Commentaire Descartes: « Il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires »
Publié le 04/03/2012
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Quelle anthropologie implique la distinction hiérarchique de Descartes entre les âmes « basses et vulgaires « soumises aux passions et les « grandes « âmes maîtresses en toutes circonstances de leurs passions grâce à l'exercice de la raison ?

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passions et les « grandes âmes » que la raison car ainsi aucune communication et aucune conversion
de l’âme ne seraient possibles.
Ainsi, de quel point de vue y aurait-il une distinction ? N'y aurait-il pas un aspect social, religieux ou
bien même passionnel à cette séparation des âmes ? Cette différence ne peut se faire du point de vue
religieux car pour Dieu toutes les âmes sont égales et semblables.
L'appartenance à une classe sociale
pourrait jouer un rôle dans cette distinction.
Ainsi les « grandes âmes » ne seraient-elles pas celles qui
appartiennent à la haute aristocratie et inversement les « âmes basses et vulgaires » ne seraient-
elles pas celle du petit peuple ? Cela n’est pas possible car Descartes utilise le facteur « âme » pour
différencier les individus et ne se base en aucun cas sur leurs richesses ou bien leurs savoirs.
Il a sans
doute recours à d’autres facteurs pour établir cette différence.
Cependant, l’emploi de l’adverbe
« principalement » (ligne 2) montre qu’il va donner un principal argument pour se justifier, reste à
savoir lequel.
Selon Platon, l’excellence d’une cité se voit dans sa capacité à ordonner, apaiser, « contrôler »
les désirs et les passions humaines.
La « grandeur » d’une âme pourrait également se manifester dans
son aptitude à ne pas céder.
Tel est le principe que Descartes met, dans ce passage, au centre de sa
distinction entre les deux types d’âmes : les « grandes âmes » se caractérisent par une réelle élévation
d’esprit, de la hauteur et un véritable détachement par rapport à soi, tandis que les « âmes basses et
vulgaires », c'est-à-dire celle qui sont communes « se laissent aller à leurs passions » (ligne 3).
Sans
doute, qu’il existerait des degrés entre les deux.
Ces « âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions", c'est à dire qu'elles ne sont pas maîtresses
d'elles-mêmes, et qu'elles se laissent guider par leurs passions.
La conjonction de coordination « et »
(ligne 3) témoigne du lien entre l’âme et les passions.
Il y a passion quand un désir, parvenu à
dominer et orienter tous les autres, aveugle l'homme au point qu'il en devient dépendant.
Ces âmes
basses et vulgaires "ne sont heureuses ou malheureuses que selon que les choses qui leur surviennent
sont agréables ou déplaisantes" (lignes 3-4).
Ainsi, la caractéristique de ces « âmes vulgaires », c'est-
à-dire celles du plus grand nombre, est qu’elles font dépendre leur bonheur du plaisir ou du déplaisir
que les événements peuvent leur procurer sans aucune intervention intérieure.
Le fait que l’âme
semble dépendre des éléments extérieurs et uniquement de ceux-ci, comme le témoigne la formule
restrictive « ne … que » (ligne 3), met en relief un paradoxe.
Ensuite, il oppose cette idée aux « grandes âmes ».
Ceci est marqué par la structure « au lieu
que ».
Ces « grandes âmes » arrivent à « des raisonnements si forts et si puissants » (lignes 4-5) que
les passions ne prennent pas le dessus sur les raisonnements que Descartes entend comme justes et
qui s’attachent à dégager les causes profondes de ce qui nous touche.
Un autre élément la volonté,
non mentionnée dans le texte est déterminante dans une telle tâche.
Les « grandes âmes » sont celles
chez qui la volonté prend le plus rapidement le dessus : elles suivront plus facilement le jugement que
leur propose la raison ou bien l’évidence.
Par exemple, si un proche décède, la « grande âme »
souffrira autant qu’une autre âme semblable.
Cependant, elle ne sombrera pas dans la tristesse
contrairement à « l’âme vulgaire » qui vivra cette perte comme un traumatisme.
L’expression « bien qu’elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du
commun » (lignes 5-6) , en incise est paradoxale.
En effet nous pourrions croire que si les grandes
âmes triomphent c’est parce qu’elles n’ont pas de tentations, ni de passions.
Or ce n’est pas le cas,
celles-ci ont mêmes des passions « plus violentes que celles du commun » c'est-à-dire qu’il leur arrive
des choses avec beaucoup plus d’impact qu’il en arrive aux « âmes vulgaires ».
Grâce à leurs raisonnements « si forts et si puissants […] leur raison demeure néanmoins toujours la
maitresse » (lignes 5-6)..
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