Commentaire de la fin du chapitre VI des Nouveaux essais sur l'entendement humain de Leibniz

« "pneumatique" chez St Paul désigne l'homme spirituel qui est guidé par le Saint Esprit par opposé à l'homme charnel/mondain.

Alors que chez Leibniz, on en trouveune caractérisation dans la préface de l'œuvre étudiée présentement en ces termes : La « pneumatique » ou science de l'esprit doit donc faire usage des «perceptionsinsensibles ».D'ailleurs,il insiste encore dans l'articulation suivante paraphrase en parlant de « véritablement naturelle et conforme à ce que nous pouvonsexpérimenter et entendre ».

Plusieurs éléments sont à dégager de ce morceau de phrase.

D'une part, il réaffirme ses convictions inneistes en insistant sur le fait que lathéologie naturelle et la pneumatique sont premières et que c'est seulement une fois ces disciplines assises que l'expérience vient confirmer la conformité avec elles .D'autre part, on peut aussi y lire une impossibilité pour les empiristes de sortir de cette aporie.

En effet, rhétoriquement parfait, John Locke ou plutôt Philalèthe peutse sentir satisfait car on ne doit pas négliger l'expérience.il poursuit en disant : « [la théologie naturelle et la pneumatique] qui ne nous fassent rien perdre desimportantes considérations qu'elles doivent fournir… » Lignes 22 – 23.

Il faut savoir que pour Leibniz, les idées innées (d'après lesquelles nous formons la théologie)sont bien sûres parfaites pour décrire le monde.

Ce qu'il appelle « perdre » serait un décalage entre les idées et le langage.

Et c'est justement pour éviter de « perdre »qu'il a imposé son «système de l'harmonie préétablie ».

C'est un système qui a vocation à décrire le monde au plus près de ce qu'il est, en s'appuyant bien sûr sur lesidées innées .

Au-delà des considérations ontologiques étudiées ici, Leibniz pose que Dieu, dans sa perfection, ne peut accorder un malheur que s'il en résulte unbonheur plus grand.

Leibniz vient donc de recadrer cette « discussion sur les substances » dans une vision du monde plus large et pour le coup, moins scientifique.

Ilpeut donc se satisfaire ligne 25 – 26 : « et je crois que nous ne pouvons mieux finir que par là cette longue discussion des noms et des substances.

» En guise de péroraison, nous avons vu que l'infinie complexité (au sens propre) de la machine naturelle ne peut se concevoir qu'avec le ciment naturel qu'est l'âme.

Ils'agissait ici, pour Leibniz, d'un passage obligé dans sa vaste entreprise de réfutation de la connaissance empirique que sont les Nouveaux Essais sur l'EntendementHumain.

En effet, cette réflexion sur les substances lui permettra de montrer que s'il existe un décalage identitaire entre les idées et les mots, c'est du fait d'unetranscription approximative des idées dans le langage.

Ce qui, finalement, rétablit la possibilité de la primeur de l'idée sur l'expérience ;et ce en ayant écorné aupassage la pensée originelle de Locke…. »