Devoir de Philosophie

Comment Pascal trouve en lui-même ce qu il voit dans Montaigne.

Publié le 04/09/2015

Extrait du document

pascal

Comment Pascal trouve en lui-même ce qu'il voit dans Montaigne.

 

— Nous voici au cœur du sujet, et on pourrait même se demander si ce qui a été dit jusqu’ici n’est point un hors-d’œuvre, car il s’agissait, non pas de dire ce qu’il y a en Montaigne et ce qu’y voyait Pascal, mais d’expliquer comment il trouvait en lui-même ce qu’il y voyait.

 

A. Ce n’est pas tout ce qu’il y a dans les Essais que Pascal trouvait en lui-même. — Les faits historiques rapportés par l’auteur, les anecdotes qu’il recueille avec tant de soin, les citations qu’il accumule, le lecteur les trouve dans le livre et point en soi-même; tout au plus peut-il se rappeler les avoir lus ailleurs, mais alors sa mémoire le renvoie aux ouvrages dans lesquels il les a trouvés et non à lui-même. C’est aussi dans son œuvre et non en nous que nous apparaît le personnage de Montaigne dans sa vie de tous les jours, avec son caractère, ses idées, ses goûts.

pascal

« taJJle" (p.

343).

Mais ce réquisitoire est bien atténué par la réflexion suivante : " Ge que Mo11rAIGNE a de bon ne peut être acquis que difficile.ment.

Ce qu'il a de mauvais, j'entends hor's les mœurs, pût être corrigé en un moment ,gj on l'eût averti qu'il fais,ait trop d'histoires, et qu'il parlait trop de soi.

" (P.

345.) Qu'y a-t-il donc dans les Essais pour que PASCAL en fasse sa.

nourriture P .N:ous y tvouvons d'abord le fruit de vastes lectures.

Mo:'!TAIGNJl rpassait le meilleur de son temps.

dans sa " librairie "• parcourant les historiens, savourant les poètes, remplissant les marge·s de ses livres de réflexion~s et recueillant les traits ou les formules qui le frappaient.

Tout cela revient dans son ouvrage, et, à le lire, celui qui, comme PASCAL, n'a qu'une lecture assez res,treinte, éprouve la joie de s'enrichir.

Mais l'auteur des Essais est aussi homme du monde.

" Ma maison, écrit-il, a été de longtempS! ·ouverte aux gens de savoir, et est fort connue; car mon père...

échauffé de cette ardeur nouvelle de quoi le roi François embras,sa le·s lettre·s et les mit en crédit, rechercha avec grand soin et dépense l'accointance des homme's' doctes, les recevant chez lui comme personnes.

saintes ...

" (Essais, L.

Il, chap.

xn, édit.

Garnier, t.

I, p.

402t) Il fréquenta la cour et s'iégea à la Gour des Aides' de Périgueux, puis au Parlement de Bordeaux...

M'ONT AIGNE multiplie ses observations sur les homme,s de son temp·s avec le même intér-êt qu'il cherche, par les livre·s, à entrer en contact acvec les pers·on,nages de l'antiquité, et il confronte se·s lectures avec ses observation!'~ directes.

JI J.es confronte ,surtout avec ce qu'il remarque en lui-même.

S'il y a oottise à ge peindre, une peinture sincère comme celle à laquelle vi·s,aient les Essais exigeait une rpénétration pratique du yvwe~ rrstXnov socratique dans lequel on peut voir le commencement de la s~agesse.

La lecture delS Essais nous procure une vivante image de ~son auteur, mais pas uniquement de son auteur car, ainsi qu'il nous le dit (L.

II, chap.

n, édit.

Garnier, t.

II, p.

189), «chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition "· Ge n'est.

donc pas seulement MoNTAIGNE que nous, découvrent lers Essais; ils nous font pénétrer dan•s, la nature humaine et, par suite, en nous-même.

Ainsi, cette réfl.exï.on de MoNTAIGNE nous ramène à la réflexion de PASCAL.

Il.

Ce que Pascal y voit.

- L'auteur des Pensées ne cherche pas dans les Essais des citations ou des anecdotes dont il p-ourrait iUus,trer et égayer ·ses écrits.

L'érudition du grand liseur qu'est MoNTAIGNE ne l'éblouit pas, et i!l ne la signale qu'indirectement, pour relever une tournure d'esprit qui lui plaît : cc Il juge à l'aventure de toutes' les actions de>s hommes et des points d'hi,s,toire, t~antôt d'une manière, tantôt d'une autre, suivant libre­ ment sa première vue, et san1s contraindre sa pensée sous les règles de la rais-on, qui n'a que de fausses mesures : ravi de montrer par son exemrple les c·ontrariétés d'un même esprit.

" (Edit.

Brun,schvicg, p.

152.) C'est aussi ce qui Je ravit 'lui-même dan·s la lecture de:s, Essais : un scepticisme fondamental grâce auquel cc Mo:'!TAIGNE est incomparable pour eonfondre 1 'orgueil de ceux qui, hoT·s la foi, se piquent d'une véritable justice >> (ibid., p.

152).

Mais le scepticisme de Mo;o;-TAIGNE, comme celui de PASCAL, n'esrt pas une de ces thèse·s que, trop souvent, les philosophes ne fondent guère que BUll' une conception ·systématique du monde ou de l'esprit : il tient à une vue concrète de l'homme, et c'est aus,si l'homme que PASCAL trouve dans les Essais.

Si, pour lui, «le mo-i est haïssable >>, s'il e-stime contraire à. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles