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Commentaire de document: La décolonisation vue par de Gaulle (conférence de presse du 11 avril 1961)

Publié le 04/04/2015

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gaulle

« En somme, qu'est-ce que cela : c'est la décolonisation. Mais, si je l'ai entreprise et poursuivie depuis lontemps, ce n'est pas seulement parce qu'on pouvait prévoir et parce qu'ensuite on constatait l'immense mouvement d'affranchissement que la guerre mondiale et ses consé­quences déclenchaient d'un bout à l'autre du monde, et que d'ailleurs les surenchères rivales de l'Union soviétique et de l'Amérique ne man­quaient pas de dramatiser. Si je l'ai fait, c'est aussi, c'est surtout, parce qu'il m'apparaît contraire à l'intérêt actuel et à l'ambition nouvelle de la France de se tenir rivée à des obligations, à des charges, qui ne sont plus conformes à ce qu'exigent sa puissance et son rayonnement. (—)

Voici que notre grande ambition nationale est devenue notre propre progrès, source réelle de la puissance et de l'influence. Voici que l'époque moderne nous permet, nous commande, un très vaste déve­loppement. Voici que, pour le mener à bien, il nous faut employer d'abord pour nous, chez nous, les moyens dont nous disposons. D'au­tant plus que ces moyens, nous en avons besoin pour assurer notre défense et celle de nos voisins face à l'impérialisme le plus grand que le monde ait jamais connu, l'impérialisme soviétique. Et puis, ces moyens, il nous les faut aussi pour l'emporter dans l'immense concur­rence économique, technique et sociale qui est actuellement enga­gée entre les régimes humains et les régimes de servitude.

C'est un fait : la décolonisation est notre intérêt et, par conséquent, notre politique. Pourquoi resterions-nous accrochés à des domina­tions coûteuses, sanglantes et sans issue, alors que notre pays est à renouveler de fond en comble, alors que tous les pays sous-dévelop­pés, à commencer par ceux qui hier dépendaient de nous et qui sont aujourd'hui nos amis préférés, demandent notre aide et notre concours ? Mais cette aide et ce concours, pourquoi les donnerions-nous si cela n'en vaut pas la peine, s'il n'y a pas coopération, si ce

que nous apportons ne comporte aucune contrepartie ? Oui, il s'agit d'échanges, à cause de ce qui nous est dû, mais aussi à cause de la dignité de ceux avec qui nous faisons affaire. «

 

Charles de GAULLE Conférence de presse du 11 avril 1961. Cité par Guy PERVILLÉ : De l'empire français à la décolonisation, p. 245-246, Hachette, 1993.

4 — L'intervention de de Gaulle est interprétée par les partisans de l'Al­gérie française comme une volonté d'accélérer le processus d'autodétermi­nation, c'est-à-dire l'indépendance. À Alger, les chefs de l'armée s'emparent du pouvoir en organisant un putsch, dans la nuit du 21 au 22 avril. De Gaulle appelle les soldats du contingent à leur barrer la route. Le 26 avril, le putsch s'effondre. Un mois plus tard, en mai 1961, s'ouvrent à Évian les négocia­tions avec le FLN algérien. Ces négociations aboutiront en mars 1962 au cessez-le-feu et à la fin de la guerre.

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