la possibilité (certes immorale)d'un bonheur « non mérité » : un scélérat peut sensiblement atteindre un état de bonheur conséquent tout enagissant contre la morale et dans le non-respect d'autrui.CritiqueSe demander si le bonheur se mérite, c'est présupposer qu'on peut le construire et se hisser jusqu'à lui.

Mais cettehypothèse ne tient pas compte du fait que le bonheur peut échapper à nos prises, dans le sens où il ne dépend pasde nous.

Albert Camus définit le bonheur comme étant « l'accord d'un homme avec la vie qu'il mène », ce qui rejointsensiblement la notion de « contentement de son état » dont parle Kant à la ligne 10 de l'extrait.

La thèse d'AlbertCamus suppose ici que le bonheur d'un homme n'est pas celui d'un autre, il est plutôt le sentiment propre à chacunque sa vie correspond à ses valeurs et à ses attentes subjectives par rapport à l'existence.

En posant le problèmedu mérite du bonheur, nous cherchons à déterminer si l'état de contentement est digne de louanges ou aucontraires de réprimandes.

Le bonheur serait-il offert aux hommes proportionnellement à la bonté (ou plutôt, chezKant, à la bonne volonté) dont ils ont fait preuve ou non durant toute leur vie ? Si l'on suit l'idée qu'Albert Camus sefait du bonheur, si cet état de plaisir durable est réellement l'accord d'un homme avec la vie qu'il mène, il estindépendant de toute notion morale : un être mauvais pourra être heureux sans mériter le bonheur d'un point de vuemoral.

Il n'est cependant pas exclu de nuancer cette position, car il n'est pas certain qu'un être puisse pleinementse réjouir de faire le mal autour de lui.ConclusionSelon Kant, la volonté bonne est donc la principale condition à l'atteinte du bonheur véritable : c'est une qualitéprécieuse mais néanmoins à la portée de tout homme puisqu'elle n'est pas rattachée aux divers dons et talents del'esprit, propres au tempérament inné de chacun, mais bien au caractère, acquis et maîtrisable.

L'absence devolonté bonne engendrerait mépris de l'entourage et bonheur non mérité : aussi les facultés innées seules nesuffisent pas.

Le bonheur s'atteint sous toutes ses dimensions par l'universalisation des dons qui nous sont propreset par respect de la morale.A l'image de l'être mauvais jouissant d'un bonheur immoral et sans mérite, le philosophe Alain ouvre de nouveauxhorizons avec sa citation « on aime guère un bonheur qui vous tombe ; on veut l'avoir fait », qui suppose, au-delàdu devoir de mérite moral, l'envie et la recherche de la justesse morale rattachée ici au bonheur. Sujet désiré en échange :doit-on satisfaire tous nos désirs ?. »

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