Commentaire de texte : Platon : « N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière ? »
Publié le 09/06/2013
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Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée :
- N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière ?
- Quel bien veux-tu dire ?
- La liberté, répondis-je. En effet, dans une cité démocratique tu
entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un
homme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cette cité (...) Or (...)
n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste
qui change ce gouvernement, et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie ? (...) Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons' elle s'enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...) Et ceux
qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traite d'hommes serviles et sans caractère. Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants. N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout? (...) Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin l'anarchie gagne jusqu'aux animaux ? (...) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyens tellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le .sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir absolument aucun maître. - Je ne le sais que trop, répondit-il. - Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie.
PLATON
La réflexion politique moderne s'est habituée à considérer volontiers la démocratie comme, sinon le meilleur, du moins « le moins pire « (Churchill) des régimes. Telle n'est pas l'opinion de Platon, qui montre ici qu'elle ne peut qu'aboutir à la tyrannie. Précisément parce qu'un tel jugement paraît aujourd'hui déroutant, il est intéressant d'en analyser les fondements.
Plan
Introduction.......................................................................................................................................2
I - Démocratie et liberté....................................................................................................................2
II - Perversion morale de la démocratie............................................................................................2
III - L'aboutissement à la tyrannie.....................................................................................................3
Conclusion .........................................................................................................................................3
«
Devoir rédigé
Introduction
La réflexion politique moderne s'est habituée à considérer volontiers
la démocratie comme, sinon le meilleur, du moins « le moins pire »
(Churchill) des régimes.
Telle n'est pas l'opinion de Platon, qui montre ici
qu'elle ne peut qu'aboutir à la tyrannie. Précisément parce qu'un tel jugement
paraît aujour d'hui déroutant, il est intéressant d'en analyser les fondements.
I - Démocratie et liberté
Si la « démocratie » est bien dès Platon gouvernement par le peuple,
on doit rappeler que ce dernier terme n'a pas, dans la philosophie antique,
le sens qu'on lui attribue à partir du XVIII e siècle : loin de désigner
l'ensemble du corps politique, il n'évoque qu'une « foule » ou une « masse
» inculte, sou mise à ses désirs, et qu'une bonne organisation de la Cité doit
contraindre à obéir aux lois.
Or, dans la démocratie, et c'est bien en quoi
elle est pour Pla ton critiquable, c'est le peuple qui fait les lois.
Le peuple désire avant tout l'exercice de sa liberté, tenue pour le
bien suprême.
Constitué d'hommes « libres » (non esclaves), il a pour
projet d'exercer cette liberté au maximum, c'est -à-dire de ne subir aucune
contrainte.
Tout le reste lui est indiffér ent (du point vue platonicien ; le
peuple méconnaît l'importance du Bien et du Vrai).
On doit là aussi préciser que cette liberté est entendue dans une
acception particulière ; loin d'être politiquement organisée par la loi qu'elle
énonce (cf.
Rousseau) o u autonomie morale (saisie directe de la loi dans
chacun, cf.
Kant), elle ne veut subir aucun frein et obéit simplement à un
désir tou jours plus marqué de la déployer.
II - Perversion morale de la démocratie
C'est pourquoi tout signe d'obéissance à quoi que ce soit est perçu
négati vement par la liberté du peuple : plus les dirigeants (les mauvais
échansons) flattent ce goût pour la liberté, plus elle va exercer de ravages
- d'abord en s'en prenant aux dirigeants qui prétendraient encore
imposer quoi que ce soit ;
- puis en prônant la désobéissance aux magistrats et en tournant en
dérision (en obéissant, ils se conduisent comme des esclaves !) ceux qui les
respec tent ;
- enfin en inversant les rôles : on loue les « gouvernants qui ont l'air
de gouvernés » (ceux qui font le jeu des passions populaires, les.
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