Commentaire de texte « L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse» Freud
Publié le 08/06/2013
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son
étude ordonnée:
Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos
déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de
la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne
supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de
l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer -
poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui
ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celleci. Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile ;
il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble
de l'univers ; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres
soins d'une providence bénévole. II se trouvera dans la même situation
qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il
avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être
dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut
enfin s'aventurer dans l'univers hostile. On peut appeler cela « l'éducation
en vue de la réalité « ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en
écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de
réaliser ce progrès ?
FREUD
La religion est une attitude si ancienne et durable dans l'humanité qu'elle peut paraître finalement obligatoire. C'est ce que n'accepte pas Freud. S'il montre que la croyance en une divinité n'est rien de plus qu'une illusion rassurante, il affirme par ailleurs qu'il serait temps pour l'homme d'affronter la réalité telle qu'elle est et de sortir d'une position infantile. Il y aurait là, à ses yeux, un véritable « progrès «.
Plan
Introduction.
I - L'illusion religieuse.
II - Cruauté de la réalité.
III - Passage nécessaire à la maturité.
Conclusion.
«
la réalité telle qu'elle est et de sortir d' une position infantile.
Il y aurait là, à
ses yeux, un véritable « progrès ».
Dès le début du texte, la religion n'est qualifiée que d'« illusion
religieuse ».
II s'agit donc de savoir si cette illusion a une fonction
irremplaçable et défini tive, et s'il serait impossible que l'homme se passe
d'elle.
Le correspondant de Freud est de cet avis : sans la religion, le « poids
de la vie » et la cruauté du réel seraient insupportables.
Si l'on admet ainsi
que l'homme est incapable par lui -même d'affronter le dév oilement de la
réalité et de lui faire face, on peut en effet considérer les promesses et
consolations de la religion comme indéfiniment nécessaires.
Mais de quel homme s'agit -il ? La frayeur de l'homme devant le réel
est -elle normale, « naturelle », ou résulte -t-elle au contraire d'une éducation
par ticulière qui l'a habitué à la frayeur? Pour Freud, seul l'homme formé dès
l'enfance à la croyance continue nécessairement à ressentir le besoin de
croire : on lui a « instillé...
le doux - ou doux et amer - poison », et il ne peut
plus s'en passer, il devient dépendant, la religion apparaissant comme une
sorte de drogue, ou de calmant, qui viendra « étourdir » la névrose qu'elle a
commencé par installer.
Ainsi, le non -névrosé ne ressent peut -être pas le besoi n de s'étourdir :
la formation religieuse est donc elle -même productrice d'une névrose
particu lière, dont Freud ne précise pas ici la nature, mais dont il évoque
ensuite cer tains symptômes : besoin de protection, recherche systématique
de situations rass urantes, soit une régression vers l'enfance, et le maintien
d'une relation à une bienveillance « paternelle » (on sait que Freud, dans
L'Avenir d'une illu sion, définit Dieu comme « un père tout -puissant »).
La situation de l'être humain dans l'univers, te lle qu'elle peut
apparaître à un esprit sans religion, n'est pas enthousiasmante : « difficile »,
elle est faite de « détresse « et de « petitesse ».
Dès qu'il n'existe plus de
protecteur ou de guide transcendant, l'homme est livré à ses seules forces, et
il doit affronter un réel dont les dimensions mêmes peuvent lui sembler
égarantes.
II ne peut plus se concevoir comme « le centre de la création », la
notion même de « création » perdant toute signification, en même temps que
le principe de la supériorité d'un homme créé pour en être le fleuron.
Freud
lui -même affirme ailleurs que l'ébranlement du géocentrisme a déjà
historiquement ébranlé l'orgueil humain ; il affirme ici le moment venu d'en
subir un autre (Darwin intervenant d'ailleurs entre les deux), co ncernant
cette fois l'absence de fina lité dans le monde et dans sa propre existence.
Si
Dieu « disparaît », plus aucune providence bénévole n'est là pour accorder
de « tendres soins » à l'homme, ainsi ramené à ses seules initiatives - mais
aussi à la néce ssité d'assumer pleinement sa liberté, comme l'indiquera plus
tard Sartre, ce qui n'est pas forcément plus rassurant.
La comparaison avec la situation de l'enfant quittant la maison
paternelle s'impose alors : ce que l'homme perd en même temps que la.
»
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