Comment se pose le problème du mal ?

Quand on a démontré que Dieu existe, on essaye d'aller plus loin et de déterminer sa nature, c'est-à-dire ses attributs; de cette détermination des attributs divins on conclut à la Providence de Dieu, disant qu'il conserve le monde et le gouverne, qu'à l'intelligence il unit la puissance et la bonté. Mais l'existence incontestable du mal fournit de graves objections aux adversaires de la Providence; ils disent : ou Dieu n'a pu empêcher le mal, et alors il n'est pas tout-puissant; ou l'ayant pu, il ne l'a pas voulu, et alors il n'est pas bon ; dans l'un et dans l'autre cas, ils concluent contre la Providence, niant tantôt sa puissance, tantôt sa bonté. Il faut bien reconnaître que « le mal est dans le monde «, qu'il y a surtout « un profond désordre au fond de la nature humaine « ; l'homme cherche le bien et ne le trouve nulle part : « Il souffre, il gémit, il craint; l'ennui, le dégoût, l'angoisse sont devenus le fond de sa vie et la plainte sa voix naturelle. « (Lamennais, Esquisse d'une philosophie.)