Commentaire de la quatrième (IV) partie du Discours de la méthode de Descartes
Publié le 04/04/2011
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SCHÉMA DE LA IVe PARTIE La 4e partie est très succincte : elle présente en quelques pages toute la métaphysique cartésienne à l'état d'extrême condensation. Pour en dégager le rythme, nous l'avons envisagée comme un itinéraire1 dont on pourrait marquer les étapes principales sans oublier l'unité profonde d'une méditation où toutes les démarches ont entre elles une relation de parfaite intériorité. 1° D'abord le Doute méthodique comme prélude indispensable à toute recherche de la certitude invincible. 2° La découverte du Cogito, qui brise le doute, révèle au sujet sa propre existence et la plénitude de l'être dont il participe. 3° La nature du sujet qui s'aperçoit de la spiritualité de son essence et se distingue radicalement de la substance matérielle ou corporelle (dualisme substantialiste). 4° Le critère de la vérité dont la certitude du Cogito est le modèle et qui renvoie à la première règle de la méthode. 5° L'existence de Dieu dont les preuves surgissent d'une réflexion sur cette idée du Parfait ou de l'Infini inscrite dans notre esprit. 6° Le fondement de la vérité qui est dans la garantie que le Dieu non trompeur accorde à la validité permanente des idées claires et distinctes.
«
la philosophie.
La nature de l'Esprit et la distinction des substances.
Le Cogito nous révèle du même coup notre existence et notreessence.
A cette question: que suis-je? il permet de répondre : Je suis une chose qui pense et dont toute l'essenceconsiste dans la pensée, c'est-à-dire une substance spirituelle qui se suffit à elle-même par rapport au corps, unêtre indépendant en soi de la matière, une âme dont la pensée est l'attribut essentiel, dont l'existence est ce qu'il ya de plus notoire et qu'on pourra ainsi facilement distinguer de la substance matérielle dont toute l'essence consistedans l'étendue.
Une distinction réelle, inscrite dans l'être, permet d'affirmer l'hétérogénéité radicale des deuxsubstances.
Le critère de la vérité et le modèle de la certitude.
C'est le Cogito qui fournit le modèle des idées claires et distinctes dont l'évidence actuelle garantit la valeurintrinsèque.
Il est en quelque sorte la règle dont on se sert pour mesurer toutes les autres vérités.
En effet il fautconclure et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie toutes les fois queje la prononce ou que je la conçois en mon esprit.
Et le principe est d'autant plus solide que, loin de faire dépendretoute existence de la pensée, comme le disent à contre-sens les idéalistes, il inscrit la pensée dans l'Etre qui en estla condition.
« Pour penser il faut être ».La démonstration de l'existence de Dieu1.
Elle s'articule en trois preuves qui toutes procèdent del'approfondissement et de l'exploration du Cogito :
La Raison suffisante de l'idée du Parfait..
Partons de la présence en nous de l'idée de Perfection : comment enrendre compte? Les idées se répartissent en trois catégories : i° les unes dites adventices nous viennent des sens;2° les autres sont factices, c'est-à-dire forgées par l'imagination; 30 les troisièmes enfin sont innées2, inscritesdans notre esprit et révélées par la réflexion.
L'idée du parfait ne saurait appartenir aux deux premières catégories :les sens ne fournissent que des représentations confuses et le travail de l'imagination ne peut expliquer la formationartificielle d'une idée foncièrement simple, claire et distincte.
D'autant plus que notre esprit, fini et imparfait, ne peuttirer de lui-même la raison suffisante de l'Infini et du Parfait.
Certes, c'est l'esprit humain qui forme les idées qu'ilconçoit ; mais son action ne peut rendre compte de leur contenu, de la propriété qu'elles ont de représenter unobjet.
L'idée du Parfait a donc une cause qui possède réellement ce qui est en elle objectivement, c.-à-d.
parreprésentation3.
