Commentaire : Cicéron, Traité des devoirs. « La société et l'union entre les hommes se conserveront d'autant mieux qu'on manifestera plus de bienveillance à ceux avec qui on a une union plus étroite. »
Publié le 07/03/2012
Extrait du document
Expliquer le texte suivant :
La société et l'union entre les hommes se conserveront d'autant mieux qu'on manifestera plus de bienveillance à ceux avec qui on a une union plus étroite. Mais il semble qu'il faut reprendre de plus haut les principes naturels de la communauté et de la société des hommes. Il en est d'abord un que l'on voit dans la société du genre humain pris dans son ensemble. Le lien de cette société, c'est la raison et le langage ; grâce à eux, on s'instruit et l'on enseigne, l'on communique, l'on discute, l'on juge, ce qui rapproche les hommes les uns des autres et les unit dans une sorte de société naturelle ; rien ne les éloigne plus de la nature des bêtes, à qui nous attribuons souvent le courage, aux chevaux par exemple ou aux lions, mais non pas la justice, l'équité ou la bonté ; c'est qu'elles ne possèdent ni raison ni langage.
Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l'usage commun de l'homme ; quant à ceux qui sont distribués d'après les lois et le droit civil, qu'on les garde selon ce qui a été décidé par les lois ; quant aux autres, que l'on respecte la maxime du proverbe grec : « Entre amis, tout est commun «. ... Ennius donne un exemple particulier qui peut s'étendre à beaucoup de cas : « L'homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s'allume un autre flambeau ; il n'éclaire pas moins quand il a allumé l'autre «.
Cicéron, Traité des devoirs.
Plan :
Introduction
I. Le fondement de l'appartenance à la société humaine et les principes
juridiques et éthiques qui en découlent
1. Analyse rapide du plan du texte
2. Remonter plus haut que le cercle des intimes
3. La raison et le langage : sources du lien universel
4. Des droits « communs « sur des biens « communs « ?
5. Une bienveillance universelle ?
II. Le décalage entre principes et réalité : une pluralité conflictuelle
1. La langue, un obstacle à l'entente universelle ?
2. La raison, un avantage ambigu par rapport aux animaux
3. Des individus et des sociétés « ouverts « ?
4. Quels sont les biens « communs « à tous les hommes ?
5. Respecter les lois et le droit existant ?
Conclusion
«
Qu'est-ce que précisément une relation humaine, par opposition à d'autres types de relations ?
Dans cet extrait du Traité des devoirs, Cicéron réinvestit ce problème.
Dune part, il pens e
comme Aristote que le lien universel qui relie tous les hommes, quelles que soient leurs
origines et indépendamment de leurs particularités culturelles, repose sur la raison et le
langage.
D'autre part, il assure que la communauté des hommes ainsi définie fonde un droit
équivalent sur les biens communs, ce qui n'empêche pas les juridictions particulières comme
le droit « civil » ou « positif » et justifie l'obl igation morale de sollicitude.
Par-là, il s'efforce
de répondre à la difficile question du fondement du sentiment d'appartenance à l'espèce
humaine.
II en dégage en outre des principes juridi ques et éthiques.
Néanmoins, ceci entraîne
un certain nombre de problèmes non résolus.
Comment concilier les principes idéaux d'union
et d'entente et la réalité conflictuelle des sociét és humaines ? Le langage n'est-il pas aussi un
facteur de division entre les peuples ? Sommes-nous tous d'accord et donc, en un sens, « unis
» sur les notions de « justice », « d'équité » ou d e « bonté » ? La société des hommes est-elle
vraiment « ouverte » ? Les biens communs sont-ils n aturels ou au contraire artificiels ? Peut-
on se contenter de ce que nous imposent les lois d' un pays ?
I.
Le fondement de l'appartenance à la société huma ine et les principes juridiques
et éthiques qui en découlent
1.
Analyse rapide du plan du texte
L'argumentation de Cicéron est tranchante et sétale sur trois temps.
D'abord, dans les
deux premières phrases, il annonce le thème du text e : sur un mode introductif, il va aborder
les liens qui unissent les hommes dans la vie en so ciété au-delà des liens affectifs entre
intimes (famille et amis).
Ensuite, il développe tr ès nettement une première thèse, de « Il en
est d'abord...
» à « ...
ni raison ni langage » : l es liens qui unissent tous les hommes en une «
société naturelle », cest-à-dire universelle, rep osant sur le langage et la raison.
Enfin, il en
déduit assez logiquement un certain nombre de princ ipes juridiques et éthiques, de « Cette
société est largement...
» à la fin de l'extrait.
2.
Remonter plus haut que le cercle des intimes
Cicéron formule dabord une exigence assez commune en philosophie qui consiste à
demander à notre réflexion de « reprendre de plus h aut les principes ».
Cette expression recèle
au moins deux significations possibles.
D'un côté, nous pouvons comprendre qu'il est nécess aire de ne pas considérer
uniquement son entourage proche pour réfléchir aux liens qui unissent les êtres humains entre
eux.
Ceci risque en effet d'être insuffisant parce que l'approche est trop particulière : liée à des
personnes spécifiques (parents, grands-parents, enf ants, oncles, tantes, amis...), avec
lesquelles nous avons des liens de proximité associ és à une coexistence effective et durable ;
ce n'est pas le cas pour la plupart des personnes q ue nous rencontrons dans la journée.
Dès
lors, il est souhaitable de prendre de la distance, du recul, de regarder les choses « de plus haut
» que depuis notre petit milieu familial et amical : en un sens, on passe du local au global ou
du particulier au général.
D'un autre côté, au lieu de considérer ce qui se pa sse dans nos relations avec nos
proches, nous pouvons raisonnablement vouloir exami ner les principes qui fondent les
relations humaines et nous demander ce qu'il en est en droit, c'est-à-dire en principe.
La
notion de « plus haut » ne renvoie pas alors à l'id ée de prendre de la hauteur mais
d'approfondir, de revenir aux principes en creusant intellectuellement une question qui porte.
»
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