Commentaire de texte – Henri BERGSON, L’évolution créatrice.
Publié le 14/06/2014
Extrait du document
« Notre intelligence, telle que l’évolution de la vie l’a modelée, a pour fonction
essentielle d’éclairer notre conduite, de préparer notre action sur les choses, de prévoir, pour
une situation donnée, les événements favorables ou défavorables qui pourront s’ensuivre. «
Vous dégagerez l'intérêt philosophique du texte suivant, en procédant à son étude
ordonnée
Notre intelligence, telle que l’évolution de la vie l’a modelée, a pour fonction
essentielle d’éclairer notre conduite, de préparer notre action sur les choses, de prévoir, pour
une situation donnée, les événements favorables ou défavorables qui pourront s’ensuivre. Elle
isole donc instinctivement, dans une situation, ce qui ressemble au déjà connu : elle cherche
le même, afin de pouvoir appliquer son principe que « le même produit le même «. En cela
consiste la prévision de l’avenir par le sens commun. La science porte cette opération au plus
haut degré possible d’exactitude et de précision, mais elle n’en altère pas le caractère
essentiel. Comme la connaissance usuelle, la science ne retient des choses que l’aspect «
répétition «. Si le tout est original, elle s’arrange pour l’analyser en éléments ou en aspects
qui soient « à peu près « la reproduction du passé. Elle ne peut opérer que sur ce qui est
censé se répéter, c’est-à-dire sur ce qui est soustrait, par hypothèse, à l’action de la durée. Ce
qu’il y a d’irréductible et d’irréversible dans les moments successifs d’une histoire lui
échappe. Il faut, pour se représenter cette irréductibilité et cette irréversibilité, rompre avec
des habitudes scientifiques qui répondent aux exigences fondamentales de la pensée, faire
violence à l’esprit, remonter la pente naturelle de l’intelligence. Mais là est précisément le
rôle de la philosophie.
Henri BERGSON, L’évolution créatrice.
«
Plan
Introduction
I - Intelligence et prévision
II - Science et répétition
III - Irréversibilité et philosophie
Conclusion
Introduction
Comment être attentif au nouveau, c'est -à-dire à ce qui n'est pas la simple répétition de
l'antérieur ? À en croire Bergson, l'intelligence ordinaire se préoccupe davantage des
constances, et la science fait de même.
Seule la philosophie aurait dès lors pour rôle, après
s'être défaite des habitudes de la pensée ordinaire ou scientifique, de reprendre contact avec
l'irréversibilité.
I - Intelligence et prévision
Bergson commence par souligner que la fonction principale de l'intelligence est
d'ordre pratique : elle doit éclairer la conduite, préparer l'action, anticiper ses résultats.
On
remarque que cette fonction résulte elle -même de l'« évolution de la vie » : elle est donc la
conséquence de la vie telle qu'elle s'est développée, et c'est pourquoi elle va dans le sens de
son maintien.
Cette orientation vers la pratique détermine la « méthode » de l'intelligence : elle est
sensible aux constances et au « déjà connu ».
Toute situation apparemment inédite est donc
analysée pour être ramenée à une situation antérieur e, déjà connue et maîtrisée, et pour
appliquer des solutions déjà éprouvées.
Ce que le sens commun nomme « prévision de l'avenir » n'est donc, en fait, que la
préparation d'une étape ultérieure par référence à l'antérieur et aux éléments identiques
décela bles dans les deux moments.
II - Science et répétition
Or, pour Bergson, la science ne fait rien d'autre que le sens commun ; la différence
entre les deux attitudes étant « d'exactitude ou de précision » : on peut comprendre que là où
l'intelligence ord inaire oeuvre en termes qualitatifs, la science substitue du quantitatif.
Cette substitution ne suffit pas à modifier l'orientation de la démarche : la science elle
aussi ne s'intéresse qu'à ce qui se répète (ce qui peut s'argumenter aussi en soulignant q ue
l'universel, le concept, ne conserve en effet que des éléments communs et abandonne toutes
les particularités).
Devant un « tout » original, par exemple un phénomène authentiquement
nouveau, elle procède par une analyse isolant des éléments ressemblant à ce qu'elle connaît
déjà.
Ainsi, le nouveau lui échappe.
Ce « défaut » provient de sa finalité : elle cherche l'efficacité, l'application.
On peut
souligner l'opposition apparente entre ce qu'énonce Bergson et la rupture au contraire affirmée
par toute l 'épistémologie entre pensée commune et science.
Mais c'est que Bergson s'intéresse
moins aux méthodes, propres à la recherche scientifique qu'à ce qui finalise celles -ci.
C'est
pourquoi il admet complémentairement que la vérité scientifique passe à côté du réel et n'en
fournit qu'une image utilitaire.
III - Irréversibilité et philosophie
Comment rejoindre le réel, dans l'éclosion qui le caractérise à l'intérieur de la durée,
pour éviter l'échec relatif du sens commun et de la science ? Telle est la tâche que Bergson
attribue à la philosophie : elle doit « se représenter » l'irréductibilité (au même déjà connu) et
l'irréversibilité (qui désigne donc l'impossibilité de produire l'inversion de la durée que
suppose la connaissance ordinaire).
Cela suppose une véritable conversion mentale ; il faut en effet « faire violence à
l'esprit », c'est -à-dire à ce qui lui est devenu habituel en fonction du modelage que lui ont.
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