Cette cause parfaite est Dieu.
Plus simplement : j'ai l'idée du Parfait, elle est présente en moicomme un fait inexplicable par toutes les causes connues ; il lui faut bien cependant une origine ; le principe decausalité exige qu'elle vienne de Dieu.
Ou encore : je doute et cela manifeste en moi une imperfection.
Or je ne puisconcevoir l'imparfait que par rapport à la Perfection comme terme de référence.
Mais d'où me vient le sens de laPerfection? Il est impossible que Vidée de Dieu, qui est en nous, n'ait pas Dieu même pour sa cause et de irai on nedoit pas trouver étrange que Dieu, en me créant, ait mis en moi cette idée pour être comme la marque de l'ouvrierempreinte sur son ouvrage.
La contingence de l'homme en qui réside l'idée du Parfait.
J'existe et j'ai l'idée du Parfait.
Mais mon existence nevient pas de moi, car si je me l'étais donnée, je me serais donné en même temps toutes les perfections que je suiscapable de concevoir.
Si je ne suis pas Dieu, c'est que Dieu existe, dont je dépends comme un être contingent del'Etre Nécessaire (Forme originale que Descartes donne à la preuve traditionnelle a contingentia entis).
Mais par làmême nous avons un moyen de déterminer, autant qu'il est possible, les attributs de Dieu.
Il nous suffit de nier noslimites et nos imperfections, toujours en fonction de cette perfection qui nous en a fait prendre conscience parcomparaison.
Par le nom de Dieu j'entends une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, touteconnaissante, toute puissante et par laquelle moi-même et toutes les autres choses qui sont (s'il est vrai qu'il y enait qui existent) ont été créées et produites.
Dieu possède en acte toutes les perfections dont nous avons l'idée ;et, pour connaître sa nature, il n'est que d'exclure de son essence toutes les limites qui sont en nous comme desnégations de son Infinité.
Mais si notre désir de plénitude suffit à nous distinguer de l'Absolu, il atteste égalementque nous participons de lui : Le désir que chacun a d'avoir toutes les perfections qu'il peut concevoir et parconséquent toutes celles que nous croyons être en Dieu vient de ce que Dieu nous a donné une volonté qui n'apoint de bornes.
Et c'est principalement à cause de cette volonté infinie qui est en nous qu'on peut dire qu'il nous acréés à son image.
De plus nous avons en nous des représentations sensibles qui attestent que nous ne sommespas des esprits purs, mais que notre nature est composée, au contraire de la nature divine.
Or la compositionimplique la dépendance.
Enfin la contingence de l'univers est telle qu'il ne pourrait subsister un seul moment sans lapuissance de Dieu.
La conservation du monde et sa création sont une seule et même chose.
La conservation dumonde est une création continuée et c'est par ce geste grandiose que Dieu maintient toutes choses dans l'être.
Lanature du temps nous montre combien son action souveraine est indispensable.
Les instants du temps sontindépendants les uns des autres à un point tel que le fait d'exister à un moment donné n'entraîne pas du toutl'existence nécessaire au moment suivant.
La permanence de tout ce qui est, dans la contingence radicale de latrame temporelle, requiert une fois de plus la présence de Dieu1.
L'argument ontologique.
L'idée du Parfait a ce privilège que c'est l'existence même qu'elle contient.
Il suffit de penser à Dieu pour savoir qu'il est, car son idée enveloppe son existence nécessaire.
Plus rigoureusement: Dieu possède par définition toutes les perfections ; or l'existence en est une, donc Dieu existe.
Mais Descartesentend donner à cet argument, qui remonte à Saint-Anselme, une forme mathématique.
L'existence de Dieu estincluse dans son idée au même titre que l'égalité des trois angles à deux droits est comprise dans l'essence dutriangle : on ne peut nier l'existence de Dieu sans contradiction.
Certes les essences mathématiques n'ont pas de.
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