Commentaire Du Contrat Social de Rousseau, "Du législateur"
Publié le 15/01/2013
Extrait du document
«
A.
Les raisons : théorie de l’Etat de nature
« Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer, pour ainsi dire, la
nature humaine »
- Le but premier du législateur semble évidemment être changer la nature humaine.
Dès la
première phrase de cet extrait, on a une vision matérialiste.
« Il faut que l’homme change la
nature humaine », nous pouvons faire référence à Xavier Martin qui affirme que la
philosophie des Lumières ne croit pas en l’existence d’une nature humaine, que l’homme n’est
que pure matière, dénué de tout caractère spirituel et totalement déterminé par les corps
extérieurs.
L’homme, selon lui n’est qu’une machine, une horloge que l’on peut régler sans
son consentement.
L’homme n’est qu’un animal dépourvu de raison.
- On relève trois auteurs ayant défini l’état de nature de l’homme : Rousseau, Locke et
Hobbes.
Quand on parle d’état de nature, on parle de l’état des hommes avant qu’ils se
sociabilisent et qu’ils mettent en place une organisation politique, une structure politique.
Les
hommes selon Rousseau seraient totalement dispersés et dénués de culture.
On exclut l’idée de
sociabilité naturelle puisque les hommes sont solitaires, naissent isolés et n’entretiennent
aucun rapport moral.
- Cette conception matérialiste de l’homme va à l’encontre de la théorie d’Aristote qui affirme
que l’homme est par nature un animal sociable : « L’homme est un animal politique ».
- Selon Rousseau, les Hommes ignorent la sociabilité naturelle et obéissent à deux principes qui
sont la pitié et l’amour de soi.
L’animal est un être de besoin et non de désir, d’où le fait que
l’homme est un animal.
Et même si le langage différencie l’Homme de l’animal, Rousseau
affirme dans sa théorie de l’état de nature de l’homme, que ce dernier ne parle pas.
- « transformer chaque individu, qui par lui-même est un tout parfait et solitaire ».
Quand on
parle d’entité sociale, au sens matérialiste, on entend « jonction conventionnelle d’individus
humains par nature solitaires, ou tout au plus, sporadiquement juxtaposés ».
On parle
d’homme isolé par vocation et comme « tout parfait et solitaire » (état naturel) selon
Rousseau (dont la perfection indique l’achèvement).
En effet, l’homme non institué par la
nature n’aura pas besoin d’un bagage intellectuel et affectif conséquent, il est un être diminué,
c’est « un animal stupide et borné ».
- Il relève alors de la mission du législateur de changer la nature humaine « Celui qui ose
entreprendre (…) d’altérer la constitution de l’Homme .
» Ce dernier par nature n’est voué
qu’à la solitude, donc incapable, essentiellement, de vie sociale satisfaisante.
Quand on dit «
dénaturer l’homme », « altérer sa constitution » on entend de la part de Rousseau un propos
plutôt doux mais son audace est visible.
On dénigre la nature humaine.
Il va donc falloir forcer
les hommes faits par la nature, pour le bonheur commun, pour qu’ils soient heureux en
solitaires.
L’homme est l’ouvrage informe de la nature.
- Le législateur a donc pour rôle de changer la nature humaine, mais dans un but précis :
éduquer les hommes.
« Il faut, en un mot, qu’il ôte à l’homme ses forces propres pour lui en
donner qui lui soient étrangères et sont il ne puisse faire usage sans le secours d’autrui ».
En
effet, le rôle du législateur va être d’éduquer l’Homme en changeant donc sa nature.
On peut
citer une œuvre faite pendant la période du Contrat Social : l’Emile ou de l’éducation de
Rousseau qui est un traité d’éducation portant justement sur l’art de former les hommes.
- Comme chez Platon, le législateur va alors modeler les passions, utiliser leur force pour
« affermir le patriotisme ».
Il va former de véritables citoyens.
Il politise donc l’homme et lui
fait sentir que son existence dépend d’autrui.
Cette tâche est tellement dangereuse que
l’homme ne doit pas avoir de part au commandement afin qu’il ne puisse pas profiter d’un
pouvoir aussi grand..
»
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