Commentaire de texte sur les deux sources de la morale et de la religion de Bergson
Publié le 07/07/2005
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La religion fournit l'image d'une vie après la mort. On fait d'ailleurs fréquemment coïncider l'apparition du phénomène religieux dans la préhistoire avec les premières tombes retrouvées par les archéologues. Assurance aussi contre l'imprévisible elle a rapport au sentiment du risque. Rapport entre le but et l'action même. L'intelligence connaît une marge d'imprévue puisqu'elle combine des moyens en vue d'une fin parfois lointaine. Avec les rites religieux, l'imprévisibilité tend à s'amenuiser et à perdre du terrain. La fonction générale de la religion statique est donc : « une réaction défensive de la nature contre ce qu'il pourrait y avoir de déprimant pour l'individu, et de dissolvant pour la société, dans l'exercice de l'intelligence. « La Religion était donc la raison d'être de la fonction fabulatrice. Elle est son effet et non sa cause. Il s'agissait d'un besoin, peut-être individuel, mais surtout social.
«
le modèle même de l'impératif catégorique.
Il est de nature somnambulique et se ramène à la consigne militaire :« Pensons… à une fourmi que traverserait une lueur de réflexion et qui jugerait alors qu'elle a bien tort de travaillersans relâche pour les autres.
Ses velléités de paresse ne dureraient d'ailleurs que quelques instants, le temps quebrillerait l'éclair d'intelligence.
Au dernier de ces instants, alors que l'instinct, reprenant le dessus, la ramènerait devive force à sa tâche, l'intelligence que va résorber l'instinct dirait en guise d'adieu : il faut parce qu'il faut.
» Il semble alors que l'impératif tendra d'autant plus à la forme catégorique que l'activité, bien qu'intelligente,sera instinctive.
Or « une activité qui, d'abord intelligente, s'achemine à une imitation de l'instinct est précisémentce qu'on appelle habitude ».
Intelligence et instinct sont des formes de conscience qui se sont interpénétrées àl'état rudimentaire et qui se sont progressivement dissociée en évoluant.
En ce sens, plus on examineragénéalogiquement la racine des obligations pour en arriver à l'obligation en générale plus celle-ci tendra à devenirune nécessité donc de l'instinct.
Exemple : le langage.
L'emploi de signes particuliers est conventionnel, mais lelangage lui est naturel. De ce point de vue, l'obligation perd son caractère spécifique.
Elle se rattache aux phénomènes les plus généraux de la vie.
En effet, « c'est un instinct virtuel, comme celui qui est derrière l'habitudede parler.
La morale d'une société humaine est en effet comparable à son langage.
Il est remarquer que si lesfourmis échangent des signes […] le signe leur est fourni par l'instinct même qui les fait communiquer ensemble.
»Donc de ce point de vue, l'obligation perd son caractère spécifique.
L'instinct social au fond de l'obligation social vise toujours une société close et jamais l'humanité dans son universalité.
Entre les deux il y a la même proportion du fini à l'indéfini, « du clos à l'ouvert ».
Or la cohésionsociale est due notamment à la nécessité pour une société de se défendre des agressions extérieures.
Néanmoins ily a toujours eu des personnes d'exception dans lesquels cette morale de l'humanité s'est incarnée.
Il y a unedifférence de nature et non seulement de degré entre la morale sociale et la morale complète.
« la généralité del'une tient à l'universelle acception de la loi, celle de l'autre à la commune imitation d'un modèle ».
Ainsi la secondepour s'incarner elle-même doit-elle trouver une personne privilégiée qui devient un exemple.
La morale naturelle estalors pression ou poussée, la morale complète et parfaite : un appel.
Jusqu'ici les devoirs sont ceux que nous imposela vie sociale ; « ils nous obligent vis-à-vis de la société plutôt que de l'humanité.
On pourrait donc dire que laseconde morale […] est humaine, au lieu d'être seulement sociale.
» Dans le premier cas donc l'attitude morale del'homme est de faire corps avec la société.
L'obligation proprement dite implique, à l'origine, un état de choses oùl'individu et le social ne se distinguent pas l'un de l'autre.
