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Commentaire Du Paragraphe 7 Des Prolégomènes À Toute Métaphysique Future De Kant

Publié le 26/07/2012

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kant

« toutes ces propriétés à un seul objet, savoir une boite d'allumette.

L'entendement est formé de telle manière qu'il ne peut appréhender cette diversité sans la ramenerspontanément à une unité de l'objet.

Cet acte là, qui consiste à "saisir leur diversité en une connaissance" (CRP, A77/B103) est appelée par Kant la synthèse.

Ellefonctionne en trois étapes : d'abord on appréhende le divers de l'objet dans l'intuition sensible, ensuite on le réunit dans l'imagination, sans encore en avoir deconnaissance, et enfin, on le synthétise dans l'entendement, qui constitue l'unité de l'objet d'expérience.

Mais cette vocation de l'entendement à unifier le divers n'estpossible que si nous avons déjà en nous un concept d'unité, or, d'où peut-il provenir, si l'expérience ne nous donne que de la diversité ? Et bien, selon Kant, la seulesource possible est la conscience ; puisque c'est en son sein que se trouve réunie la diversité des représentations.

La recherche de l'unité est le but de la synthèse, etcette conscience de soi, dans laquelle je procède à l'unité synthétique, présuppose cette synthèse et en est à la fois la condition de possibilité : si je ne rapportais pasmes représentations à une unité, je n'aurais pas conscience de l'unité et de l'identité de moi-même, mais d'un divers de sensations aussi confus que les représentationsque j'aurais.

En cela, Kant est un idéaliste, puisque pour lui, "tout est dans notre tête".

Ainsi, affirmer que l'intuition d'une chose présente puisse me la faire connaîtrecomme elle est en elle-même est une idée absurde puisqu'il faudrait supposer que les propriétés de la chose puisse se transporter dans ma faculté représentative ; on aici la critique standard la vérité comme adéquation de la chose et de la pensée : l'adéquation est impossible puisque la chose n'est pas elle-même dans la pensée.-III.a) Ainsi nous voyons que la connaissance objective de la réalité se trouve dans notre subjectivité même.

Nous n'avons aucune idée du monde hors de notrepouvoir de perception.

Et si l'intuition a pour fonction de fournir le contenu d'un objet, et que l'objet lui-même est considéré comme en soi, et que, comme nousl'avons vu, l'intuition ne nous permet de nous représenter qu'une réalité partielle et diverse de l'objet, la scission s'amplifie : l'objet tel qu'il est en lui même, la choseen soi, a un rôle limitatif, puisque notre mode de connaissance n'est pas apte à nous en donner l'accès.

Il reste donc totalement extérieur.

L'idéalisme de Kant n'est ducoup pas total, à la différence de Descartes ; puisqu'il admet à la fois la réalité du monde extérieur et l'impossibilité d'en avoir une connaissance indépendamment desconditions subjectives de l'expérience, qui sont la concomitance de l'intuition et l'entendement.

Pour Descartes, l'expérience interne de la conscience est plus certaineque celle des objets extérieurs ; sauf que Kant le réfute en montrant que notre expérience interne n'est possible que sous la supposition de l'expérience externe : lemonde est démontré par la nécessité de le poser afin qu'une expérience de moi-même soit possible, de même qu'une expérience du monde n'est possible que si jeramène ces expériences à un seul sujet, moi-même.

C'est à dire que le monde est réel, mais que la réalité est en quelque sorte une modalité de notre propre expérience.(CRP B275 & B276)Qu'en est-il alors de l'intuition a priori ? Puisqu'elle ne peut pas fournir de contenu, alors sa fonction est autre, cependant elle doit toujours précéder la réalité del'objet.

Nous avons vu que c'était la forme de l'entendement qui permettait de constituer un objet ; dans ce cas là, qu'est-ce qui dans l'intuition permettra la réceptivitédes propriétés qui le constitueront comme objet ?"Donc, la seule manière qui permette à mon intuition de précéder la réalité de l'objet et d'avoir lieu comme connaissance a priori, c'est qu'elle ne contiennent riend'autre que la forme de la sensibilité" : tout comme l'entendement, ce sera sa forme.

C'est à dire que l'intuition a priori sera la condition de possibilité de la perceptiondes phénomènes, en tant qu'ils sont la saisie de l'objet par l'intuition.

Le seul moyen qu'elle a de précéder l'affection de la sensibilité par l'objet, c'est donc de la rendrepossible, en tant que forme de la subjectivité.III.b) Que les objets des sens, ou phénomènes, ne puissent être intuitionnés que selon la forme de la sensibilité, on peut, d'après Kant, le savoir a priori.

C'est assezlogique étant donné que nos cinq sens sont spécialement conçus pour percevoir le monde extérieur.

Qu'en est-il de cette forme ? Et en quoi une intuition a prioripermettrait-elle l'élaboration des jugements synthétiques a priori propres au mathématiques pures ? Il convient de préciser le rapport entre l'a priori et l'expérience : ilest en réalité beaucoup plus qu'une simple antériorité temporelle.

