Comment retrouver le sens sans s'y perdre
Publié le 22/10/2022
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«
Article : Comment (re)trouver le sens sans s’y perdre ?
7 modes de pensée éclairants à travers 2 500 ans d’histoire de la pensée
par Arnaud GERARD, auteur de « Avoir la vie de ses rêves » aux Editions Eyrolles
«La philosophie qu'un homme choisit dépend de l'homme qu'il est » Fichte
Et si notre quête de sens dépendait de notre mode de pensée? Depuis 2 400 ans,
l’homme a bâti des outils de typage des personnalités dont les plus connus sont
le MBTI, la Process Com et l’Ennéagramme.
Largement utilisés pour le
recrutement, le management, la gestion de carrières, etc.les types de
personnalité regroupent nos modes de fonctionnement par grandes catégories,
notamment :
Pensons-nous que les autres représentent une menace ou, au contraire,
les abordons-nous positivement ?
Pouvons-nous faire confiance à nos sens et utiliser nos émotions ou
devons-nous les faire taire grâce à la raison ? Cela constitue sans doute la
plus vieille opposition de la pensée entre un monde intelligible, rationnel,
prôné par Platon, Descartes, suivis de tant d’autres et un monde
sensible où seule l’observation du monde réel à travers nos sens initie la
connaissance, comme Socrate, Aristote et encore bien d’autres l’ont
soutenu
Nous avons chacun nos croyances et le plus simple serait que tout le monde ait
la même que nous !
En effet, nous nous entourons de gens qui pensent comme nous, car partager les
mêmes valeurs dans une discussion nous fait « kiffer » : notre cerveau sécrète
alors une vague de récompenses contenant de la dopamine, substance libérée
lors de la prise de cocaïne ou de nourriture et participant au cocktail de l’orgasme
!
Voilà pourquoi, depuis la nuit des temps, les hommes ont tant été en quête de
LA vérité, ont tant écrit pour savoir ce qui était bien ou mal, pour affiner et
promouvoir leur façon de penser.
Alors que, comme l’avait bien compris l’un des
sophistes les plus influents, Protagoras, il y a 2 500 ans, « l’homme est la
mesure de toute chose » : ce qui est bien pour l’un peut être mal pour l’autre.
Lors d’une fête de famille, j’échangeais avec un proche qui vint me parler de la
sortie de mon livre et me dit « moi, le sens, je ne vois pas, je n’ai pas eu de rêve
enfant ou ado pour plus tard, je crois que juste avoir une maison, m’occuper de
ma famille, faire bien mon travail, c’est déjà bien et pas si simple ».
Adepte du « connais-toi toi-même » de Socrate et de l’accomplissement de
chacun, en tant que condition pour mieux réussir ensemble, je pensais alors qu’il
passait à côté de l’essentiel ! Je me sentais triste pour lui et son entourage.
Pourtant, je savais que cet homme volontaire se posait beaucoup de questions.
Lorsque je découvris le livre « Tous philosophes – Les grandes idées tout
simplement », les différentes sagesses proposées, en dehors de Socrate, et leurs
liens avec les types de personnalité de l’Ennéagramme m’apparut.
Et je compris
mon erreur : il visait tout comme moi un but plus élevé dans sa vie ; son cadre
et ses critères différaient simplement des miens.
Je vous les exposerai plus loin.
Prendre conscience que nous ne sommes pas immortels à la suite d’un accident,
d’un problème de santé, ou après la perte d’un proche, déclenche souvent en
nous le besoin de trouver une raison à notre existence.
De nombreux penseurs
se sont penchés sur cette question à laquelle ils proposent plusieurs réponses qui
se répartissent entre l’au-delà - après notre mort, laisser son nom dans l’histoire,
par exemple-, et de notre vivant : que ce soit entre le monde réel matériel acquérir le plus de force, d’argent, de plaisir- et le monde abstrait des idées et
des concepts -être le plus loyal, avoir le plus de connaissances, inventer.
Et si la finalité que nous cherchons dans notre vie dépendait de notre type de personnalité ?
Pour reprendre l’exemple de ce proche, son mode de pensée me semblait revenir
à celui exprimé il y a 2 500 ans à la fois par Confucius en Chine, Buddha en Inde,
les stoïciens un peu plus tard en Grèce, et tout cela en adéquation avec le type
de personnalité 6 (« Loyaliste »)de Ennéagramme
En appelant au moins autant de réflexion que Socrate, il s’agit, au contraire,
d’éliminer les attachements à soi en observant les us et coutumes, en
comprenant sa place au sein du monde, de la hiérarchie et en l'assumant
pleinement avec loyauté dans les cinq relations posées par Confucius :
Souverain-Sujet, Père-Fils, Epoux-Epouse, Frère aîné-Frère cadet, Ami-Ami.
De
même, selon le stoïcisme, le Sage ne s'amuse pas, il se délasse avant de
reprendre le cours de ses devoirs : mari, père, citoyen, citoyen du monde.
