Commentaire de philosophie: Emmanuel Kant, Réflexions sur l’éducation
Publié le 24/05/2021
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Commentaire de philosophie
Emmanuel Kant, Réflexions sur l’éducation
Cet extrait est tiré du texte Réflexions sur l’éducation écrit par Emmanuel Kant qui est un philosophe allemand du siècle des lumières (XVIIIè), lors de ce siècle de nouvelles idées et de nouvelles pensées apparaissent et les auteurs osent critiquer la société et ses vices tout en restant modéré car la censure était extrêmement présente. Cet extrait traite de la question de la place de l’éducation dans la vie de l’homme et de comment celle-ci doit être menée. La thèse développée ici est que l’homme étant le seul animal à travailler et que l’enfant est un homme en devenir, il ne convient donc pas de l’élever comme un petit animal mais il faut au contraire l’extraire de la nature en lui apprenant à travailler. Cette thèse est développée en argumentant que l’oisiveté, autrement dit le fait de ne pas travailler est vu comme une faute, un pêché même dans la religion chrétienne. Afin de comprendre la philosophie de Kant dans cet extrait, nous allons étudier dans un premier temps le travail comme un « devoir » avant d’observer la critique de l’oisiveté comme une faute et nous finirons par voir que tout que tout travail a un but et c’est en cela qu’il est bon.
Tout d’abord, dans la deuxième phrase « L’homme est le seul animal qui doit travailler. » Le mot « doit » qui est le verbe « devoir » conjuguer renvoie à l’idée d’obligation, en effet, nous associons souvent le devoir à une chose d’obligatoire, que nous devons faire pour respecter une morale. Cela voudrait-il alors dire que l’homme doit travailler par morale ? Kant dit également que l’homme est « le seul animal qui doit travailler ». Le travail est donc une nécessité pour l’homme par rapport aux autres animaux. Nécessité dans laquelle l’homme par son travail doit inventer lui-même son mode d’existence et devenir un être culturel. Le travail serait donc une des conditions du mode d’existence de l’homme et sans le travail il ne serait donc rien. L’homme n’a donc pas le choix il doit travailler puisqu’il faut travailler pour vivre, c’est une nécessité d’une part économique mais c’est surtout une contrainte essentielle de l’existence humaine vu comme le moyen de notre adaptation à la vie sociale. Le travail semble donc d’abord être la condition dont l’homme ne peut se passer et sans laquelle il ne peut développer toutes ses potentialités qui dépassent alors celle de l’animal d’où « l’homme est le seul animal ».
«
ses besoins en nourriture, etc… et c’est l’éducation par l’apprentissage qui mène au travail.
Le mot «
travail » vient du latin tripalium qui désigne un instrument de torture et implique l’idée de souffrance
et d’asservissement ce qui est plutôt incohérent avec l’idée que le travail est humanisant et
synonyme d’adaptation et d’intégration dans la société.
Il serait donc alors plus de l’ordre de la
souffrance et de la fatigue.
Beaucoup de métiers aujourd’hui, et ce malgré les avancées
technologiques telles que l’automatisation, les machines, etc… restent physique et demande un effort
conséquent.
Beaucoup de personnes se sentent oppressées au quotidien par la pression d’un
employeur trop exigeant ou plusieurs contraintes par exemple, ce qui nous ramène donc encore à
l’idée de souffrance, cependant ne pas travailler qui est synonyme d’oisiveté, de paresse est vu
comme une atteinte à la morale, et surtout dans la religion chrétienne.
Ensuite, dans cet extrait de Réflexions sur l’éducation , Kant fait explicitement référence à la
religion chrétienne : « La question de savoir si le Ciel » et « Adam et Eve étaient demeurés au paradis
».
Effectivement, dans l’Ancien Testament (l’ensemble des écrits de la Bible précédant la naissance de
Jésus Christ) le travail est une malédiction, une punition divine portée par Dieu sur l’homme en
châtiment du péché originel.
L’homme après cette faute fondamentale devra se satisfaire lui-même et
travailler pour soi afin d’être méritant.
Le péché originel est une doctrine de la théologie chrétienne
décrivant l’état de l’humanité depuis la Chute.
Kant dans son texte, malgré son appui sur la religion
chrétienne pour exposer sa thèse, écrit plutôt une antithèse, en effet en qualifiant l’homme de
« seul » animal qui doit travailler, il suggère que Adam et Eve travaillait déjà avant la Chute.
Il ne
décrit pas le travail comme une « malédiction » ou une conséquence du « péché originel » car selon
lui il nous fait échapper à la torture de l’ennui.
Il dit que « L’homme en effet a besoin d’occupations et
même de celles qui impliquent une certaine contrainte », par cette phrase il gradue l’oisiveté et le
travail et donne de la valeur au fait de travailler en effet, il vaut mieux être contraint et occupé que ne
rien faire.
Dans le christianisme l’oisiveté est considérée comme un pêché et se rapproche de la paresse, un des
sept pêché capitaux car l’oisiveté est l’état d’une personne dépourvu de travail et d’occupation un
peu comme la paresse qui se définit comme le goût pour l’oisiveté.
Mais comme le dit Kant, « La
question est de savoir si le Ciel n’aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous
offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler »,
il y répond par la négative car on pourrait s'imaginer que si la réponse était positive le travail n’aurait
plus aucune valeur, tout serait trop facile, il ne faudrait pas fournir d’efforts, il n’y aurait donc pas
forcément de mérite à concrétiser un projet et pas de but à atteindre.
Il suppose également que si l’homme ne travaillait pas l’ennui le comblerait et prend l’exemple
d’Adam et Eve pour le démontrer : il dit que « si Adam et Eve étaient demeurés au paradis » et qu’ils
n’avaient « rien fait d’autre que d’être assis ensemble, chanté des chants pastoraux, et contempler la
beauté de la nature.
L’ennui les eût torturés tout aussi bien que d’autres hommes dans une situation
semblable ».
En utilisant le verbe torturer il met en lumière le fait que l’ennui est une peine dure à
supporter, la torture étant elle-même la définition du terme latin donnant son nom au travail.
Pour
finir, Kant nous explique qu’il y a deux sortes de repos : le mauvais repos, celui de l’oisiveté et le bon
repos qui suit le travail et permet à l’homme de reprendre ses forces..
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