Commentaire de texte Bergson Évolution créatrice - chapitre II
Publié le 16/09/2022
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«
Philosophie Contemporaine
Dans cet extrait du chapitre II de l’évolution créatrice, après avoir
introduit son développement de la différenciation entre l’intelligence et
l’instinct, Bergson poursuit celui-ci en considérant ces derniers selon les
espèces de connaissances qu’ils impliquent, plus particulièrement en
adossant ceux-ci en parallèle avec la conscience et l’inconscience.
Il est
aussi question ici, pour Bergson de dégager une distinction, selon lui
« trop peu remarquée » de l’inconscience, en discernant la conscience
nulle de celle annulée.
Ce qui est au centre ici du développement du texte et que Bergson tente
de mettre en lumière, c’est précisément que la conscience qu’il place du
côté de l’intelligence est ce qui permet la représentation par les actions
possibles, à l’inverse dans un certain cas d’inconscience, placé sous le
mode de l’instinct, où « la représentation est bouchée par l’action ».
Nous voyons
d’ailleurs très clairement que Bergson dans ce début de paragraphe porte
un intérêt tout particulier aux différents niveaux de consciences auxquels
l’instinct peut prétendre, qu’il expose au moyen d’exemples très concrets
(instinct végétal et animal).
Ce qui amènera son raisonnement à
poursuivre, afin de mettre en évidence, toujours à l’aide d’exemples
(comme celui du somnambule ou encore de la pierre qui tombe), deux
types d’inconscient, une sorte provenant d’une conscience nulle ainsi
qu’une seconde provenant d’une conscience annulée.
Il spécifie que cette
conscience dite « annulée » peut très bien être une inconscience absolue
comme c’est le cas pour un somnambule.
Durant le mouvement qui suit, il rendra donc compte du fait que dans ce
cas précis, la conscience est absolue justement car c’est la représentation
qui est bouchée par l’action « se faisant » du somnambule.
La personne
dans cet état n’a aucune autre action possible que celle qu’il exécute et
donc la représentation est « bouchée » par celle-ci.
Il démontre ceci en
prenant comme exemple la situation dans laquelle ce somnambule se
heurterai à un obstacle et regagnerai l’accès à sa conscience.
Il énonce en
parallèle que la conscience est intense dans le cas où « beaucoup
d’actions également possibles se dessinent ».
Notre auteur poursuit donc
ce point en érigeant une définition de la conscience tout en développant
les sens possibles de cette dernière.
C’est
dans
cette
articulation
finale
de
l’extrait, que Bergson insère la notion d’intelligence qu’il mettra en regard
avec celle de conscience tout en opposant cette dernière à l’instinct, qui
lui, se verra être associé à l’inconscience.
On peut ensuite remarquer que
Bergson dresse un tableau ayant pour but de revenir sur ce qui est au
cœur de son écriture au travers des pages précédentes, à savoir, les
caractéristiques propres de l’instinct et de l’intelligence.
En précisant leurs
avantages mais aussi leurs limites, il viendra donc une nouvelle fois
souligner cette distinction entre conscience et inconscience, cette fois en
précisant qu’il s’agit de connaissances, comme il le fît remarquer dans
l’ouvrage juste avant le début de ce paragraphe de ‘’précisions’’, mais
aussi que cette distinction est non d’un ordre de nature mais bien de
degré.
Il est donc de notre ressort, de voir dans cet extrait comment se joue un
important axe de transition, qu’utilise l’auteur afin d’introduire
l’intelligence et l’instinct considérés selon des ‘’espèces de connaissances’’.
‘’On se demande jusqu’à quel point l'instinct est conscient.’’ En
réintroduisant ceci Bergson répond que l’instinct peut prendre le caractère
d’une multiplicité de degrés de conscience.
Ceci peut facilement être mis
en regard avec ce dont Bergson développe dans son Essai sur les données
immédiates de la conscience (1889).
En effet, après une longue analyse
de l’intensité durant le chapitre premier de celui-ci Bergson à la fin du
chapitre II avance la chose suivante : ‘’la multiplicité des états de
conscience, envisagée dans sa pureté originelle, ne présente aucune
ressemblance avec la multiplicité distincte qui forme un nombre.’’, les
états de conscience étant inscrits dans la durée et pouvant se
compénétrer sont de l’ordre d’une multiplicité qualitative et nonquantitative (de juxtaposition).
Le fait est que nous pouvons aisément
faire le parallèle entre plusieurs ‘’états de conscience’’ et plusieurs ‘’degrés
de conscience’’.
Car un instinct pouvant être qualifié d’état de conscience
a donc un degré de conscience propre qui lui est attribué.
C’est ce qui
peut être interprété des mots de Bergson quand il annonce que la
différence des niveaux de conscience est non de nature, mais de degrés.
Après avoir exposé l’exemple de l’instinct du végétal et celui de l’animal,
qui présentent dans leurs instincts, des degrés de conscience très bas,
voire nulles dans le cas de la plante, Bergson poursuivra en signalant une
différence selon lui trop peu remarquée.
Celle qui consiste à différencier
deux types d’inconsciences, une dont la conscience apparait comme nulle,
et l’autre où elle apparait comme annulée.
Dans l’éventualité première la
conscience Nulle signifie que celle-ci n’est, précisément, pas.
L’exemple
donné de la pierre qui tombe est fameux, car il est difficile dans l’esprit
commun de concevoir qu’une pierre peut être inconsciente précisément
car la distinction n’est pas faite.
L’inconscience n’est pas simplement le
fait de ne plus avoir de conscience comme nous pourrions le penser mais
cela peut aussi être le fait de ne pas en avoir et de n’en avoir jamais eu.
Dans le cas, d’un objet inanimé par exemple, comme dans celui de la
pierre.
Nous pouvons d’ailleurs remarquer dans cet exemple que l’auteur
attribut à la pierre le fait de n’avoir aucune conscience de sa chute,
comme le fait de n’avoir ‘’aucun sentiment’’ de celle-ci.
Nous pouvons
également remarquer que l’exemple qu’utilise Bergson pour illustrer la
conscience annulée (celui du somnambule) est souvent utilisé par celui-ci,
notamment dans son ouvrage Matière et mémoire au chapitre III, quand il
s’agissait de l’exaltation de la mémoire.
Mais cet exemple est tout aussi important car il permet à notre
auteur d’engager sur la phrase suivante : ‘’la représentation de l'acte […]
tenu en échec par l'exécution de l'acte lui-même ‘’ qui a pour but
d’expliquer comment une inconscience peut être conscience annulée.
Notons bien que Bergson nous dit là que ce qui fait qu'une
conscience est dite ‘’annulée’’ s’explique par le fait que la conscience est
bien présente mais que celle-ci ne peut s’exprimer car elle est, en quelque
sorte, étouffée par l’action en elle-même.
En effet Bergson énoncera à
plusieurs reprises que la conscience se représente l’action avant de
l’exécuter, le fait est que dans le cas du somnambulisme l’action est
réalisée automatiquement sans qu’il n’y ait pour ses personnes la
possibilité de faire autre chose que ce qui leur est « imposé ».
Le
somnambule n’a donc plus aucune représentation de ce qu’il lui est
possible de faire.
De là, provient l’expression qu’il emploi : ‘’ la
représentation est bouchée par l’action’’, pour simplifier cela je peux vous
proposer l’image du cône que Bergson développe dans Matière et
mémoire : l’action tout entière glisse depuis la base....
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