Comment Pascal définit-il l'imagination ?

« 70 analyse comme imaginaires tous les pouvoirs reconnus : le respect des hiérarchies sociales ou fami liales, le respect à l'égard de l'écrit, de la justice, du pouvoir.

En creux se dessine une société où toutes les institutions essentielles sont imaginaires.

Il donne ensuite deux exemples devenus célèbres : celui du sévère sénateur venu écouter un sermon, qui perdra son sérieux si la personne du prédicateur a quelque chose de ridicule, et celui du philosophe qui a peur du vide (frag.

41), emprunté à Montaigne (Ess ais, II, 12).

Pascal met en parallèle les effets de l'imagination sur la sensation (ne pas supporter la vue des rats) et sur le jugement ( « 1' aff ection ou la haine changent la justice de face »), montrant que tout notre être qui est ainsi condamné à la sub jectivité.

Les sceptiques antiques disaient que l'homme ne peut pas être certain de dormir ou d' être éveillé ; Pascal renchérit : notre sommeil est stable et nous délasse « des fatigues de notre raison imaginaire », encore plus éloignée du réel que le sommeil.

Le vêtement aussi est l'ob jet de ses sarcasmes : magistrats, médecins, théologiens (« docteurs ») jouent sur l'imagination et, n'ayant pas de vrai savoir, en imposent à leur public par leurs vêtements extraordinaires ; les soldats, qui ont la force, n'ont pas besoin de déguisement.

Toute la sociét é est donc ébranlée par l'imagination.

Ill.

Morale et politique : l'impor tance de l'ana lyse sur l'imagi nation L' imagina tion contre la raison On peut rapprocher deux phrases de Pascal dans le fragment 41 : «Plaisa nte rai­ son qu'un vent manie, et à tous sens >>, et : >.

À travers l'analyse pascalienne de l'im agination, on voit ainsi se constituer les premiers éléments de la psychologie.

Pascal n'invente pas cette science : il reprend d' anciennes analyses, emprunte à Montaigne ou à Descartes.

Mais, par la densité de son écriture, il fixe des points de vue qui influenceront les philosophes des Lumières, et en dénonçant les valeurs imaginair es du pouvoir et son absence de valeur morale réelle, il apporte sa pie rre, sans le vouloir, aux bouleve rsements politiques à venir.. »