Commentaire de texte : extrait de l'Energie Spirituelle de Bergson : de "La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles (...)" à "(...) dans une société plus vaste".
Publié le 03/05/2015
Extrait du document
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Dès lors, cette répétition infinie engendre la négation de l'être en tant qu'individu et la perte de
“destination” (l.6) pour la société, puisque tous deux “(s'oublient)” (l.5/l.6).
Cette temporalité
cyclique pousse les individus à “(faire et refaire) indéfiniment le tour du même cercle”.
Ils ne
cherchent pas à assouvir leurs propres désirs puisque, plongés dans un “état de somnambulisme”
(l.6), ils ne font que répondre aux besoins de leur société, répétant inlassablement les mêmes gestes,
n'ayant que le sommeil pour tout échappatoire.
L'Homme, ce “roseau pensant”, (Pascal) diffère de
l'animal puisqu'il ne peut se résoudre à cette forme de misonéisme caractérisant les sociétés
d'insectes, l'épanouissement personnel de leurs membres ne pouvant avoir lieu.
L'individu dispose
de la pensée alors même que les insectes n'ont, aux yeux de l'Homme, qu'une intelligence collective.
Ainsi, l'individu peut prétendre à un enrichissement tant personnel que sociétal.
Or, seule la sortie de cercle pourrait conduire à l'acquisition d'une “efficacité sociale plus grande”
(l.6) et à la possession d'”une liberté individuelle plus complète”.
(l.6).
Pour cela, l'individu doit
“marcher droit en avant” (l.7), provoquant alors la sortie d'une conception temporelle cyclique au
profit d'une vision linéaire.
La faculté d'adjoindre les deux principes majeurs répondant de l'existence et de la progression d'une
société n'est pas accessible à tous les êtres vivants.
Seules les sociétés humaines sont en mesure d'établir un système soumettant l'individu à un ordre
tangible, tout en lui permettant de posséder des volontés propres et de les exprimer.
Les sociétés animales ne peuvent donc prétendre à l'édification d'un système respectant les deux
principes que sont la subsistance par la subordination et la progression par la libre expression.
Quant à elles, les sociétés humaines, bien que “tenant fixés devant leurs yeux les deux buts à
atteindre”, (l.8/9) semblent condamnées aux “(luttes) avec elles-mêmes” et aux “(guerres) les unes
avec les autres”.
En effet, quoi que soumis à des règles et des lois communes, les Hommes d'une
même société, possédant une éducation primaire différente de leurs pairs, désirant contenter leurs
besoins et désirs propres, sont parfois amenés à entreprendre des luttes entre eux.
Pouvant prendre
la forme de guerres civiles -”le plus grand des maux” selon Pascal-, se traduisant par “le frottement
et par le choc” (l.10), ces conflits engendrent bien souvent le retour de la barbarie et la perte de
toute humanité.
Les guerres entre sociétés humaines sont tout aussi barbares en cela qu'elles
témoignent de la renaissance d'un caractère primitif bien loin de toute civilisation.
Ces luttes et ces guerres révèlent le dessein d'”arrondir des angles, (d'user) des antagonismes,
(d'éliminer) des contradictions”afin d'insérer “les volontés individuelles” dans “la volontés sociale”
(l.11), et cela sans déformation quelconque de l'une ou de l'autre.
En effet, seule la volonté
commune peut permettre à l'Homme d'accomplir un effort plus grand, de produire une chose
matérielle plus élaborée.
Si l'Homme choisit d'exercer ses volontés individuelles sans le moindre
égard pour la volonté sociale, il réduit grandement ses chances de survie et ne peut pressentir une
progression dans son existence.
Comme le montre Jean-Jacques Rousseau dans “Du contrat social”,
le respect de la volonté sociale (ou volonté générale) doit être le fondement même de toute société.
L'individu aspirant à la satisfaction de ses volontés individuelles et révérant la volonté sociale
connaîtra l'assouvissement de son désir, puisque ces volontés s'inscriront dans la volonté sociale, au
même titre que celles possédées par tout membre d'une même société.
En enchâssant les volontés individuelles dans la volonté sociale, les sociétés humaines cherchent à
s'insérer “dans une société plus vaste” (l.12/13), “sans perdre leur originalité ni leur indépendance”.
Les animaux d'une même espèce vivant dans un espace géographique restreint et étant aptes à
cohabiter forment une seule et même société.
L'espèce humaine occupe l'ensemble de l'espace
terrestre et a acquis, au fil des siècles, une culture et un savoir propre qui la différencie de ses
congénères.
Les différentes sociétés humaines sont plus ou moins indépendantes les unes des autres
et leurs disemblances les teintent de singularité, bien que leur origine soit parfois commune.
Les
sociétés Occidentales trouvent en effet leur origine dans la civilisation hellénistique, tout comme les
sociétés Orientales, les territoires marqués par la présence de cette même civilisation s'étendant d'est.
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