Commentaire de la cinquième (V) partie du Discours de la méthode de Descartes
Publié le 04/04/2011
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Ve PARTIE. — UNE PHYSIQUE RATIONNELLE Schéma. — Descartes nous donne un aperçu de la chaîne des vérités susceptibles d'être déduites de la métaphysique : à savoir une cosmologie, une physique, une biologie, une psychologie positive. L'explication mécaniste peut s'étendre à tout l'univers. Sans présumer de la formation réelle du monde, on pourra concevoir sa genèse idéale et cette hypothèse cosmogonique aura pour effet de rendre les choses plus intelligibles. La physique s'intéressera aux corps vivants aussi bien qu'aux corps célestes et terrestres. L'organisme n'est qu'une machine trop complexe encore pour être bien comprise : le mécanisme du cœur et de la circulation du sang, le fonctionnement des organes, le jeu des fonctions psychologiques inférieures montrent cependant que tout n'y est que figure, étendue et mouvement. Les animaux sont comme des automates. Seul l'homme a le privilège de la pensée qui demeure irréductible dans l'union concrète de l'âme et du corps en lui. cet Tout se tient dans la connaissance et la Physique dépend de la métaphysique où se trouvent les fondements de la science. Pourtant certaines opinions de physique soulèvent des malentendus qui rejaillissent sur les conceptions métaphysiques, comme l'a prouvé l'affaire Galilée. Il faut donc préparer les esprits aux idées nouvelles. C'est à quoi prétend le Discours : Je n'ai parlé comme j'ai fait de ma physique qu'afin de convier ceux qui la désireront à faire changer les causes qui m'empêchent de la publier.
«
se propage instantanément avec une vitesse infinie.
2° La Physique des corps terrestres étudiera les corps mixtes formés de plusieurs éléments, les météores, lesminéraux, les végétaux, la formation des vents, des cours d'eau, des montagnes.
Trois problèmes retiennentparticulièrement Descartes : la pesanteur, la marée, le feu.
De la pesanteur il veut rendre compte d'une façon toutemécanique, sans y voir comme les scolastiques une tendance occulte de l'élément terrestre à se diriger vers le bas.Du flux et du reflux de la mer il donne pour cause l'attraction lunaire.
La présence de la lune presse davantage leseaux de la mer et les fait hausser et baisser davantage lorsqu'elle est pleine ou nouvelle que lorsqu'elle n'est qu'àdemi-pleine.
Toutes ces questions seront étudiées dans les Principes et le Monde posthume.La nature du feu le retient comme elle préoccupait jadis les physiciens d'Ionie, en particulier Anaximandre etHéraclite qui en faisaient l'élément fondamental.
Pour Descartes, il tient son importance de ce qu'il est source delumière.
Je ne connais au monde que deux sortes de corps dans lesquels la lumière se trouve, à savoir les astres etla flamme ou le feu.
Toutefois il peut donner de la chaleur sans lumière (dans le foin, la chaux, par ex.) comme de lalumière sans chaleur (dans les eaux phosphorescentes et les bois en décomposition).
C'est un agent detransformation dont la moins remarquable n'est pas la transmutation des cendres en verre.
Mais toutes cesopérations doivent recevoir une explication purement mécanique; et la différence essentielle qui est entre l'air et lefeu par exemple consiste en ce que les parties du feu se meuvent beaucoup plus vite que celles de Pair, d'autantque l'agitation du premier élément est incomparablement plus grande que celle du second.
A ce point de son exposé Descartes éprouve le besoin de revenir sur ses déclarations des lignes 43-66 sur laformation du monde.
Il prend soin de distinguer son hypothèse scientifique de l'acte même de la création.
Mais enmême temps il affirme la compatibilité des idées de création et d'évolution préludant ainsi à une question qui, deLamarck à Lecomte du Noûy, devait intéresser les biologistes soucieux de métaphysique.
Dans les lignes 118-123Descartes inaugure avant Leibniz et Buffon une forme de pensée qui conduira à la théorie de l'évolution considéréecomme l'explication la plus rationnelle non seulement de la vie mais de l'univers.
M.
Gilson écrit : « Le monde n'estpas moins intégralement créé par Dieu dans l'hypothèse cartésienne où Dieu crée les éléments et les lois quiengendreront les êtres, que dans le récit biblique où Dieu crée les êtres complètement formés ».