Dit
autrement, dans la roue du Dharma, chacun doit progresser dans le chemin
octuple vers le « non soi » : la compréhension juste, la pensée juste, la parole
juste, l’action juste, le moyen d'existence juste, l’effort juste, l’attention juste, la
concentration juste.
Questionnante, cette sagesse offre la sécurité et peut aller
jusqu’à l’illumination comme Buddha.
Je vous propose de rapprocher ici les différentes finalités de vie proposées par
nos penseurs et notre probable type de personnalité Ennéagramme (types 1 à
9).
Cet exercice aurait aussi bien pu être effectué avec un autre outil de typage
des personnalités.
Chercher le sens pas à pas, en déjouant les principaux pièges
Avant de poursuivre, il m’apparaît crucial d’éviter de se fourvoyer : la quête de
sens, tout comme le typage des personnalités, n’est ni une science exacte ni une
ligne d’arrivée.
Elle n’en reste pas moins essentielle.
Certains se questionnent
toute leur vie ! Un choc survenu, la perte d’un être cher, une injustice, tout
comme des challenges professionnels, peuvent alternativement nous donner du
sens pendant de nombreuses années ou bien, parfois, nous enlever notre raison
de vivre ! Enfin, nous avons appris, depuis tout petit, à nous méfier de ce que
nous ressentons et à cacher nos différences vis-à-vis du jugement des autres.
Pas simple donc de se trouver en se questionnant !
Avant tout, je crois qu’il convient de lâcher prise avec tout perfectionnisme et de
viser une approche empirique ou par dichotomie pour trouver ce qui a du sens
pour nous : identifier ce qui nous parle comme ce qui ne nous ressemble pas,
avancer pas à pas, poser des hypothèses, les vérifier et s’ajuster dans le temps.
Autre point important, la « Lettre à mon père » de Kafka me rappelle que nous
devons également tenir compte de l’influence des deux types de personnalité de
notre père et de notre mère, qui en étant rarement les mêmes que le nôtre, nous
ont poussés, et souvent nous invitent encore, à suivre leur philosophie et ce qui
a du sens pour eux, avant tout !
« Tu m'encourageais quand je marchais au pas et saluais bien, quand je
parvenais à manger copieusement ou même buvais de la bière (...) mais rien de
tout cela n'appartenait à mon avenir (…) et aujourd'hui encore, tu ne
m'encourages que dans les choses qui te touchent personnellement.
»(Kafka –
Lettres à mon père).
Nos différences avec nos proches éclairent notre type de personnalité
A l’adolescence, ces écarts de façon de pensée, de mode de fonctionnement nous
révoltent, d’une manière plus ou moins frontale, contre le diktat parental ! Des
différences que nous revendiquons vis-à-vis d’eux découlent notre propre type
de personnalité : aspirons-nous à mettre nos émotions de côté, à moins chercher
la perfection, à être plus causant, plus rationnel ou plus combatif ?
Et, à notre tour, nous deviendrons parents et expérimenterons sans doute plus
de facilité avec un de nos enfants qu’avec un autre quinousimposera une remise
en cause de nos croyances sur le monde et sur la finalité de la vie ?
Tout part de là, nous vivons la vie et tentons de la faire vivre à nos proches, en
accord avec nos croyances.
Rappelez-vous que cela nous apporte une ration de
dopamine !
Etes-vous en quête de puissance ou de connaissance ?
Revenons à la citation de Kafka ci-dessus : si une phrase similaire avait pu vous
être adressée, vous croyez sans doute, comme le père de Kafka et avant lui
Homère ou Nietzsche,que « la guerre et le courage ont fait plus de grandes
choses que l'amour du prochain » et que seuls les plus forts peuvent survivre
dans la jungle de notre monde ? Ne pouvant faire confiance aux autres, vous
vivez pour que votre « travail soit une lutte » et titillezvos enfants comme vous
aimeriez qu’ils le fassent avec vous, car vous les aimez du fond du cœur.
Cela
correspond au profil 8 « Chef/Protecteur » de l’Ennéagramme.
Votre finalité dans
la vie est d’étendre votre puissance pour vous protéger, vous et vos proches, de
toutes les attaques et apprécier à pleines dents la vie réelle telle qu’elle est :
l’ « amorfati » prôné par Nietzche.
Inversement, si vous aviez pu dire cette phrase à votre père et que vous
ressemblez à Kafka,« je t'ai fui depuis toujours pour chercher refuge dans ma
chambre, auprès de mes livres », le type 5 « Observateur » de l’Ennéagramme
vous parlera sans doute, ainsi que cette pensée d’Albert Einstein : « La science
est la tentative de faire correspondre la chaotique diversité de notre expérience
sensorielle à un système de pensée logique.
(…) Une théorie est d'autant plus
forte que ses prémisses sont simples.
».
Kant a passé une bonne partie de sa vie
enfermé dans sa chambre à....
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