« Individuelle et sociale tout à la fois, l'âme tourne ici dansun cercle.
Elle est close.
L'autre attitude est celle de l'âme ouverte.
» En dehors de l'instinct et de l'habitude, il n'y a d'action directe sur le vouloir que celle de la sensibilité.
Or « la propulsion exercée par le sentiment peut d'ailleurs ressembler de près à l'obligation ».Cependant,la perfidie de la passion est justement de contrefaire le devoir.
Mais même dans l'émotion la plus tranquille peutentrer une certaine exigence d'action qui diffère de l'obligation.
On peut voir ici le cas paradigmatique de l'amour quiinspire à l'homme une inclination distincte du désir qui cependant y reste soudée, participant donc à la fois de lasensation et du sentiment.
« Une émotion est un ébranlement affectif de l'âme.
» Or il faut distinguer deux espècesd'émotion, deux variétés de sentiments, deux manifestations de sensibilité : - un premier où l'émotion est consécutive à une idée ou à une image représentée.
Elle est infra- intellectuelle. - l'autre serait, par rapport aux états intellectuels qui surviendront, une cause et non plus un effet. Elle est supra-intellectuelle.
Elle peut devenir génératrice d'idées. « Création signifie, avant tout, émotion.
» L'attention est marquée par une nuance spéciale, comme individualisée, par l'objet auquel elle s'applique.
Il ne faut donc pas parler d'intérêt en général.
Le problème qui ainspiré de l'intérêt « est une représentation doublée d'une émotion, et que l'émotion, étant à la fois la curiosité, ledésir et la joie anticipée de résoudre un problème déterminé, est unique comme la représentation.
» C'est ce quipousse l'intelligence en avant.
« L'œuvre géniale est le plus souvent sortie d'une émotion unique en son genre.
» Du point de vue d'une nouvelle création morale, avant la métaphysique nouvelle, il y a l'émotion qui se prolonge en élan du côté de la volonté, et en représentation explicative dans l'intelligence.
« Métaphysique etmorale expriment la même chose, l'une en termes d'intelligence, l'autre en termes de volonté ».
Ainsi le langage desfondateurs et réformateurs de religions ne fait que traduire en représentations l'émotion particulière d'une âme quis'ouvre, rompant avec la nature qui l'enfermait à la fois en elle-même et dans la cité. Ainsi, la nature, déposant l'espèce humaine le long du cours de l'évolution, l'a voulue sociable, comme elle a voulu les sociétés de fourmis et d'abeilles; mais puisque l'intelligence était là, le maintien de la vie sociale devait êtreconfié à un mécanisme quasi intelligent: intelligent, en ce que chaque pièce pouvait en être remodelée parl'intelligence humaine, instinctif en ce que l'homme ne pouvait pas, sans cesser d'être un homme, rejeter l'ensembledes pièces et ne plus accepter un mécanisme conservateur.
Cependant, la nature avait prévu une certaineextension de la vie sociale par l'intelligence, mais une extension limitée.
Ainsi en allant de la solidarité sociale à lafraternité humaine, nous rompons donc avec une certaine nature, mais non pas avec toute nature.
« C'est pourrevenir à la Nature Naturante que nous nous détachons de la Nature naturée ». On peut distinguer l'âme close et l'âme ouverte mais aussi l'âme qui s'ouvre.
Le pur statique est l'infra- intellectuel, et le pur dynamique du supra-intellectuel.
L'un a été voulu par la nature, l'autre par le génie humain.
Ilest aisé de voir qu'aucune fin ne s'imposera d'une manière obligatoire en tant que simplement proposée par la raison.Si certaines forces réellement agissantes et pesant effectivement sur notre volonté sont dans la place, la raisonpourra et devra intervenir pour en coordonner les effets, mais elle ne saurait rivaliser avec ces forces, puisqu'onpeut toujours raisonner avec elle, opposer à ses raisons d'autres raisons, ou même simplement refuser la discussion.A vrai dire, une morale qui croit fonder l'obligation sur des considérations purement rationnelles réintroduit toujours àson insu des forces d'ordres différentes ..
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