Pour justifier sonévolutionnisme du reproche d'athéisme, Lamarck déclarait judicieusement: «Sans doute-rien n'existe que par lavolonté du sublime auteur de toutes choses.
Mais pouvons-nous lui assigner des règles dans l'exécution de lavolonté et fixer le mode qu'il a suivi à cet égard? Sa puissance infinie n'a-t-elle pu créer un ordre de choses quidonnât successivement l'existence à tout ce qui existe et que nous ne connaissons pas ? » Notons enfin que pourDescartes création et conservation du monde sont une seule et même chose.
C'est l'idée de la création continuée.
3° Ce que nous appelons Biologie s'intègre pour Descartes à la physique.
On peut faire une Physique des corpsvivants.
Les animaux et l'homme, si l'on fait abstraction de son âme, doivent être étudiés d'une façon toutemécanique.
Ici Descartes prend nettement position contre la philosophie scolastique qui, pour expliquer les fonctionsque n'assume pas l'âme raisonnable, les attribuait aux âmes végétative et sensitive, par confusion, entre l'âme et lecorps.
Au contraire le dualisme posant la distinction réelle des substances, permet de rattacher les fonctionspsychologiques au seul sujet pensant, et les fonctions physiologiques au corps, c'est-à-dire en dernière analyse àl'étendue et au mouvement..
A cet égard le corps de l'homme est exactement semblable à celui des animaux, àsavoir, comparable à une machine dont il nous faut décrire le mécanisme.
Pourtant bien des opérations supposenten nous l'interaction de l'âme et du corps, du psychique et du physiologique.
Il faudra donc ajouter à la physique del'organisme en général une psycho-physiologie de l'homme dont la nature est tout à fait exceptionnelle en ce qu'ellesuppose, nonobstant l'hétérogénéité des substances, l'union étroite de l'âme et du corps dans un même être où semélangent ainsi la pensée et l'étendue1.
Ici commence une longue description du mouvement du cœur, évidemment inexacte et périmée, mais qui appellequelques remarques.
i° Descartes ne parle pas d'Anatomie in abstracto.
Il a pratiqué la méthode d'observation directe.
Il précise avoirremarqué des choses qui ne sont pas dans las traités en faisant lui-même la dissection de divers animaux.
C'est unexercice où je me suis souvent occupé depuis onze ans et je crois qu'il n'y a guère de médecin qui y ait regardé desi près que moi écrit-il en 1639.
Comme on l'accusait d'aller par les villages pour voir tuer les pourceaux, il avoue cen'est pas un crime d'être curieux d'anatomie ; et j'ai été un hiver à Amsterdam que j'allais quasi tous les jours en lamaison d'un boucher pour lui voir tuer des bêtes et faisais apporter de là en mon logis les parties que je voulaisanatomiser plus à loisir ; ce que j'ai encore fait plusieurs fois en tous les lieux où j'ai été, et je ne crois pas qu'aucunhomme d'esprit puisse m'en blâmer.
Il va jusqu'à la vivisection animale et vérifie sur un lapin vivant la présence dusang dans les artères.
Et il a même pratiqué la dissection humaine en anatomisant une femme pour y chercher laglande conarium2.
Devant écrire un traité sur la formation du fœtus, il fait sacrifier des vaches pleines pourconnaîtra l'état du fœtus.
Enfin l'on connaît sa réponse à un visiteur qui demandait à voir ses livres : Voilà mabibliothèque ! lui dit Descartes, en lui montrant un cadavre d'animal qui attendait chez lui la dissection.
Et c'estencore à l'observation qu'il a recours pour étudier les fonctions du corps humain.
J'ai déjà décrit celles quiappartiennent à la vie, comme la digestion des viandes, le battement du pouls, la distribution de l'aliment, etc., etles cinq sens.
J'anatomise maintenant les têtes de divers animaux, pour expliquer en quoi consistent l'imagination, lamémoire, etc.
2° La valeur de Descartes biologiste.
Elle est assez sévèrement jugée par le grand biologiste Jean Rostand.
Aprèsavoir rappelé que Descartes est hors de pair comme philosophe, mathématicien et physicien, il lui conteste un rangégal dans les sciences de la vie.
Pourtant l'intérêt de Descartes fut extrême pour l'anatomie, la physiologie,.
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