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Commentaire de texte : Hegel – La raison dans l'Histoire

Publié le 19/04/2011

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Depuis le jardin d’Eden dans la Bible, jusqu’au bon sauvage de Rousseau, en passant par l’état de guerre permanent imaginé par Hobbes, de nombreuses façon de penser ou de théoriser l’état de nature ont été mises en œuvre. Dans la philosophie hégélienne, l’état de nature est caractérisé par la ruse et la violence, il donc est impératif de quitter cet état originel afin d’accéder à un état marqué par la raison. Ce moyen de quitter l’état de nature n’est autre que l’Etat, un concept qu’Hegel développe entre autre dans le second chapitre de son introduction à la philosophie de l’histoire. Perçu non pas comme un ensemble de règles sociales, mais bien comme une substance sociale qui serait parvenue à la conscience d’elle-même, l’Etat est pour Hegel une manifestation de l’Universel. En cela, et parvient ainsi à réaliser l’Esprit dans l’histoire, étape nécessaire de la marche vers l’Absolu. Pourtant, Hegel a bien conscience des faiblesses de l’Etat : matérialisé par les hommes, les sociétaires, il risque de disparaître dans la subjectivité de ces derniers, obnubilés par leurs préférences particulières. Aussi peut-on se demander comment l’Etat parvient-il à concilier les attitudes particularistes, générées par la vie sociale, au sein d’un système objectif ? Pour Hegel, c’est justement de cet ajustement entre la subjectivité des individus, donc des fragments, et l’objectivité de l’Etat, c’est à dire le tout, qui donne à l’Etat sa rationalité. En effet, l’Etat ne doit pas être perçu comme la somme des parties, un tout sans cohérence : son but n’est pas de limiter la liberté individuelle des sociétaires. En revanche, l’Etat permet à l’homme de se réaliser, car c’est au sein que l’Etat que s’objective sa propre subjectivité. Ainsi, l’Etat vise le Vrai au sein de l’unité entre subjectif et objectif. 

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« Dans un premier temps, Hegel s'attache à offrir une définition négative de l'Etat, qui ne doit pas être pensé comme une limitation des libertés individuelles, formant un tout incohérent. Une telle définition de l'Etat reposerait sur l'argument suivant : l'homme ne pouvant vivre seul, il serait donc contraint d'accepter à contrecœur la présence de ses semblables.

En effet, Hegel commence par développer dans cet extrait ce qui n'est pas à l'origine du concept d'Etat : « une forme de vie en commun dans laquelle la liberté de tous les individus doit être limitée ». Ainsi, dans cette conception négative de la notion d'Etat, la limitation de la liberté des individus doit être mise en place afin de garantir la bonne marche de la société : il y a donc une soumission du particulier, c'est à dire le fragment, à l'universel, c'est à dire le tout.

En somme, le tout prédomine sur les parties afin de mettre en place un bien commun, quitte à sacrifier quelques fragment. Hegel détaille ensuite cette définition négative de l'Etat dans la seconde phrase de l'extrait : « On s'imagine que la société est une juxtaposition d'individus et qu'en limitant leur liberté les individus font en sorte que cette limitation commune et cette gène réciproque laissent à chacun une petite place où il peut se livrer à lui-même ».

Afin d'étayer cette première idée, Hegel illustre son propos par l'image de la juxtaposition.

Lorsque l'on juxtapose par exemple des pièces de tissus, on parvient à obtenir une pièce plus important, un grand morceau d'étoffe.

Paradoxalement, on est contraint en juxtaposant ces pièces d'en dissimuler certaines parties, car il ne s'agit pas d'emboîter les pièces, mais bien de les faire passer l'une au dessus de l'autre.

En usant de cette comparaison avec un morceau de tissu, on comprend l'idée qu'Hegel exprime avec le terme de juxtaposition : ce type de conception de l'Etat conduit à dissimuler certaines parties des individus, car ceux-ci doivent tronquer certaines ne leurs libertés individuelles au nom d'un hypothétique bien-être collectif.

Dans cette conception négative, il y aurait donc une totalisation : les individus cessent de vouloir défendre leurs intérêts particuliers en décidant de les sacrifier en faveur de l'Etat.

Partant du principe que cette conception négative de la liberté n'est pas partagée par Hegel, il est possible de noter son influence sur la philosophie de Comte, qui, dans son S ystème de philosophie positive , développe l'idée que la société n'est pas une simple addition d'individus.

En effet, une dissolution de la société en individus ne serait ni rationnelle, ni morale, d'autant plus que la recomposition sociale se fait spontanément.

Malgré tout, ce type de conception de l'Etat semble encore présent dans nos sociétés modernes : Pensons par exemple à ce proverbe, « la liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres ».

Dans ce cas de figure, il s'agit bien d'éduquer le citoyen en vue d'une cohabitation harmonieuse avec ses pairs, tout en le mettant en garde contre un Etat jugé coercitif et omniprésent. En outre, cette vision négative de la vie en société constitue la conséquence d'une conception trop forte du concept de liberté, une « conception purement négative de la liberté ».

En effet, dans cette forme de vie en commun, il ne s'agit pas nécessairement de mettre en place un Etat coercitif, qui ne chercherait qu'à étendre son pouvoir en tronquant les liberté de ses sociétaires.

Hegel ne nie pas l'existence de deux sphères, sphère privée et sphère publique, aussi les individus bénéficient-ils d'une sphère privée, il n'y a pas de mise en commun excessive, et chacun peut, dans une certaine mesure, satisfaire ses désirs particuliers au sein d'une « petite place où il peut se livrer à lui-même ».

Pourtant, la liberté est envisagée dans cette définition de l'Etat comme une capacité de jouir au maximum de tout ce qui est offert à l'homme.

Dans ce cadre, la mise en œuvre idéale de la capacité à être libre serait donc le fait de n'avoir aucune limite à la réalisation de ses propres désirs.

Ainsi, en se basant sur cette conception, on comprend en quoi l'Etat apparaît comme un frein, un obstacle à la vie heureuse.

En définitive, dans cette première définition négative de la notion d'Etat, l'homme doit vivre en société, mais que cette dernière lui et nuisible.

L'homme est donc condamné au malheur, car il ne peut vivre seul, mais ne parvient pas non plus à vivre en société.

Ce type de représentation de l'Etat en fait une structure étrangère aux individus : l'objectivité du politique serait hétérogène à la subjectivité des figures individuelles de la conscience.

Un paradoxe se dessine donc au sein de cette première définition: l'homme est contraint d'abandonner l'état de nature, mais l'Etat n'apparaît pas comme une fin, il est simplement envisagé comme condition de survie de l'homme au sein de ses semblables.

Etrangère à l'optimisme hégélien, cette première conception ne peut donc pas être envisagée : elle remet en cause la nécessité de la sortie de l'Etat de nature, et fait de l'homme un être condamné, incapable de cheminer vers l'absolu.

Aussi faut-il envisager une conception positive de la notion d'Etat : la conception hégélienne.. »

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