On peut lui attribuer deux qualités spécifiques : tout d'abord il rend possible l'expérience, ensuite, illa structure.

Il est à la fois les conditions de possibilité d'une expérience du monde et les lois mêmes de ce monde comme un ensemble de phénomènesexpérimentables.

Cela signifie que la caractéristique essentielle de notre faculté de connaitre devient la loi structurante de son objet : le monde.

Ceci grâce aufonctionnement, comme il a été dit, de notre subjectivité et de sa capacité d'objectivation.Nous avons vu que la sensation, qui contient l'information sensorielle, ou l'intuition empirique, est forcément a posteriori, et que la forme qui permet d'unifier cetteinformation devait être donnée a priori.

En reprenant l'ordre de la perception, nous avons d'abord une sensibilité, qui permet de recevoir l'intuition d'objets extérieursqui sont des phénomènes, phénomènes constitués eux-mêmes d'une forme a posteriori et d'une forme a priori.

Cette forme vaut donc pour n'importe quel phénomène,elle est universelle et nécessaire, dans la mesure où c'est elle qui permet l'intuition d'objets comme phénomènes.

La Critique de la Raison Pure nous apprend, dansl'Esthétique Transcendantale, qu'il n'y a que deux formes a priori des sens, c'est à dire abstraction faite de tout contenu sensoriel : l'espace et le temps.

C'est d'ailleursce à quoi aboutira Kant dans le paragraphe suivant des Prolégomènes.

L'un est un sens externe, qui nous permet de penser l'extériorité : puisque nous sommes dotésde la capacité de sentir les objets extérieurs, nous nous représentons ainsi toujours l'objet comme occupant un lieu dans l'espace différent que celui que nousoccupons.

Il est par là la condition de possibilité de toute intuition sensible d'un objet extérieur.

Pour en revenir aux mathématiques, il rend possible, par exemple, lagéométrie, qui n'est finalement qu'un jeu de représentations dans l'espace.

Quant au temps, il est une forme pure de l'intuition interne dans la mesure où il permet lareprésentation de la successivité, de la simultanéité, de la permanence, et il est donc nécessaire à toute expérience ; car il est difficilement concevable d'imaginer uneexpérience sans temporalité.III.c) Kant rejoint ainsi la possibilité d'une mathématique pure, émettant des concepts universels et nécessaires par la synthèse a priori : "Il s'ensuit que, sur les objetsdes sens, des propositions sont possibles et valables, qui ne concernent que cette forme de l'intuition sensible".

Ces concepts sont universels car ils obéissent aux loisqui les fondent, lois qui sont elles-mêmes les conditions subjectives à priori de notre connaissance de leur objet.

C'est pourquoi les mathématiques réussissent ettrouvent leur succès dans l'élaboration de jugements synthétiques a priori ; une simple addition implique l'addition successives d'unités différentes dans le temps,savoir une intuition pure, et de la même façon, la plus basique (et éternelle) idée d'un triangle nécessite l'intuition pure de l'espace afin de rendre la représentationpossible.

L'a priori est ce qui nous permet de présumer ce qui est encore inaperçu sur ce qui est perçu, et seuls l'espace et le temps donnent, si l'on puit dire, une scènesur laquelle vont se dérouler nos représentations."il s'ensuit, en même temps, réciproquement, que les intuitions qui sont possibles a priori, ne peuvent jamais concerner d'autres choses que les objets de nos sens."Le contexte spatio-temporel est spécifique à l'expérience sensible.

En d'autres termes, se représenter un objet, c'est toujours avoir l'intuition d'un phénomène dansl'espace et dans le temps.

Il nous est donc impossible d'établir une connaissance sur un objet tel qu'il est en dehors de notre façon de l'intuitionner, donc tel qu'il est enlui-même, parce que nous ne pouvons appréhender qu'un "apparaître" ; un phénomène, notre mode de connaissance étant limité par ce qui le constitue, savoir d'unepart la sensibilité et ses intuitions a priori, d'autre part l'entendement et ses concepts a priori.

C'est pourquoi nous disions de la chose en soi qu'elle avait un rôlelimitatif : elle représente là où s'arrête notre pouvoir de connaitre, notre incapacité à connaitre l'inconditionné de l'objet, étant donné que nous sommes totalementconditionnés.-conclusionL'entreprise de Kant a donc été menée à terme : il a trouvé comment l'intuition a priori était possible et a fait d'une pierre deux coups en délimitant les aptitudes denotre mode de connaissance au seul monde phénoménal, obéissant aux lois universelles et nécessaires de cette même intuition a priori.

De là, toute prétention àconnaitre un objet non-phénoménal, non-expérimentable, ou encore un objet dépassant à la fois et la réalité et notre raison, se retrouve alors vaine et destinée àtourner en rond : les prétentions de la métaphysique à connaitre les choses en soi s'arrêtent avec Kant, et c'est une page de la philosophie qui se tourne.. »

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